Lors du Challenge Bibendum qui s’est tenu du 18 au 22 mai, Michelin faisait pour la première fois la démonstration d’une de ses dernières innovations, un pneu doté d’une "peau" intérieure qui s’auto répare.

 "Nous avons un certain nombre d’innovations en démonstrateur dont beaucoup ne verrons jamais le jour", reconnaît Philippe Denimal, directeur de la recherche de Michelin. Quel sera le sort réservé à ce pneu "increvable" ?Clairement, la démonstration faite lors du Challenge de ce pneu roulant sur 3 clous de 5 mm de diamètre sans aucune perte de pression, est impressionnante et plaide en faveur de cette nouvelle invention qui doit désormais convaincre les constructeurs.Concrètement, l’intérieur de la bande de roulement est recouvert d’une peau qui dès qu’elle est percée se répare. "Sous la pression de l’air, la peau vient reboucher le trou", explique Philippe Denimal. Un procédé similaire avait déjà été utilisé par le groupe, mais avec une matière moins aboutie (la gamme Protectis de Kleber n’est plus commercialisée).  Les chercheurs ont poursuivi leur travaux pour fabriquer une matière constituant la "peau intérieure du pneu" ayant "toutes les qualités nécessaires" pour laquelle une quinzaine de brevets ont été déposés. La "stabilité" de la matière notamment qui conserve ses qualités dans le temps et dans les conditions d’échauffement subies (70° pour les pneus VP, 105° pour les poids lourds). Ainsi, cette nouvelle gomme ne sécoule pas dans le bas du pneu (lors d'un stationnement) et ne provoque pas de vibration, comme c'était le cas dans l'expérience précédente.Seule la bande roulement est protégée car "86% des crevaisons sont des problèmes de perforation du sommet", explique Philippe Denimal. Ce pneu est conçu pour résister à des perforations jusqu’à 5 mm de diamètre et plus de 50 fois, soit "jusqu’à la fin de sa vie", assure Philippe Denimal. "Nous sommes en phase de test et nous en avons beaucoup qui roulent en clientèle, nous savons que cela fonctionne."Michelin présente ce pneu publiquement pour la première fois pour mesurer les réactions.L’intérêt de ce pneumatique est à la fois d’offrir une assurance aux clients (une crevaison a lieu en moyenne tous les 75 000 km en Europe, tous les 3 500 km dans certains pays d'Asie) et de permettre la suppression de la roue de secours. Un gain de place (80 litres environ) et de poids (30 kg) appréciables mais qui comporte également un risque commercial, puisque selon les chiffres communiqués par Michelin, 30% des clients renonceraient à acheter un véhicule qui ne comporte pas de roue de secours.Une autre invention du groupe, le Pax, avait déjà tenté d’apporter une réponse à la même problématique. Il s’agissait à l’époque d’un pneu capable de rouler "à plat" mais un certain nombre de contraintes (équipement spécifique pour les réparateurs, poids accru, notamment) ont conduit Michelin à en stopper la commercialisation. Avec un surcroît de poids de 1 kg "qui sera rattrapé par ailleurs", assure Philippe Denimal, ce pneu increvable présente donc les mêmes avantages sans les inconvénients. Pour autant, le manufacturier n’a pas encore "pris la décision d’y aller", ce qui ne permet pas d’envisager la commercialisation de ce pneumatique avant 2014

(autoactu)