1) Monsieur Wagner, en qualité de nouveau Président de la fédération luxembourgeoise des loueurs de véhicules (FLLV) pouvez-vous nous décrire les objectifs de la fédération ?
Notre fédération regroupe des sociétés proposant du leasing opérationnel (location longue durée) et de la location court terme.
Notre premier objectif est donc de défendre les intérêts du secteur de la location automobile professionnelle au Luxembourg. Ce sont donc 23 sociétés que nous représentons.
Actuellement la fédération représente 31 000 voitures au Luxembourg, mais ce sont aussi les nouvelles immatriculations des membres de notre fédération qui correspondent à ¼ des immatriculations des voitures personnelles et des camionnettes en 2010 au Luxembourg.
Bien que notre fédération existe maintenant depuis presque 40 ans, nous ne sommes pas assez connus actuellement.
Pour pouvoir défendre les intérêts de nos membres, notre premier souci est ainsi de pouvoir augmenter notre visibilité vers l’extérieur en général, et vers les instances politiques en particulier.
Nous avons sous notre gestion un parc de voitures significatif, nos expériences et notre expertise sont des sources d’informations très précieuses pour des administrations qui traitent des sujets en relation avec l’automobile et de la mobilité en générale.
Depuis longtemps nous touchons des sujets tels que l’environnement, la fiscalité et la responsabilité sociale des entreprises, nous avons su apporter des réponses et souhaitons amplifier notre rôle de consultant au niveau de la mobilité.
2) D’importants projets d’adaptation de règlements, de procédures, de législation sont proposés, je pense aux bonus/malus dans le cadre des assurances autos, prenez-vous position ?
Nous comprenons le souci des assurances au sujet du bonus/malus. Elles ont défendues ce système devant la Commission Européenne, elles disposent ainsi d’un outil leur permettant d’apprécier à leur juste valeur le risque que représente un conducteur.
Une échelle doit être appliquée avec des tarifs justes, cela évite que les bons conducteurs payent pour les mauvais.
Mais l’application trop bureaucratique de ces règles peut faire perdre son historique à un bon conducteur ayant conduit une voiture de société pendant plus de 4 ans. Tant que celui-ci garde une voiture de société, ceci ne pose aucun problème, mais ce n’est plus le cas au passage de ce conducteur à la retraite par exemple.
Ce sera difficile d’expliquer à un ex-manager d’entreprise, qui n’a jamais eu d’accident pendant des années qu’il sera reclassé dans le tarif appliqué aux novices.
Nous avons eu une discussion avec des représentants de l’ACA, je peux dire qu’ils ont bien compris où se trouvait le problème et se sont montrés très ouverts sur le fait de trouver des solutions éventuelles à ce sujet.
3) Avez-vous aujourd’hui d’autres ouvrages sur le métier ?
Certains sujets sont d’actualité permanente, tels que la fiscalité des voitures de sociétés, les voitures électriques, et l’environnement.
Le sujet sur l’augmentation du taux de taxation de l’avantage en nature revient de façon régulière, tout comme la taxation des sociétés offrant des voitures à leurs employés.
Ce que les gens ne savent probablement pas c’est qu’au Luxembourg, nous avons un des taux de taxation de l’avantage en nature des plus élevé d’Europe. Si cette taxe se voit encore augmentée, elle dépassera la taxation des revenus et ferait perdre tout intérêt à avoir des voitures de sociétés. N’oublions pas que cet avantage est dans l’intérêt des tous : des employés, des employeurs, de l’économie et bien sûr de l’Etat.
Je pense qu’il est inutile de souligner l’importance des voitures de sociétés pour l’économie locale. Sachant que presque tous les achats et prestations sont réalisés auprès des fournisseurs luxembourgeois. L’importance de la rotation rapide d’un parc a un impact sur tout le secteur automobile luxembourgeois (garages, pneus, assurances, carrossiers etc.) Mais avec une réduction des voitures de sociétés, nous ne risquons pas des répercussions sérieuses simplement sur l’économie locale mais aussi sur l’environnement.
Souvent les gens pensent que les voitures de sociétés sont trop nombreuses au Luxembourg, ce qui est mauvais pour l’environnement.
Mais il faut savoir que ce sont les voitures de sociétés qui ont un bilan écologique plus favorable que la moyenne des voitures circulant sur nos routes. Nos voitures sont remplacées tous les 3 à 4 ans pour le leasing et tous les ans pour la location court terme. L’émission de CO2 des voitures récentes a diminué d’environ 30%, au courant des dernières années, l’effet bénéfique sur l’environnement est donc évident.
4) Pouvons-nous parler d’environnement face à un parc de 31 000 véhicules ?
Nous avons un rôle de conseiller pour nos clients, nos programmes mis en place pour les informer vont bien plus loin que de connaitre la quantité d’émission de CO2 d’une voiture.
Notre approche est globale, visant l’ensemble de la CSR (responsabilité sociale des entreprises), des entreprises qui ont besoin de voitures pour leur activité.
Les moyens mis en place par l’Etat pour développer les transports publics ne peuvent satisfaire la demande, cette solution à elle seule ne suffit pas.
C’est la raison pour laquelle il faut trouver des moyens de réduire l’impact nocif sur l’environnement sans oublier la sécurité et la qualité de vie de chacun.
Nos membres ont donc développé des concepts qui tiennent compte des spécificités de chacun de nos clients. Notre activité étant de les conseiller en trouvant la meilleure solution tout en respectant l’environnement.
Les sujets clés sont l’électro-mobilité, l’adaptation de la composition du parc, la responsabilisation des conducteurs, l’offsetting, la télématiques, le car pooling, la location ponctuelle, la combinaison voiture-transport public, etc...
Actuellement on parle beaucoup de voitures électriques et de projets pilotes, mais elles n’ont pas encore le succès escompté. Malheureusement, un frein majeur est le prix d’acquisition des voitures. Un particulier ne va guère mettre 10 000 € en plus pour une voiture ayant un rayon d’action encore si limité. La compensation par un « carburant » à un prix dérisoire ne se compte pas.
Cependant, certaines sociétés sont ouvertes à ce principe et peuvent le soumettre à des tests. Elles sont prêtes à investir dans des voitures électriques afin de prendre leurs responsabilités sociales en aidant à la réduction de l’émission de CO². Les voitures rentrants le soir sur le site de la société peuvent très bien être électriques.
La location court terme se prêt aussi au jeu de l’introduction des voitures électriques pour le grand public souhaitant contribuer à la protection de l’environnement. Nos clients et nos membres vont jouer un rôle très décisif dans le développement des voitures électriques.
Il existe d’autres alternatives intéressantes, mais les voitures à hydrogène n’ont pas encore atteint le niveau de maturité qui permet une production de masse et ne l’auront pas atteint d’ici 5 à 10 ans.
La voiture hybride elle va continuer à avoir un certain succès, surtout avec l’introduction des nouveaux hybrides diesel. L’effet sur l’environnement dépend cependant beaucoup de l’utilisation. Si l’effet est bénéfique pour des parcours citadin, il peut être l’inverse sur des trajets sur autoroute.
Chaque type de voiture doit être adapté à son utilisation. Comme les besoins varient souvent au courant de la semaine, on peut s’imaginer à ce qu’un seul conducteur aura accès à plusieurs types de voitures :
S’il part en vacances ce sera la voiture familiale, pour les courts trajets ou pour aller au travail ce sera la voiture électrique, pour le weekend ce sera peut être une voiture plus sportive etc.
5) Avez-vous un message ou un conseil à transmettre aux responsables de parcs automobile ?
Mon message s’adresse surtout aux gestionnaires de parc un peu moins expérimentés : le leasing opérationnel n’est qu’accessoirement un moyen de financement du coût des voitures.
C’est surtout un moyen de gestion efficient de l’ensemble des ressources autour de la mobilité des employés de l’entreprise. Au niveau de la location court terme, c’est un complément très important dans la gestion des besoins ponctuels, et permet de tester de nouvelles stratégies à coût réduit.
Avoir recours à un expert de la gestion automobile va indéniablement réduire les coûts de gestion directs et indirects et va permettre aussi d’augmenter la satisfaction des employés conducteurs.
Et encore une chose, nous fêterons les 40 ans de la fédération à la fin de cette année, un événement est en préparation dont nous allons vous communiquer les détails prochainement.