Portant initialement sur des fournisseurs d’équipements électroniques soupçonnés d’entente sur les prix, une enquête des autorités de concurrence américaine s’étend désormais à six secteurs d’activité chez les équipementiers automobiles et ce, sur quatre continents.

 

"Il s’agit de l’enquête antitrust la plus importante de l’histoire américaine", a déclaré John Terzaken, du département américain de la justice, à notre confrère d’Automotive News. Cette enquête qui visait au départ des fournisseurs d’équipements électroniques pour automobile a démarré en décembre 2010 aux Etats-Unis. Elle s’étendrait aujourd’hui à six secteurs d’activité (airbags, gaz réfrigérants, roulements…), concernerait près de 20 fournisseurs et ne toucherait pas uniquement le continent américain. Les autorités de concurrence de l’Union européenne, du Japon et de l’Australie ont rejoint les autorités de concurrence américaines dans leurs investigations. La Commission européenne a en effet annoncé durant ces trois derniers mois avoir mené des perquisitions chez des fournisseurs d’éléments de sécurité (airbags et ceintures de sécurité), de roulements et de gaz réfrigérants. Ces perquisitions visaient toutes à établir la responsabilité des équipementiers visités dans une enquête pour entente sur les prix. Pour le moment, seul le fournisseur japonais Furukawa Electric a été condamné en septembre dernier par le ministère de la Justice américain à payer une amende de 200 millions de dollars (154,6 millions d’euros). Trois de ses cadres dirigeants ont en outre été condamnés à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 18 mois. "Ce serait une erreur de se concentrer sur ce cas particulier", a déclaré Terzaken à Automotive News. "Je ne peux pas définir le nombre précis de pièces que nous étudions, mais il est large. Nous nous concentrons sur les secteurs où il y a des allégations ou des preuves de comportement anti-concurrentiel ", a-t-il ajouté en notant que "les ressources (humaines et financières, NDLR) mises en œuvre pour cette enquête étaient significatives".Pour les différents consultants interrogés par les médias américains, une telle situation était à prévoir, les constructeurs ayant exercé une très forte pression sur les prix pendant des années. Pour certains, les plaintes déposées pourraient d'ailleurs avoir été motivées par le fait que les équipementiers ont repris du pouvoir dans le rapport de force qui les opposaient aux constructeurs depuis la crise de 2008. Ce renversement du pouvoir de force s'était notamment manifesté par la répercussion de la hausse du prix des matières premières par certains équipementiers chez leurs clients constructeurs.Inquiets, les fournisseurs américains doivent se réunir à Detroit à l’occasion du salon automobile début janvier pour discuter de cette affaire, ont indiqué des responsables de l’association américaine des équipementiers de première monte (OESA).