Fiat et Chrysler : vers le mariage
Inimaginable il y a deux ans, la fusion financière de Fiat et de Chrysler est en bonne voie et pourrait aboutir en 2014. Sergio March ionne est pressé de faire jouer le maximum de synergies entre les deux constructeurs. Il défie les Cassandres qui répètent qu’une union entre deux constructeurs implantés de chaque côté de l’Atlantique génère trop peu de véritables gains d’échelles pour être viable.Dès juin 2011, en Europe, des Chrysler seront badgées Lancia et Dodge sera mis en sommeil. Parallèlement, les marques Fiat et Alfa Romeo débarqueront aux États-Unis où elles seront distribuées par des opérateurs de Chrysler.
L’élagage de General Motors Le géant américain a finalement conservé Opel, mais il a dû tailler dans son portefeuille de marques. Exit Saab, Hummer, Saturn, Pontiac. Après le succès initial de sa mise en Bourse, il s’apprête à quitter le giron de l’État américain. Mais aucun grand constructeur ne s’est précipité pour entrer dans son capital. Le chinois SAIC, partenaire de GM en Chine et en Corée, a tenté une timide participation de 1%. Ford : la cure d’amaigrissementLe constructeur a échappé à la faillite, mais sa restructuration a été tout aussi draconienne. En 2006, le groupe détenait huit marques : Ford, Lincoln, Mercury, Land Rover, Jaguar, Volvo, Aston Martin et Mazda. Ce portefeuille a été ramené à deux écussons : Ford, et la marque de luxe américaine Lincoln. Toutes les autres ont été soit arrêtées, soit cédées. Mazda est encore détenu à hauteur de 11%, mais l’Américain prévoit de ramener sa participation à 3% dans les prochains mois. Renault et Nissan élargissent l’alliance Le couple franco-japonais s’est ouvert à un troisième partenaire, l’allemand Daimler. Certes, les échanges capitalistiques semblent encore modestes, mais ils confortent une volonté de coopération technique et industrielle dans les petites voitures (futures Smart Forfour, Renault Twingo et une petite Nissan), dans le haut de gamme (Infiniti) et dans le véhicule électrique. D’autre part, Renault a quasiment pris le contrôle du russe Avtovaz, le fabriquant des Lada. Vladimir Poutine rêve de participations croisées entre les deux constructeurs mais, pour l’heure, rien de sérieux n’est encore envisagé dans ce sens. Volkswagen : plein d’appétit Le groupe allemand poursuit une stratégie d’expansion qui doit lui permettre de devenir le premier constructeur mondial en 2018. Après une prise de contrôle de Porsche, il prépare une fusion avec celui-ci (rappelons que Porsche fut, pendant quelques mois, son prédateur avant de devenir sa proie). Enfin, Volkswagen s’est allié avec Suzuki, ancien partenaire de General Motors. PSA et Mitsubishi toujours célibataires Faute d’avoir pu sceller une alliance capitalistique globale avec Mitsubishi, PSA poursuit une politique de coopérations techniques et industrielles ponctuelles avec de multiples partenaires (Fiat, Ford, BMW, Toyota et Mitsubishi). La famille Peugeot rechigne à céder un peu de son pouvoir en ouvrant le capital du groupe. Or, sans implication capitalistique, aucune coopération ne peut vraiment être approfondie et globalisée. Ce dilemme risque de provoquer des tensions au sein de la famille Peugeot. Indiens : les nains grandissent L’indien Tata a racheté Jaguar et Land Rover à Ford. Son compatriote Mahindra a pris le contrôle du coréen SsangYong (auparavant dans le giron du chinois SAIC) et de l’indien Reva, spécialiste de la voiture électrique. Enfin, le chinois Geely a racheté Volvo. BMW reste familial Echaudé par l’échec de l’acquisition de Rover, la famille Quandt, propriétaire de BMW a opté pour une stratégie de croissance interne qui porte ses fruits. Seul rescapé de l’héritage Rover, Mini continue de surfer sur le succès du marché des petites « premium ». Mais pas question d’envisager une nouvelle alliance globale. Toyota privilégie la croissance interne Le constructeur japonais est devenu le premier constructeur mondial sans recourir à de grandes acquisitions. Ses seuls satellites sont ses compatriotes Daihatsu et Fuji Heavy (Subaru) avec lesquels il développe quelques synergies. Ses plus belles réussites sont les créations, ex-nihilo, des deux marques : Lexus (luxe) et Scion (destinée aux jeune américains). Ses alliances ponctuelles, comme celles nouée avec PSA, lui permettent d’acquérir un utile savoir-faire sur les marchés qu’il maîtrise mal. Honda : toujours seul Le constructeur japonais pourra-t-il vivre longtemps seul ? Contrairement à Suzuki qui est tombé dans le giron du groupe Volkswagen, Honda reste farouchement indépendant. Notons qu’il est le seul constructeur automobile à avoir construit en Chine, une société (Honda Motor China) dont la vocation est l’export. Sait-on que 40% de Jazz vendues en France sont fabriquées sur ce site ? Hyundai-Kia : deux marques, un groupe L’alliance des deux compatriotes coréens, Hyundai et Kia, est particulièrement complexe. Il ne s’agit de filiales d’une même holding mais de deux entités ayant tissé des participations croisées. Notons la présence dans l’actionnariat de l’actuel dirigeant, Mong-Koo-Chang et de son fils. Il reste encore un fort potentiel de synergies à faire jouer entre les deux constructeurs dont chacun reste jaloux de ses prérogatives.
(L'argus)