Here, leader sur le marché européen pour ses services de cartographie annonce son rachat par l’alliance Audi-BMW-Daimler. A travers ce rachat, c’est le secteur de l’automobile qui se donne les moyens de défendre ses données, mais également de proposer des services de localisation.  

 

Un passage au numérique en 3 étapes

Après la présentation en janvier dernier du concept autonome F-015 par Dieter Zetsche, patron de Daimler, c’est lors du Salon International de l’Automobile de Francort qu’une deuxième pierre est apportée à la constitution d’une industrie automobile 2.0. En effet, le trio allemand BMW, Daimler et Volkswagen a levé le voile sur les premières lignes de l’utilisation de Here.

Depuis octobre dernier, le rachat de Here – cartographe de Nokia est officiel. Le coût de l’opération s’élève à 2,8 milliards d’euros. Une révolution numérique qui a un prix, mais qui s’imposait comme nécessaire au trio allemand.

 

Emancipation vis-à-vis du géant de la navigation, Google

Comme dans de nombreux secteurs, la concurrence accrue oblige les leaders voire les challengers à s’aligner sur les services proposés par leurs nouveaux concurrents. Le secteur automobile n’y échappe pas. Harald Krüger, président du directoire de BMW AG l’infirme : « La digitalisation bouleverse les règles de notre branche. De nouveaux concurrent sont apparus et certains clients ne veulent plus acheter les véhicules d’une marque si la navigation n’est pas à jour ».Normal pour nous autres consommateurs.

 

Au président d’ajouter : « C’est pourquoi le consortium a acheté Here, pourquoi nous voulons proposer de la cartographie, comme acteurs indépendants, à notre secteur comme à d’autres branches ».

Il est sous-entendu ici, indépendants à Google, ou Apple, qui reconnait-on le nous ont bien souvent aidé à sortir d’itinéraires erronés.

 

Administrateur et directeur général de Valeo, Jacques Aschenbroich renchérit : «Ce n’est jamais très agréable de travailler avec un monopole (…). Le véhicule autonome est un sujet autonome par définition, et les constructeurs doivent le maitriser. Ce rachat est une bonne nouvelle ».

 

Qu’est-ce qu’y gagne le trio allemand ?

Ce rachat est sans nul doute une avancée pour la protection des données des véhicules, mais surtout pour celles des clients finaux. Maîtriser la cartographie est donc pour les constructeurs automobiles l’occasion de prôner la sécurité et la précision de la carte.

Here permet donc au consortium allemand de se positionner comme des fournisseurs de services, en plus d’être constructeurs automobiles.

Harald Krüger confirme : «La qualité des cartes sera dans le futur encore plus importante, comme base pour la sécurité, le véhicule autonome et les services ».

 

Le nec plus ultra de cette nouveauté ? Des points d’intérêts plus seulement liés à l’automobile comme c’est le cas aujourd’hui. Notre intérêt ne porte pas seulement sur les stations-service, concessions, garagistes, etc.) et les constructeurs automobiles l’ont bien compris.

Here va donc leurs permettre de refermer le fossé entre les mondes de l’automobile et de l’électronique grand public.

La Customer Experience devient ainsi leur cheval de bataille, puisque les clients attendent désormais des mises à jour directement dans le véhicule.

 

Et le choix final du client ?

«Il faudra convaincre les constructeurs automobiles, clients de Here et non actionnaires, d'acheter des licences de cartographie pour leurs voitures», souligne Franck Cazenave, directeur innovation chez Bosch et auteur de «Stop Google». Reste aussi à convaincre les conducteurs d’utiliser la cartographie de leurs véhicules pour des recherches et pas celles de leurs smartphones. Et ça, ce n’est pas gagné...