Si le projet de renforcement du contrôle technique en Europe fait grincer des dents en Europe de l’Ouest, il pourrait néanmoins être un levier pour rajeunir les parcs dans les pays d’Europe de l’Est et y encourager les ventes de véhicules neufs. En juillet dernier, la Commission européenne a présenté son projet de renforcement de la réglementation du contrôle technique européen, restée inchangée depuis 1977.  Ce projet prévoit notamment d’imposer le contrôle technique aux deux roues, de rendre annuel le contrôle des véhicules particuliers et d’introduire de nouveaux points de contrôle tels que les composants de sécurité (ABS, ESP) et des normes minimales en termes d’équipements. Ce projet a engendré de vives réactions notamment en France de la part des associations de motards mais aussi des associations d’automobilistes qui rejettent l’idée d’un contrôle technique annuel.Pourtant, en introduisant de nouveaux points de contrôle, ce projet pourrait avoir un effet indirect positif sur le renouvellement des parcs sur les marchés d’Europe de l’Est.Comme le soulignent les deux économistes Bernard Jullien et Tommasso Pardi, "les aides à l’investissement dans les pays d’Europe Centrale et de l’Est visaient à encourager le développement de ces marchés, en particulier dans le secteur automobile". Or, pour ne prendre que les cas de la Pologne et de la Roumanie où se sont implantés plusieurs constructeurs, ces marchés n’ont jamais décollé. Alors que "nous pouvions imaginer (…) pour ces deux seuls marchés un niveau d’immatriculations de l’ordre de 2 millions d’unités (…) les ventes cumulées sur ces marchés ont atteint leur maximum en 2007 avec 608 900 unités, avant de retomber à 439 800 unités en 2010", écrivent les deux économistes.  Ces marchés, comme les autres marchés d’Europe de l’Est, n’ayant donc jamais décollé, les constructeurs n’ont jamais pu y trouver les débouchés pour leurs usines.  Un élément qui est au cœur du problème des surcapacités de production que connaissent la plupart des constructeurs en Europe et qui conduit aujourd’hui à la fermeture d’usines en Europe de l’Ouest, le site d’Aulnay de PSA en étant l’illustration. Les VO d’Europe de l’Ouest au détriment des VNPourtant, ces marchés se montraient dynamiques avant leur entrée au sein de l’Union Européenne. En Pologne, entre 2001 et 2003, le parc a cru de 4,2% par an et les véhicules neufs ont participé à hauteur de 78,6% à cette croissance. Entre 2004 et 2010 (la Pologne est entrée dans l’UE en 2004), le parc polonais a cru de 7,6% par an mais les véhicules neufs ne représentaient plus que 34,1% de cette croissance.  Cela est directement lié à la hausse des importations de véhicules d’occasion en provenance des pays d’Europe de l’Ouest facilitée par le principe de libre circulation des biens dans l’UE, la Pologne ayant importé 3,5 millions de VO entre 2004 et 2008 (contre 600 000 entre 2000 et 2004).  Selon Bernard Jullien et Tommasso Pardi, "cette ouverture forcée des pays  à l’import de véhicules d’occasion a réduit le potentiel de leurs marchés VN de 50 à 60% et conduit à faire de leurs usines des sites dédiés à l’export". Des VO qui plus est particulièrement âgés ; en Pologne, 47% des VO importés en 2011 avaient plus de 10 ans.Un effet "collatéral du marché unique" qui a en outre échappé au groupe de travail de haut niveau Cars 21 (chargé de faire des propositions pour l’industrie automobile européenne), soulignent les deux économistes. Le contrôle technique comme facteur de régulation ?Les tentatives de pays comme la Pologne et la Roumanie de mettre des barrières à l’entrée sur leurs marchés pour les VO importés ont été avortées – à juste titre – par la Commission européenne. En revanche, comme le soulignent les deux économistes, les constructeurs pourraient eux plaider la mise en place de politiques encourageant l’achat de véhicules plus petits, moins chers et plus verts ainsi que celle d’une réglementation visant à réduire le flux des VO au bénéfice de la sécurité routière et de la baisse des émissions de CO2.C’est sur ce point qu’un renforcement et une homogénéisation du contrôle technique européen pourraient jouer un rôle. Si le projet conduit bien à augmenter les points de contrôle obligatoires, les parcs anciens pourraient être fortement pénalisés (notamment en Europe de l’Est) et les automobilistes contraints d’arbitrer entre des réparations coûteuses et l’achat d’un nouveau  véhicule. Aux constructeurs ensuite de construire une offre en ligne avec les budgets de cette potentielle clientèle. Sources : www.autoactu.com