Ce jeudi 4 octobre, plus de 280 CEOs, responsables du développement durable et décideurs du Grand-Duché de Luxembourg s'étaient donné rendez-vous pour Luxembourg Green Business Summit 2016. La thématique "Smart City & Facility Management" était au cœur de cette 6ème édition. Et comme le veut la tradition, bonnes pratiques, échanges, networking, ainsi que la cérémonie des Luxembourg Green Business Awards étaint les éléments clés de cette soirée riche en enseignements. Automotion organisera le 10 novembre prochain, la première édition de la Mobility Night.
Aujourd'hui, 80% des citoyens européens vivent en ville, entrainant ainsi de nombreux challenges de mobilité, de connectivité, d'infrastructures, mais également de maîtrise des ressources d'énergie. Au Luxembourg, les villes commencent leur transformation smart, en gardant à l'esprit un avenir respectueux des hommes et de l'environnement.
Construire une métropole intelligente
Pour aborder cette thématique tout aussi passionnante que vaste, les organisateurs avaient convié Cédric Grignard, le Directeur Technique & Smart City de la ville de Lyon, au Luxembourg. "Aujourd'hui, on passe de la propriété à l'usage" débute Cédric Grignard, avant de poursuivre : "On respecte l'environnement et on crée des communautés. La ville intelligente – ou smart city – passe par là". En effet, pour le spécialiste lyonnais, la smart city est un mélange d'efficacité, voire d'efficience, mêlant bonne utilisation des ressources, connectivité et surtout prise de conscience. La ville de Lyon, depuis environ 5 ans, a développé plus de 100 projets intelligents, pour environ 250 millions d'euros engagés, en faisant l'une des villes pionnières en matière de smart city. "Nous repensons nos modèles grâce au numérique, et ensemble, mettons en place de nombreux services pour les habitants. Nous voulons la ville innovante ET humaine, c'est notre marque de fabrique" ajoute Cédric Grignard.
Avec le programme Lyon Smart Community, la ville est un des leaders sur les projets pilotes concernant les smart grids, et intègre notamment toutes les solutions d'énergies renouvelables, des chaudières collectives, ou encore un ilot à énergies mixtes. La ville mise également sur la mobilité douce avec des solutions d'autopartage et Navyo, la première navette autonome d'Europe. La métropole travaille souvent avec les collectivités locales, les entreprises et les startups, notamment sur le programme Optimod'Lyon qui vise à optimiser le trafic. D'autres projets, et notamment une plateforme de données ouvertes sont en cours : la métropole veut mettre à disposition certaines données, afin que les personnes puissent se les approprier et puissent créer du business. "A Lyon, on fait le pari de donner accès à notre territoire, ce qui permet de co-développer, donne des opportunités aux start-ups, etc". La nouvelle ville prend forme.
Le Luxembourg à la pointe de la recherche
C'est ensuite Dr. Lucien Hoffmann, Directeur du département de recherche environnementale et innovation au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) qui a présenté les travaux de l'institut aux participants. Il a alors débuté son intervention avec l'exemple de la F1 et de ses multiples capteurs, comparé aux débuts de la discipline, pour illustrer le processus suivant : on collecte, on connecte, on communique et on contrôle. "Ces quatre étapes peuvent être adaptées aux villes dans le but de mesurer les ressources énergétiques, d'évaluer la pollution, etc…pour mieux gérer la ville et fournir de nouveaux services à ses habitants" ajoute Lucien Hoffmann, qui précise que pour réaliser tout cela, nous utilisons les technologies de l'information. "Dans le futur, la production d'énergie sera plus locale, les maisons vont devenir leur propre producteur d'énergie. Il faut alors un système intelligent pour mieux gérer la demande, stocker l'énergie. Cela aura également un impact sur les marchés de l'énergie".
La vision du LIST est la suivante : avoir une approche globale pour améliorer l'utilisation de l'énergie, en allant notamment vers des solutions "low carbon" pour les bâtiments, industries, transports, etc. Pour mieux gérer l'énergie renouvelable, qui est très variable dans le temps, toutes les sources doivent être intégrées dans un réseau intelligent, de manière optimale. Il est dès lors nécessaire d'y intégrer un volet cybersécurité, car pour Lucien Hoffmann, le défi "smart city" est un défi "big data". Pour cela, le Luxembourg dispose d'un fort écosystème, avec la nécessité d'aborder ces problématiques à plusieurs échelle : maisons individuelles, industries, ville, mais également à l'échelle du pays. Encore un avantage pour le Grand-Duché.


Les enjeux Green Business d'ArcelorMittal
Jean-Paul Lorrain, Head of Energy and Environment, ArcelorMittal s'est ensuite prêté au jeu des questions-réponses avec Amandine Plaisin, responsable Marketing de la plateforme GreenWorks. Il a tout d'abord précisé que la matière première utilisée par la société était issue du recycalge : "l'impact environnemental est moindre par rapport à l'utilisation de minerai".
Le groupe présente également chaque année un rapport de développement durable, a obtenu à plusieurs reprises le label ESR et est fortement impliqué dans l'économie circulaire. Quant à l'énergie produite par les cheminées, Jean-Paul Lorrain souhaite développer un projet visant à récupérer cette énergie supplémentaire et à en faire du chauffage urbain. Un projet à long terme selon le spécialiste. Les futurs challenges d'ArcelorMittal en termes d'énergie et d'économie circulaire ont également été abordés lors de cette discussion, et la société luxembourgeoise continuera à réduire son empreinte environnementale, avec le défi d'anticiper les prochaines législations et ainsi de réduire l'impact financier entrainé par ces dernières. De plus, le groupe compte plus de 1300 chercheurs, avec 12 laboratoires dans le monde et un budget de fonctionnement annuel de 250 millions d'euros. Plusieurs projets sont d'ailleurs nés au Grand-Duché, notamment "Romeo" qui permet de simuler toutes les façons de recycler les produits, puis d'analyser les frais et l'impact environnemental.
Les démarches éco-responsables d’IKEA
C'est Pierre Villeneuve, ex-Chief Customer Officer d'IKEA France et fondateur de HxLab, qui a clôturé cette 6ème édition du Luxembourg Green Business Summit. Il a débuté son intervention en rappelant que chaque année, nous consommons 1,5 fois ce que la terre peut produire. Le nombre d'habitants augmente et pourrait atteindre les 12 milliards d'ici à quelques années, de plus, la classe moyenne se développe : il est dès lors difficile d'envisager dans consommation dans le futur. Il a également cité l'impression 3D comme révolution qui changera la donne, notamment pour IKEA qui produit 40% de ses produits dans ses usines.
"Aujourd'hui, nous ne sommes plus dans l'hyperconsommation, mais plutôt en quête de sens, voire d'essentiel" rappelle Pierre Villeneuve, qui ajoute que "la vision de l'ameublement de la maison change". Mais la vision d'IKEA n'est pas uniquement de vendre, c'est d'améliorer le quotidien du plus grand nombre, et selon le spécialiste du service client, il pourrait bien un jour devenir un fournisseur d'énergie, ou gérer des objets connectés. L'enseigne veut également avoir un impact positif sur la planète et le développement durable est l'une de ses principales dimensions. La plupart des produits s'inscrivent d'ailleurs dans un concept d'écoconception. Pierre Villeneuve cite les exemples suivants : "100% des poissons consommés dans nos restaurants sont issus d'une aquaculture responsable, l'approvisionnement en bois est géré de manière durable, certains produits sont fabriqués à partir de déchets qui deviennent ainsi des ressources". De plus, l'enseigne est indépendante en matière de ressources naturelles : 2,1 milliards d'euros ont été investis en faveur des énergies renouvelables et au Royaume-Uni, IKEA vend d'ores-et-déjà des panneaux photovoltaïques. L'enseigne suédoise met également des bus et navettes à disposition de ses clients dans certaines villes, les magasins sont équipés en bornes de recherches, en faisant d'ailleurs le premier réseau de bornes de recharge en France. "Il est désormais indispensable d'avoir une démarche durable, et ainsi un impact positif sur l'environnement et sur ses clients" a conclu Pierre Villeneuve.
GreenWorks souhaite remercier tous les participants aux Luxembourg Green Business Summit, ainsi que tous les partenaires de l'événement, et vous donne d'ores-et-déjà rendez-vous l'année prochaine pour une 7ème édition.
Alexandre Keilmann
Crédits photos : Dominique Gaul