Les prévisions annonçaient 2016 comme une année exceptionnelle pour la Grande-Bretagne : 1,90 million de véhicules produits. Un record, que le Brexit pourrait cependant remettre en cause. Quelques heures après que les Britanniques se soient prononcés en faveur d’une sortie de l’Union européenne, les acteurs de l’automobile implantés en Grande-Bretagne sont inquiets : le Brexit pourrait leur coûter des milliards d’euros, de nombreux emplois sont également menacés.

Trois jours avant le vote, la SMMT (Society of Motors Manufacturers and Traders), l’organisation professionnelle qui regroupe plus de 650 acteurs de l’automobile en Grande-Bretagne, avait publié un communiqué alarmant : « les principaux fabricants britanniques d’automobiles soulignent l’importance de rester en Europe. Les Brexit pourrait mettre en péril les emplois actuels et le succès des investissements ». 

 

Les constructeurs et équimentier, pour faire réfléchir la classe ouvrière britanniques, majoritairement opposée au maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, avaient également avancé des chiffres inquiétants, notamment concernant la suppression d’emplois. Ainsi, Jaguar Land Rover, désormais aux mains du groupe indien Tata Motors, a estimé qu’un Brexit lui coûterait 1,47 milliards d’euros sur ses bénéfices. De quoi reconsidérer son projet d’implanter une usine en Slovaquie. 

 

De leur côté, les constructeurs japonais Toyota et Nissan ont annoncé qu’entre leurs usines et leurs installations portuaires, 59 milliards de dollars étaient en jeu. Toyota a également estimé qu’une sortie de l’UE se traduirait par l’imposition d’un droit de douanes  de 10% sur chaque voiture assemblée au Royaume-Uni. Les marges sur les véhicules destinés à l’exportation (90% vers l’Europe continentale) deviendraient donc réellement faibles.

 

Pour sa part, la branche européenne de Ford, implanté en Angleterre depuis les années 1910, craint que le Brexit n’augmente le coût de production de ses moteurs, et le condamne à une perte de compétitivité. Quelques jours avant le Brexit, le constructeur américain avait même envoyé un courrier à ses 14.000 employés britanniques pour leur signifier son envie de rester sur le sol européen.

 

Quant à Rolls-Royce, il n’est pas question de relocaliser la fabrication de ses voitures, qui fait appel à l’expertise de nombreuses personnes formées à grand peine. Avant que les britanniques ne se prononcent en faveur du Brexit, Rolls-Royce avait expliqué que les investissements consentis récemment avaient été envisagés et validés en prenant en considération que le pire pouvait arriver. Son rival, Bentley, est moins catégorique quant à son maintien sur le sol britannique. Son patron, Wolfgang Dürheimer, a tenu à rappeler que le « groupe Volkswagen dispose de quelques 110 lieux de production dans le monde ».  

 

Sources : Challenges, Le Monde