Interview réalisée en collaboration avec Marc Graas, Directeur, Autodis

 

Figure incontournable du secteur automobile, Marc Graas est à la tête de Autodis, fer de lance de Hyundai au Luxembourg. Entretien avec un homme proche du métier de vendeur mais surtout proche de ses clients. De son aveu, le secret de la vente tient surtout dans la proximité et la satisfaction du client.

 

Autodis est un des plus grands distributeurs Hyundai en Europe, quelle est la position de la concession sur le marché?

 

Nous avons occupé la place du plus grand distributeur Hyundai pendant plus de 10 ans, tant au niveau des ventes qu’au niveau de la satisfaction du client. À l’heure actuelle, nous ne sommes plus le premier bien que nous restons dans le top 3. Cela s’explique par le changement de stratégie de Hyundai qui, de par sa croissance, a changé son système de distribution. En effet, à l’époque où la marque Hyundai était encore relativement petite en Europe, passer par des importateurs privés était la solution la plus pertinente. Mais depuis, Hyundai a pris de l’ampleur, ce qui a décidé la marque à prendre elle-même en main ses importations. Ce qui implique également un changement de système au niveau des concessionnaires qui se voient rétribuer plus de marge en fonction du volume sur les ventes de la marque. Ainsi, à l’image de ce qui se fait en Angleterre, beaucoup de concessionnaires se sont regroupés afin d’augmenter leurs volumes. Malgré cela, nous n’avons pas à nous plaindre, nous nous portons bien et nous restons dans le haut du classement. De plus, Autodis fait partie du « Frontier Club » de Hyundai, qui regroupe les meilleurs concessionnaires Hyundai Europe.

 

Comment se porte le marché automobile au Luxembourg?

 

Le marché luxembourgeois est assez complexe. Si on regarde les statistiques officielles, nous pouvons voir que le marché est en perte de 10%. En réalité, il est en perte de 30%. Pourtant, les statistiques ne mentent pas, mais elles n’expliquent pas la réalité, c’est-à-dire, qu’elles ne font pas la distinction entre une vente normale à un résident et les immatriculations journalières à destination des pays frontaliers. C’est notamment le cas pour les voitures de type « Premium », très prisées par les particuliers, mais aussi les entreprises de leasing au-delà de nos frontières. Il devient alors très compliqué d’avoir une vue objective sur les statistiques officielles.

 

Que faut-il faire pour relancer le marché?

 

Nous remarquons que les particuliers, mais aussi les entreprises, font de plus en plus attention aux équipements et au rapport qualité-prix. J’entends par là que les personnes s’interrogent davantage à dépenser de l’argent dans une voiture haut de gamme et très bien équipée, ce que l’on trouve facilement chez Hyundai, au lieu de dépenser la même somme dans une voiture de la même gamme, mais d’une marque ayant une très bonne réputation, en pensant souvent aux voitures allemandes. Sans parler que le niveau d’équipement n’est pas la même à prix égal. Les automobilistes commencent à prendre conscience du chemin parcouru par Hyundai, qui n’a pas à rougir en terme de qualité et de confort de conduite face aux marques de renom. C’est peut-être là que Hyundai doit continuer à travailler, sur l’image de la marque. C’est d’ailleurs ce qu’ils font en ce moment avec la Coupe du Monde de football au Brésil.

 

Pour revenir au Luxembourg, quel est votre avis sur le plan de mobilité de François Bausch, ministre des Transports?

 

Dans le fond, François Bausch a tout à fait raison. Son plan de multimodalité et le concept de chaîne de transports regroupant les différents moyens de locomotion présents au Luxembourg sont vraiment très bien pensés pour les travailleurs et surtout les frontaliers. Utiliser une chaîne diversifiée de transport est sans doute une des solutions pour désengorger le trafic.  Par contre, je connais les Luxembourgeois et les résidents du Grand Duché, qui eux, vont continuer à utiliser leurs véhicules pour les divers déplacements du quotidien. Les deux peuvent très bien cohabiter.

 

En terme d’écomobilité, quelle est la position d’Autodis et de Hyundai ?

 

Le constructeur coréen est sur la bonne direction. Mais personnellement, je ne suis pas convaincu par les véhicules électriques en dehors des petits trajets en ville. L’électrique comporte encore trop de contraintes et une autonomie limitée, même si sur le papier les constructeurs annoncent 200 km de rayon d’action. Il faut être conscient (en caricaturant un peu) que pour arriver à 200 km, il ne faut pas utiliser la radio, la climatisation et ne pas tomber dans un bouchon. Sans parler du prix qui est encore trop élevé pour monsieur et madame tout le monde.

 

Pourtant il existe d’autres chemins, comme celui de l’hydrogène. Ce que Hyundai a fait avec le ix35 Fuel Cell. Il connaît d’ailleurs un franc succès notamment aux États-Unis et au Danemark. Mais là encore, nous ne possédons pas au Grand-Duché les infrastructures nécessaires au bon développement de l’hydrogène.

 

Pour terminer, quelle a été votre première voiture ?

 

Une Ford 15m rs grise. À l’époque, j’avais mon BAC en poche et je voulais une voiture pour aller faire mes études universitaires en Suisse. J’ai dû travailler pour pouvoir m’offrir cette première voiture. Je me rappelle encore de l’avoir achetée à une personne travaillant pour la commission européenne. La voiture avait 50 000 km, j’ai dépensé 36 000 francs luxembourgeois pour l’avoir et je l’ai revendue 100.000 km plus tard à 40 000 francs luxembourgeois. J’en garde un très bon souvenir, elle fonctionnait très bien et consommait peu.