Nous assisterons probablement dans les prochaines années à des chamboulements au niveau du paysage des concessionnaires automobiles, que ce soit en Europe mais aussi à Luxembourg.
Tout d’abord la pression sur les marges se fait de plus en plus sentir et les constructeurs fixent des objectifs toujours plus ambitieux aux garages et concessions que ce soit au niveau corporate identity ou tout simplement en termes d’objectifs de vente. Oui avec l’internet, des comparateurs de prix, les concessionnaires font des rabais de plus en plus importants (du moins sur certains modèles) et ils auront de plus en plus de peine à assurer le financement de leurs locaux et personnels. Nous assisterons donc immanquablement à une concentration du nombre de concessionnaires, mouvement que nous avons déjà observé avec la venue des concessionnaires multimarques, mais qui devrait aller en s’accélérant.
D’autre part, les jeunes consommateurs configureront de plus en plus leur voiture sur internet, sans nécessairement passer par une concession pour aller chercher un prospectus, demander les conseils d’un vendeur et effectuer un essai. Il n’y a donc qu’un pas que les constructeurs automobiles devront effectuer afin de changer le rôle et aussi l’aménagement des concessions. Ce sera à l’avenir, plutôt un lieu de rencontre, de discussions entre professionnels plutôt qu’un lieu ou on passe uniquement la commande la commande.
Et de plus nous voyons apparaître aux USA des sites internet où l’on ne choisit plus sa voiture en fonction du prix, mais en fonction de la mensualité que l’on est prêt à délier pour pouvoir jouir de sa mobilité. Ainsi l’on peut taper $199 et il sortira une liste de voiture disponible pour ce prix de loyer mensuel, ce sera alors une Fiat 500 ou même une Toyota de milieu de gamme. Un conducteur plus fortuné pourra taper $459 et il aura le choix entre une série 3 ou un Jeep Cherokee.
On achètera ou plutôt leasera sa voiture, comme on le fait avec son iPhone, son abonnement internet etc… . Pour la nouvelle génération, la voiture sera de moins en moins un statut symbole et un objet de possession, mais beaucoup plus un objet de mobilité lié à une utilisation, à un budget mensuel. Plus besoin alors de s’embarrasser à vendre la voiture après X mois, plus de services à payer, tout sera inclusive. Un vrai objet de consommation-mobilité. Ceci sera d’autant plus vrai que nos gouvernements préparent des lois (anti-pollution), mesures répressives en cas d’excès de vitesse qui nous feront préférer le TGV pour des déplacements rapides aux voitures de 400 chevaux !
A terme nous pourrions avoir des ateliers de réparation multimarques, quelques grosses concessions, et même peut-être des garages spécialisés dans les essais sur route de voitures, bien évidemment contre un « fee » qui pourrait être remboursé si il y a effectivement un acte d’achat qui suit l’essai. Et aussi une proportion de vente effectuées directement par internet avec une adresse de livraison du véhicule qui ne sera plus nécessairement le garage de la marque, mais un prestataire de service attitré pour effectuer la remise du véhicule, avec ses papiers, etc….Par contre nous ne croyons pas au fait que les supermarchés puissent vendre avec succès des voitures, l’acte d’achat ou la décision de leasing étant propre au secteur automobile !
Pierre-Yves Augsburger
Crédit photo : menaredelicious.com