En fin connaisseur de l'automobile et du pilotage, le vrai patron opérationnel de Renault se voit bien, faute de perspective, passer de Billancourt à Detroit.

L'ambition est un moteur très puissant lorsqu'on vise la place de numéro un d'une grande entreprise et que l'on en règle déjà toute la stratégie au quotidien. En dévoilant franchement voire crument les siennes dans une interview accordée à l'agence Bloomberg, Carlos Tavares, directeur général de Renault, ne déroge pas à sa façon de faire, simple et directe. En (très) bon pilote amateur, Tavares sait ce qu'est la conduite d'une bonne trajectoire et il voit bien que, à 55 ans, la sienne est obstruée par l'omniprésent Carlos Ghosn, président de l'Alliance Renault-Nissan. Et il fait un constat, il a désormais peu de chances de diriger un jour l'Alliance, Carlos Ghosn, 59 ans et dont le mandat viendra à son terme l'an prochain, n'ayant aucune intention de laisser la place vacante.

C'est en tout cas l'analyse que fait Carlos Tavares dans ses confidences à Bloomberg. "Nous avons un grand patron et il est là pour rester", dit-il, confirmant implicitement le renouvellement probable du mandat de Carlos Ghosn. Mais il ajoute aussitôt : "toute personne qui se passionne pour l'industrie automobile arrive au moment où vous avez l'énergie et l'appétit qui permettent de viser un poste de numéro un".General Motors ou FordOù pourrait aller Carlos Tavares ? En citant GM et Ford, il montre l'étendue de ses ambitions même s'il précise qu'il n'a aucun contact avec eux. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas se déclarer candidat et c'est politiquement fait avec beaucoup d'habileté, au plus creux de l'été. À un moment où l'actualité industrielle est au ralenti, mais juste avant le grand coup d'accélérateur de la rentrée attendu au Salon de Francfort, cela lui donne une visibilité maximale. Quelles qualités a-t-il pour cela ? Il a déjà de brillants états de service. Il a notamment dirigé Nissan aux États-Unis où nous l'avions rencontré et où il nous avait prédit, dès 2010, le redressement du marché américain. "C'est une évidence pour moi, l'automobile est indispensable aux États-Unis simplement pour vivre au quotidien. Il n'y a pas de solution de remplacement en dehors de quelques grandes villes. Et comme les voitures s'usent et qu'il en faut pour chaque membre de la famille, le potentiel de remplacement est là". C'est très exactement ce qui s'est produit.

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