En 1937, au Salon de l’automobile et de la motocyclette de Berlin, Opel présente deux nouveaux modèles dotés d’une motorisation révolutionnaire : la Super 6 et l’Admiral. Toutes deux disposent d’une technologie avancée. Conçue à l’origine comme une voiture du segment medium luxe, la Super 6 reçoit un moteur six cylindres en ligne de 2,5 litres développant 55 ch. A ses côtés, la berline de luxe Admiral est équipée d’un six cylindres de 3,6 litres offrant un couple généreux et 75 ch. Les deux moteurs partagent une particularité technique : ils ont des soupapes en tête. Sur la Super 6 et l'Admiral, les soupapes sont actionnées par un arbre à cames entraîné par une cascade de pignons.

Le lancement de ces nouveautés intervient juste au moment du 75e anniversaire d’Opel, et présagent d’un bel avenir. La Super 6 prépare l’arrivée de la populaire Opel Kapitän de 1938, dotée d’un moteur moderne de 2,5 litres. Avec les débuts de la grande Admiral, Opel revient sur le segment de véhicule de luxe et jette les bases d’une production de berlines de prestige à Rüsselsheim.

Un moteur fort en couple et des lignes séduisantes

Pour le 75e anniversaire du constructeur, Adam Opel AG dévoile deux véhicules de très haut niveau lors du Salon de l’automobile de Berlin en février 1937. La fabrication de ces deux voitures, la Super 6 et l’Admiral, représente une ouverture vers l’avenir.

Avec la Super 6, le constructeur monte pour la première fois des soupapes en tête sur un véhicule de grande série. Les soupapes sont actionnées par un arbre à cames entrainé par une cascade de pignons, qui agit sur des poussoirs et des culbuteurs. Le moteur six cylindres en ligne 2,5 litres à course courte offre 55 ch et permet d'atteindre une vitesse de 117 km/h. Cependant, ce qui est capital, c’est qu’il peut tenir une allure de croisière à 100 km/h, puisque les « qualités autoroutières » deviennent un élément essentiel à l'ère de la production de véhicules modernes. Le moteur peut tourner longtemps à haut régime et brille par la générosité de son couple, son onctuosité de fonctionnement et sa fiabilité exemplaire, dans la grande tradition de robustesse Opel. Le catalogue de l'époque vante ainsi les qualités de la Super 6 : « Des qualités qui étaient auparavant l'apanage de voitures coûteuses et de sportives à hautes performances sont maintenant accessibles sur des berlines moyennes grâce à l’arrivée de la Super 6 ». La puissance du moteur prédestine naturellement la Super 6 à une vocation sportive. En prenant pour base la Super 6, est développé un véhicule tout-terrain sportif de 65 ch qui dominera toutes les épreuves sur piste et d’endurance en décrochant plusieurs prix dont la Coupe des Alpes allemande.

Le client se voit offrir le choix entre une berline à quatre portes et une version cabriolet, deux modèles d’usine. A partir de 1938, une berline deux portes est aussi disponible. Contrairement à l'Opel Olympia qui a inauguré en 1935 la construction monocoque, la Super 6 continue d’être construite selon un schéma classique avec un châssis séparé, sur lequel vient se monter une carrosserie. Ce qui convient bien à plusieurs carrossiers indépendants tels que Hebmüller, Autenrieth, Buhne ou Gläser qui réalisent sur mesure des roadsters ou des cabriolets sur la base de la Super 6. Le slogan publicitaire adopté à l'époque pour la nouvelle Super 6 est « Moteurs puissants, courbes attrayantes ».

Avec la Super 6, Opel poursuit sa domination du segment des six cylindres et consolide sa place de plus grand constructeur automobile européen. Jusqu'à l’apparition du modèle qui allait lui succéder, la « Kapitän » en 1938, quelque 46.453 Super 6 auront été construites.

« La perfection, née du mariage entre la beauté et la puissance »

La nouvelle voiture de luxe d'Opel, l'Admiral, est lancée en même temps que la berline Super 6. Ce nouveau haut de gamme fait forte impression avec ses formes imposantes et son habitacle élégant. Sa ligne est fluide et tire son inspiration de la période art déco. Opel couronne sa gamme avec ce nouveau modèle de luxe qui, pour la première fois, porte le nom de « Admiral ». A côté de l’élégante berline, tarifée 6.500 reichsmarks, Opel propose un cabriolet quatre portes, offert à un prix de 7.000 marks. Comme avec la Super 6, la nouvelle venue repose sur un robuste châssis séparé. Ce qui permet aux carrossiers de pouvoir exercer leurs talents en montant leurs propres créations.

Le confort de roulement est d’un haut niveau grâce aux suspensions indépendantes sur le train avant. Ce train avant dénommé « suspension Opel synchronisée » s'accompagne d'amortisseurs hydrauliques et d’une barre stabilisatrice. L'essieu arrière Banjo reçoit une suspension semi-elliptique. Il dispose également d’amortisseurs hydrauliques. Le véhicule est propulsé par un moteur six cylindres en ligne de 3,6 litres de cylindrée délivrant 75 ch. Le système de soupapes en tête de l'Admiral est capable de résister aux régimes élevés. Opel précise que la vitesse maximale du véhicule est de 132 km/h et que sa vitesse de croisière oscille entre 110 et 115 km/h. Comme l’assure le catalogue en couleurs d’Opel de cette époque : « la perfection, née du mariage de la puissance et de la beauté ».

Le moteur de l'Admiral, qui se montre si onctueux et fiable, est également utilisé sur l’Opel Blitz. Cela fait du 3 tonnes Opel Blitz le camion disposant de la motorisation la plus sophistiquée de son époque. Il est aussi le seul véhicule Opel disposant d’un gros moteur six cylindres en ligne à soupapes en tête. Après que 6.404 unités soient sorties des chaînes, la production de l'Admiral cesse en raison de l'ouverture des hostilités en 1939.

L’incursion d'Opel sur le segment du luxe va se poursuivre après la guerre, avec la reprise de la production des modèles Kapitän et Admiral. En 1948, la première Kapitän d’après-guerre quitte les chaînes d'assemblage. Ce n’est qu’au printemps 1970 que la production du modèle qui avait succédé avec succès à la Super 6, la Kapitän B, s’arrête. La nouvelle Admiral, dont la production d'après-guerre démarra en 1964, sera commercialisée jusqu'en 1977 et honorera la tradition de sa glorieuse aînée.