A ceux qui trouvent la 458 Italia, pourtant déjà extrême sur route, un peu mièvre, Ferrari propose la 458 Speciale, plus radicale encore. Fille spirituelle des iconiques 360 Challenge Stradale et 430 Scuderia, la Speciale arbore comme elles la bande centrale mais en est-elle la digne descendante sur route ?
Le V8 4.5 développe désormais 605 ch à 9 000 tr/min, soit une puissance spécifique record pour un bloc atmo de 134 ch/l, permis par un taux de compression ahurissant de 14 :1. De plus, le poids total baisse de 90 kg (1 395 kg à sec), grâce à des éléments de carrosserie en fibre de carbone, un vitrage aminci, un capot en plexi, de nouveaux freins en carbone-céramique (taux de silice plus élevé), des jantes forgées et un cockpit délicieusement minimaliste. Notons aussi les amortisseurs magnétiques spécifiques, les ressorts durcis et la nouvelle barre antiroulis. La gestion des changements de rapport a été redéfinie, pour une réactivité meilleure de 44 % au rétrogradage. L’aérodynamique active est elle aussi inédite : elle réduit la traînée avec l’augmentation de la vitesse. Pas étonnant que Ferrari présente la Speciale comme une vraie nouveauté plus que comme une simple version de la 458. Mieux, le système SSC (contrôle d’angle de dérive) permet au conducteur, quel que soit son niveau, de chercher les limites de la voiture mais sans jamais la perdre. En clair, elle autorise des angles de dérive intéressants qu’elle rattrape d’elle-même en théorie.
Plus ferme, l’amortissement n’est pas inconfortable pour autant. Il s’allie merveilleusement à une direction plus lourde mais aussi plus précise que sur l’Italia, des freins plus consistants et réactifs ainsi qu’une boîte à double embrayage à la brutalité judicieusement calculée pour procurer du plaisir. La Speciale ne se révèle donc pas seulement plus dure de suspension, rapide et sonore, non…. Elle s’avère aussi magnifiquement réalisée, homogène et surtout, plus sportive, plus agressive, donc bien plus attractuve, si besoin en était. Surprise, le niveau sonore à bord apparaît bien plus élevé que dans l’Italia, ce qui ne devrait pas gêner les passionnés. On ne retrouve pas des hurlements aussi frénétiques que dans une 430 Scuderia mais le moteur produit des envolées de décibels surprenantes en mode ‘Race’. Plus ennuyeux, les bruits de roulement remontent en masse par le plancher dénudé, même si là encore, vu la vocation hyper-sportive de la Speciale, ça ne devrait pas repousser les acheteurs.Je m’attendais à des gains plus spectaculaires en terme de performances, mais peu importe, car le moteur combine couple très important à mi-régime et rage époustouflante en haut du compte-tours. La Speciale est une auto très, très véloce ! La boîte est désormais plus prompte et efficace dans le coup de gaz qu’elle administre au rétrogradage. Cela rend les freinages tardifs, à l’approche d’un virage, plus brutaux car les pignons génèrent une secousse en s’enclenchant. On a l’impression que la manœuvre s’exécute sans aucune marge de sécurité : si les embrayages se refermaient une demi-seconde plus tôt, on pâtirait d’un blocage des roues arrière. Cette berlinette est tendue à l’extrême, sans strictement aucun jeu de fonctionnement.La Speciale s’équipe de pneus Michelin Pilote Cup 2, que l’on retrouve sur les SLS Black Series et la 911 GT3 : elle se défait en toute simplicité notre route de test pourtant difficile, glissante et jonchée de feuilles mortes. Son adhérence confine à l’incroyable et la direction plus consistante que celle de l’Italia facilite bien les choses, car en outre, elle permet une lecture plus précise de la surface de la route et des réserves d’adhérence des gommes. Quant au système SSC, un mot pour le décrire : sorcellerie ! Il permet de rouler très, très fort tout en demeurant insensible dans ses actions à 99 % du temps.
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