C'est ce que l'on nous vaccinait quand nous étions gosses aux cours de religion et on le voyait bien, on était tous des gamins, mais certains avaient le privilège d’être assis sur la banquette d’une Fiat 124 et d’autres sur celle d’une Mercedes 280 SE. Alors ce qui est écrit dans la Constitution de la plupart des États démocratiques ne faisait plus beaucoup de sens à nos yeux. Un pays proche avait même comme devise: Liberté, Égalité, Fraternité, alors tout le monde aurait dû en principe rouler dans une Lada rouge ! Devant la loi, cependant nous sommes aussi apparemment tous égaux..Quoi que…. !
Par contre sur la route, cette devise n'est pas toujours valable et surtout ne nous prenez pas pour des démagogues ou des xénophobes, nous sommes de simples observateurs. Nous insistons aussi à l'égard des certains constructeurs mentionnés dans cet article et faisons valoir la phrase classique «Toute ressemblance avec des voitures existantes ou ayant existé est purement fortuite».
C'est dans les années 90 que nous avons été sensibilisés la première fois, certaines voitures et certains conducteurs n’étaient pas égaux sur la route. A chaque fois que nous nous trouvions derrière une nouvelle Ford Scorpio, nous étions ralentis, alors qu'à l'époque il n'y avait pas encore deux radars à chaque coin de rue. Et une Scorpio avait la gueule de poisson à demi-vivant, elle semblait accepter son sort qui était tôt ou tard de finir à la friture avec ses yeux globuleux. Alors comment pouvait-elle être conduite différemment, elle tournait sans mettre de clignotant comme si elle agissait au gré d'un courant marin invisible. Et si elle était de couleur beige métallisée, les paris étaient ouverts avec les copains, son propriétaire conduisait à coup sûr avec son chapeau et le Waldy brun avec la tête qui faisait oui-oui posé sur le rebord derrière la lunette arrière.
Il fallait donc prendre son mal en patience quand on avait les feux arrière de ce modèle trop près de son capot avant. Nous nous sommes pris au jeu et nous nous sommes amusés au fil des ans à essayer de trouver les voitures qui manifestement avaient des conducteurs qui ne défrayaient pas les statistiques de la police au niveau des excès de vitesse. C'était a tour de rôle, la Fiesta bleu clair métallisée et lorsque les coréennes ont débarqué les premières I20, souvent conduites par de minuscules dames. De l'arrière, c'était comme si la Hyundai était pilotée par un conducteur invisible, complètement caché par le minuscule appuie-tête. Nous avions le temps de nous arrêter pour boire un café, et en reprenant la route, la I20 était à nouveau devant nous après 3 minutes de route. La conductrice avec les yeux écarquillés qui essayaient de déchiffrer la route en regardent par dessous la jante plastique du volant. Nous aimons aussi nous retrouver derrière une Citroën C3, toujours dans une teinte claire métallisée et sans autocollants, donc rien à voire avec la version de Sébastien Loeb, sa spécialité c’est de déboîter juste devant vous, sans un seul geste de la main pour s’excuser et ensuite rouler à du max 37 km/h dans les zones limitées à 50 et freiner progressivement au moins 850 mètres avant d'enfin tourner à gauche, bien évidemment sans mettre le clignotant. Venait ensuite la période des Renault Modus et Golf Plus, le Plus étant uniquement la pour faire avaler un prix plus élevé et une habitabilité rehaussée, sinon que des moins, la gueule, le comportement routier et de vrais Senna au volant, ups… .
Mais, nous serons bientôt sauvés avec les voitures autonomes, nous n'aurons plus à nous amuser à détecter les dinosaures de la conduite. Il nous restera juste a faire nos e-mails au volant. Nous conduirons tous les mêmes voitures, de la même façon, et enfin, nous serons tous égaux, à moins que ce ne soit la couleur qui fasse la différence…
Ted Pistonheads