Lors de son passage sur le circuit de Colmar-Berg, Jean Todt Président de la FIA, s’est exprimé sur l’importance de la sécurité routière, mais également sur les innovations techniques qui sont pour lui, fascinantes.
Organisé par l’ACL (l’Automobile Club Luxembourg), le challenge iMobility est un événement tournant de pays en pays. Affilié à la FIA (Fédération internationale Automobile), l’ACL est un des nombreux clubs automobiles que la fédération compte. Jean Todt, Président de la FIA, a accepté de faire un petit point avec Automotion sur la sécurité, mais également sur l’avenir de l’automobile au sens large du terme.
Que représente le Luxembourg pour vous ?
Le Luxembourg à travers son Automobile Club, qui compte quand même près d’un tiers des automobilistes du pays en terme de membres, est un de nos supports au même titre que les autres automobiles clubs. Ainsi, le Luxembourg et l’ACL, à travers des initiatives comme l’iMobility Challenge, représentent la FIA qui oeuvre sur deux volets: Le volet régulatif et législatif du sport automobile et le volet support à l’automobiliste de tous les jours.
Nous sommes au début de votre deuxième mandat à la tête de la FIA, pour laquelle vous aviez deux priorités en 2009, sécurité routière et mobilité durable. Estimez-vous qu'aujourd'hui les mentalités évoluent suffisamment vite en la matière?
Je suis un éternel insatisfait. Je considère que l’on ne va jamais assez vite et que l’on peut toujours faire mieux. Donc pour répondre à votre question, non, cela ne va pas assez vite. Mais je me rends tout de même compte que les choses avancent.
En terme de sécurité routière, je considère les morts et les blessés de la route au même titre que des fléaux comme le sida et la tuberculose pour ne citer qu’eux. Pourtant, s’il y a des moyens extraordinaires qui ont été mis en oeuvre pour lutter contre cela, tant de la part des gouvernements que des organisations internationales, il n’y a pas vraiment de vrai projet porteur identique dans chaque pays. Je considère que la FIA et les clubs automobiles ont une responsabilité.
Toujours en terme de sécurité routière, le Luxembourg est en amélioration, mais il reste toujours trop de morts. Il y a des pays où la mortalité atteint des niveaux très élevés. Pourquoi? Tout simplement, car l’accès à l’éducation est différent, les renforcement des respect des lois et des réglementations sont faibles, les infrastructures et les réseaux routiers sont désastreux si nous les comparons à un pays comme le Luxembourg. De plus, je ne parle pas de la corruption qui existe dans les pays pauvres ou en voie de développement.
Un autre point à mettre en avant, c’est l’accès à la sécurité elle-même qui fait défaut. En effet, ici les innovations en terme de sécurité, fluidité du trafic, etc, sont fascinantes, mais elles n’existent pas dans des pays qui récupèrent nos anciennes voitures qui ont 20 ans, 30 ans ou encore 60 ans. Nos innovations actuelles ne seront disponibles, dans ces pays, que dans 40 ans.
Peugeot dans les années 80, Ferrari dans les années 90... l'image du sauveur d'entreprises vous colle à la peau. Aujourd'hui pour beaucoup c'est l'Europe industrielle qu'il faut sauver, quels sont les grands principes d'une réindustrialisation de l' Europe selon vous ?
Je ne parlerai pas sauvetage, mais plutôt d’évolution. Le monde et l’Europe ont traversé une crise terrible en 2008, qui n’est pas terminée. Dans le même temps, certaines régions du monde ont connu une accélération et une évolution voire même une révolution. Ainsi, des régions ont accéléré, d’autres ont ralenti et d’autres ont stagné. Ce constat est valable en automobile. Dans la journée, j’ai essayé une Volvo, qui est une voiture suédoise. Aujourd’hui, Volvo fonctionne grâce un capital chinois. Pour rester sur l’Asie, ce sont des gens extrêmement agressifs dans le bon sens du terme, ils sont courageux et apprennent vite.
Le monde bouge, il faut constamment aller de l’avant et parfois on a tendance à ne plus avancer, ce qui engendre des problèmes et des conséquences que l’on finit par payer un jour l’autre. En automobile, le retour se fait souvent très vite.
Pour conclure sur un exemple concret, je pense que l’on a pas encore pris toute la mesure de la suppression d’un grand prix comme le grand prix de France. Parallèlement, il y a quelques années, très peu de monde pouvait situer la Malaisie. Aujourd’hui, c’est une des puissances économiques les plus importantes d’Asie et le sport automobile y est sans doute pour quelque chose.
Les constructeurs font également face à une nouvelle compétition, de Qoros àTesla, voire Google, celle de la course vers à la technologie qui va impliquer de nouvelles contraintes en terme de réglementation. Quel est votre avis ?
Ce sont des projets à long terme, qui vont bien entendu poser des problèmes, mais nous sommes encore très loin d’avoir des voitures qui vont se conduire sans conducteur. Je ne sais d’ailleurs pas si ce jour arrivera.
Pourtant Volvo et Google font circuler des voitures dans la Silicon Valley…
Oui, c’est vrai, mais ce ne sont que des prototypes et des essais. Nous sommes allés sur la Lune et pourtant nous n’y passons pas nos week-ends. Plus sérieusement, cela fait partie des projets de recherches très avancés et fascinants qui ont sans aucun doute des répercussions sur les modèles de série en terme de sécurité, de confort, de pragmatisme, le tout sur une certaine autonomie de conduite, mais sans aller sur des véhicules sans conducteur.
Get the flash player here: http://www.adobe.com/flashplayer
//