Un nom mythique, une ligne inspirée, et un V6 à vous donner des frissons, la nouvelle égérie Maserati s'avère suffisamment bien née pour s'opposer aux premiums d'outre-Rhin. Cela dit, si cette version V6 S Q4 ne manque pas de charmes, la V6 de base nous a encore davantage convaincu.
Au loin une rangée de cyprès serpente le long d'une colline surplombée d'une élégante bastide. En contrebas, un champs d'oliviers dispute le terrain à une vigne que la route contourne élégamment en une succession de courbes dont se délecte la Ghibli. Touche Sport enclenchée, valves d'échappement ouvertes en grand, le râle du V6 à l'accélération emplit l'espace, résonnant d'un coteau à l'autre. Dans ce décor tout droit sorti d'un dépliant de l'office de tourisme, la "petite" Maserati est dans son élément, affichant une italianité réjouissante. Plus compacte que la Quattroporte - 4,97 m contre 5,26 m - la Ghibli dévoile un trait sûr, mariant avec talent références au passé de la marque et prestance contemporaine. Le grand empattement et les porte-à-faux courts, sans oublier les trois petites ouïes sur les ailes avant à la façon du coupé Granturismo , lui confèrent un dynamisme digne d'une Mercedes CLS . Voilà qui vous pose cette italienne, venant se frotter aux berlines les plus cotées, telles que les Audi A6 et A7 , BMW Série 5 et autres Jaguar XF . Du beau linge que la nouvelle venue regarde droit dans les yeux.
Sur cette route exigeante, parfois étroite, où on ne compte plus les virages qui se referment ni les cyclistes en goguette, la Ghibli taille la route avec assurance malgré sa largeur (1,95 m). La transmission intégrale de cette version Q4 – uniquement associé à la déclinaison 410 ch du V6 biturbo – permet de solliciter la mécanique sans retenue, tandis que la boîte automatique huit vitesses d'origine ZF (la même que celle des Jaguar XF et BMW) égrène les rapports avec conviction en mode Sport. Une sélection qui implique des changements de rapports accélérés (150 ms annoncés), une réponse moteur plus franche, ainsi qu'un antidérapage plus permissif. Amortissement ferme sélectionné, les mouvements de caisse plutôt bien maitrisés et le freinage facile à doser facilitent la vie pendant que le voisinage profite du concert gratuit offert par les échappements qui restituent en direct les vocalises du 3.0. Paradoxalement, c'est à l'intérieur qu'on en profite le moins, Maserati ayant voulu préserver une ambiance de limousine. Me voilà quitte pour entrouvrir les vitres en verre feuilleté et tendre l'oreille, sachant que passé 3.000 tr/mn la tessiture du V6 s'amplifie.Mais, en revanche, pas la poussée de ce bloc ultra moderne (injection directe, distribution variable) étrenné par la Quattroporte . Conçue sous l'égide de Ferrari qui en assure aussi la fabrication, le 3.0 à double turbo épate autant par sa vivacité, rare pour un moteur suralimenté, qu'il déçoit par la linéarité de ses accélérations, pas spectaculaires eu égard aux 410 ch revendiqués. À sa décharge, la Ghibli, malgré un sérieux recours à l'aluminium composant, entre autres, 50 % de la carrosserie, affiche 1.870 kg sur la bascule. Voilà qui n'aide pas le V6 à briller, lui qui souffle de façon constante de 2.000 à 6.500 tr/mn. La sportivité en pâtit, d'autant que la direction perturbe. Sans manquer de précision, celle-ci apparaît un peu trop aseptisée pour mettre totalement en confiance, ce qui est pourtant essentiel sur une berline de cet acabit. Cette Ghibli S Q4 offre donc moins de dynamisme qu'elle suggère. Cela ne l'empêche pas d'être à son aise dans ces grandes courbes bien revêtues qui nous ramènent à Sienne. À un rythme plus raisonnable, la Ghibli dévoile des manières beaucoup plus en rapport avec une utilisation familiale.
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