Etant donné les problèmes actuels de circulation, le rapport du Conseil d'orientation des Infrastructures français épingle le tronçon autoroutier lorrain vers le Luxembourg comme une priorité. L'Etat ne pourrait cependant pas financer seul tous ces travaux et envisage d'autres solutions.

Le nombre de frontaliers convergeant vers le Grand-Duché chaque jour n'a de cesse de croitre. Un problème qui n'est pas nouveau, mais les solutions nécessitent un certain temps pour se concrétiser. Depuis plusieurs années déjà, on parle d'élargir l'A31 où c'est possible et de créer de nouveaux tronçons là où des voies supplémentaires ne sont pas envisageables.

Ce rapport, paru la semaine dernière, confirme bien l'urgence de désengorger l'A31, découpée en trois tronçons : de Toul à Nancy, de Nancy à Metz et de Thionville à la frontière luxembourgeoise. Le but final est d'avoir une autoroute de 2X3 voies sur l'ensemble du parcours mais les moyens pour y arriver sont différents. Outre les contournements pour les grandes villes, la partie Nord, à partir de Thionville, est identifiée comme prioritaire étant donnée "[l]a situation très dégradée des conditions de circulation sur ce secteur". Comme suite au débat public de 2015 et à la décision ministérielle de février 2016, c'est "le recours à la concession pour les aménagements autoroutiers en tracés neufs et pour les aménagements au nord de Thionville" qui est privilégié, "[a]u regard des montants en jeu, de l’urgence à agir en l’absence de solutions alternatives, des capacités financières de l’Etat mobilisables dans les prochaines années (…)".

Concrètement, la mise en concession signifie que l'Etat n'engagerait aucune dépense, mais qu'une entreprise privée financerait les travaux puis se rembourserait en installant un péage sur "son" tronçon d'autoroute. Et le rapport de continuer : "[A]u regard de l’importance des trafics en jeu, une solution d’acquittement du péage sans arrêt à une barrière (solution dite «free flow») doit être recherchée." Ces solutions devraient permettre concrétiser ces changements entre 2023 et 2027. A noter qu'il parle également de poursuivre les études.

D'autre part, le rapport encourage également d'autres solutions afin de réduire le volume de véhicules sur la route : "les solutions permettant de réduire les coûts supportés par les usagers quotidiens mais aussi de privilégier les solutions de transports collectifs et de covoiturage doivent être pleinement intégrées dans la conception du projet, voire, dans la mesure du possible, mises en œuvre sans attendre sur l’itinéraire existant."

Entre Nancy et Metz, l'aménagement du tracé actuel pour l'élargir devrait se terminer pour 2032. Enfin, la section Sud n'étant pas prioritaire, des études d'aménagements supplémentaires et de nouvelles concertations seraient nécessaires.

Du côté de Jean Rottner, président de la région Grand Est, on demande à l'Etat français la maitrise de ce projet qui touche directement les citoyens. Une forme d'écotaxe est envisagée, si délégation il y avait, afin de financer les travaux. Il confiait la semaine dernière au Luxembourger Wort sa volonté d'agir "le plus rapidement possible". Toujours selon lui, "les postulats du rapport Duron ne sont pas concrétisés dans ses conclusions". En effet, un certain flou subsiste. La Ministre des Transports, Elisabeth Borne, doit s'inspirer du rapport afin de faire des choix d'ici à la fin du mois, ce qui devrait permettre d'y voir plus clair.