Les anciens dirigeants de Porsche, contraints à la démission, ont laissé derrière eux une pilule empoisonnée qui met en danger la fusion programmée avec Volkswagen. Elle pourrait coûter quelques milliards d'euros à Porsche... et donc à son acquéreur. La pilule qui empoisonne la fusion entre Porsche et Volkswagen Les anciens dirigeants de Porsche, contraints à la démission, ont laissé derrière eux une pilule empoisonnée qui met en danger la fusion programmée avec Volkswagen. Elle pourrait coûter quelques milliards d'euros à Porsche... et donc à son acquéreur.

On croyait que la saga de la bataille entre Porsche et Volkswagen s'était achevée en août 2009 par la victoire du plus grand des deux groupes automobiles allemands. On se trompait. Le parquet allemand a en effet annoncé jeudi que l' enquête actuellement en cours sur deux anciens dirigeants de Porsche allait durer plus que prévu. L'objectif de réaliser la fusion dès cette année avec Volkswagen apparaît ainsi de plus en plus hypothétique, comme l'ont reconnu les deux groupes. Au-delà du calendrier, c'est peut-être le principe même de la fusion qui est menacé.

Cette annonce a fait chuter l'action de Porsche sur le marché libre de la Bourse de Francfort. En début d'après midi, elle perdait 9,89% à 55,51 euros, tandis que sur le Dax, le titre de Volkswagen baissait de 1,94% à 113,6 euros.

Responsables de ce désordre: l'ancien patron de Porsche, Wendelin Wiedeking, et son directeur financier Holger Härter. Entre 2005 et 2008, ils avaient tenté de racheter Volkswagen au prix d'un endettement forcené qui avait mis le fabricant de voitures de sport au bord de la faillite. Ils se seraient également livrés à des interventions sur les marchés jugées suspectes par la justice allemande. Si celle-ci a laissé tomber les soupçons de manipulation de cours à leur encontre, elle n'écarte pas la possibilité de faire reporter l'accusation sur le groupe Porsche lui-même. Wendelin Wiedeking et Holger Härter n'en sortent pas blanchis pour autant. Au contraire, les deux hommes sont désormais poursuivis pour abus de confiance et escroquerie.

« Ils sont soupçonnés d'avoir fait courir un risque vital à l'entreprise avec des opérations d'arbitrage en Bourse liées à la tentative de racheter Volkswagen », a expliqué le Parquet de Stuttgart. On leur reprocherait également ne pas avoir donné toutes les informations nécessaires à leurs créanciers.

Officiellement, Volkswagen continue d'affirmer qu'il reste résolu à absorber Porsche. Il a déjà racheté 49,9% de ses activités automobiles, et veut l'intégrer totalement pour en faire la dixième marque de son empire. Le problème, c'est qu'il ne sait pas combien la procédure judiciaire pourrait coûter à son allié. Or une fois l'acquisition effectuée, c'est Volkswagen qui sera tenu de payer une facture qui pourrait s'élever à plusieurs milliards de dollars.

Outre l'enquête en cours en Allemagne, Porsche fait également l'objet de plaintes de fonds d'investissement aux Etats-Unis, qui réclament plus de 2 milliards de dollars d'indemnités. Un premier tribunal s'étant déclaré incompétent, les fonds en question en ont saisi un autre.

(l'express)