Les grands constructeurs automobiles occidentaux vont devoir s'habituer à un rythme de croissance plus faible dans les pays émergents. La hausse du crédit et les incertitudes économiques commencent à peser. Mais, sur le long terme, les besoins restent énormes, selon les grands groupes.
mauvaise nouvelle pour les constructeurs automobiles. Au moment où la crise et le resserrement du crédit menacent les grands marchés occidentaux, la croissance effrénée des ventes dans les principaux pays émergents qui faisaient jusque-là figure de relais de croissance semble avoir atteint un plateau. Au moins pour les quelques mois qui viennent.
En Chine, les immatriculations totales de véhicules ont baissé en octobre de 1,1 %, le premier tassement depuis cinq mois. Les berlines particulières se sont contractées de 2,8 %, avec la fin des incitations fiscales à l'achat de véhicules propres, et les petits utilitaires de 18 %. Le leader local, General Motors, n'espère pas mieux qu'une hausse de 3 % à 5 % pour le premier marché mondial sur l'ensemble de l'année. Si tout se passe bien, l'an prochain devrait être plus actif (+ 7 % à + 10 %), mais les prévisions se sont révélées tellement fausses dans le passé que Kevin Wale, le patron de GM en Chine, préfère rester très prudent. Tandis que le parc automobile explose dans les rues de Pékin, en route pour atteindre les 5 millions de voitures en circulation à la fin de l'année, les villes moyennes s'équipent moins vite, d'autant que la banque centrale a augmenté les taux d'intérêt du crédit 5 fois depuis un an.
En Inde, autre pays très prometteur à moyen terme, le climat s'est détérioré chez les concessionnaires (lire ci-dessous). Le mois dernier, les livraisons de voitures et de deux-roues ont chuté de 24 %, la plus forte baisse depuis décembre 2000, selon l'association des constructeurs indiens.
Autre coup de frein notable au Brésil, le premier marché automobile d'Amérique latine. Sur les dix premiers mois de l'année, la hausse des ventes atteint 5,1 %, mais le vent est en train de tourner au pays de l'éthanol à base de canne à sucre, comme le montre la baisse de 8,3 % lors du seul mois d'octobre (utilitaires inclus). Quant à la production locale, elle a enregistré le mois dernier son plus faible niveau depuis octobre 2006, en recul de 9,5 % sur un an. La hausse du coût du crédit, là aussi, et les incertitudes économiques pèsent sur le moral des ménages.
Enfin en Russie, la folle embardée du marché commence à toucher à son terme, avec la récente fin de la prime à la casse. La fédération professionnelle, l'Association of European Businesses (AEB), s'attend à une croissance de « seulement » 12 % l'an prochain, en net repli par rapport aux 30 % attendus cette année. Des marques comme Lada, filiale de Renault, n'auront plus le secours des coups de pouce fiscaux.(lesechos)