L’être humain a  toujours rêvé d’une voiture volante. Les plus grands noms de la  science-fiction nous ont dessiné des villes avec des sortes de soucoupes volantes présentes tant dans les airs que dans le trafic sur des autoroutes traversant même les gratte ciels. Un imaginaire qui fait appel à notre besoin de liberté poussé à l’extrême. Il est si tentant au beau milieu d’un embouteillage, d’activer le mode avion et à nous le saut de puce salvateur par les airs pour atterrir 5 kilomètres plus loin sur une route à la circulation miraculeusement fluide.

 

Anna Barbara Productions, dans les années 60, a imaginé dans sa série animée cette famille Les Jetsons qui vit dans le futur et assure ses déplacements avec une soucoupe volante qui peut aussi rouler sur les autoroutes futuristes.

 

 

Le cinéma a aussi eu sa dose d'engins volants, dans  Blade Runner, le film présente les cieux de Los Angeles en l’an 2019 livré à des spinners, de superbes appareils à décollage vertical conçus par le génial illustrateur Syd Mead, grand habitué des projets automobiles futuristes. Une décennie plus tard, Le 5e Element et Immortel (Ad Vitam) empliront quant à eux les grandes villes de taxis aériens. Au XXe siècle, la voiture volante est avant tout un objet de science-fiction, un appareil de libération personnelle qui a fait les couvertures des magazines, pour faire rêver….

 

Les premières voitures volantes…

C’est ainsi que de nombreux inventeurs se sont attelés à la construction d’une voiture volante, la première que nous avons retrouvée est un prototype dessiné par Glenn Curtiss en 1917. Et depuis nous avons assisté pratiquement toutes les années à de nouveaux prototypes qui volaient et roulaient, mais pour diverses raisons n’ont jamais dépassé le stade soit du prototype soit de la mini-série, tel ce Convair Modell 118 (voir photo principale de l'article) testé avec succès le 15 novembre 1947.

 

La plus célèbre des voitures volantes est sans doute l'Aerocar, un appareil modulaire rêvé, conçu, construit, commercialisé et amélioré pendant près de quarante ans par Moulton" Molt" Taylor, et qui marquera toute une génération d'Américains à la fin des années 1950.

 

Aerocar

 

La quadrature du cercle…

Au fil des années, il est apparu que le challenge est bien plus compliqué qu’il n’y parait de prime abord. Les caractéristiques d’une voiture et d’un avion sont fondamentalement différentes. Pour voler, il est nécessaire de construire le plus léger possible, et pour rouler avec les normes anti-bruit, celles liées à la sécurité, il est nécessaire de renforcer la carrosserie et le châssis en de nombreux points, d’où des kilos supplémentaires et plus la voiture sera lourde plus les ailes devront être longues et plus il sera difficile de les replier pour un usage sur route. A ce stade, nous ne parlons même pas des normes relatives à la consommation de carburant. Et une voiture volante doit également satisfaire aux normes sévères des crash-tests. De façon objective, une voiture volante pourrait être à la fois une mauvaise voiture et un mauvais avion!

 

Un autre problème difficile à résoudre est celui du décollage et de l’atterrissage. Une route n’est pas du tout adaptée, il y a du trafic, une berne centrale, etc…De plus, le trafic aérien est fort réglementé, il est nécessaire avant chaque décollage de donner son plan de vol, de respecter la météo, etc… et bien évidemment, une voiture volante demandera à son pilote d’avoir passé sa licence de pilote d’avion, ce qui n’est pas à la portée de chacun. Un avion doit être approuvé par les autorités en charge de l’aviation, une voiture par celles en charge de la circulation routière. Je ne vous dis pas le parcours du combattant, et le nombre de trous que recevrait votre voiture volante lors de son premier passage au CT de Sandweiler.

 

Au niveau des modes de propulsion, cela va des hélices, au jet, au rotor d’hélicoptère, permettant dans certains cas un décollage vertical, pratique sur la route!  Le moteur de notre voiture volante doit à la fois servir à faire tourner l’hélice dans les airs, mais aussi à pouvoir assurer la traction des roues en situation de conduite sur routes, un autre défi.  La suspension doit aussi être adaptée et réglable, sur route les amortisseurs peuvent être assez souples, par contre à l’atterrissage ils doivent pouvoir supporter plus de 4g.

 

Terrafugia, plus qu’un projet de petit bricoleur….

Aujourd’hui avec le bond fait par la technologie, le rêve d’une voiture volante devient réalité. Et des sociétés comme Terrafugia Transition, une société basée au Massachussetts, sont prêtes à lancer sur le marché ce qu’ils appellent «a street-legal airplane», le prix annoncé est d’un peu moins de 300’000$, et cet engin permettrait des vols de quelques centaines de kilomètres. Il sera possible de décoller et d’atterrir sur un petit aéroport et de poursuivre son trip par la route, pour arriver à son point de rendez-vous. Pratique. La vitesse de vol est de 160 km/h et sur route elle est limitée à 110 km/h, soit la vitesse maxi sur highway US. Pour commander cet engin, il suffit de verser un acompte de 10’000$, la livraison est attendue pour 2016. Et je connais même un avocat d’affaires américain, qui a deux avions, il a commandé ce modèle, il l’attend avec impatience.

 

Terrafugia

 

Une société slovaque est elle aussi en phase de finalisation de sa version Aeromobil, une voiture volante équipée du moteur Rotax 912 et qui peut rouler à 160 km/h, avec une autonomie de 850 kilomètres  sur route et de l’ordre de 600 dans les airs, ceci à une altitude de 6000 pieds. La version 3.0, plus légère que la 2.5 avec un carrossage en carbone devrait débuter les tests avant l’hiver.

 

Souvenirs, science-fiction ou réalité, l’avenir nous le dira !

 

Pierre-Yves Augsburger