Avec la Renault Fluence Z.E l’énergie se calcule désormais en kW. Double adieu donc au cher carburant hors de prix et aux émissions de CO2, la Fluence Z.E est le premier modèle de grande série qui ouvre la voie pour le constructeur français à un nouveau mode de mobilité 100% électrique.
Il y a deux ans dans les allées du salon de Francfort et encore plus dans l’enclave française du losange, on ne parlait que de la fée électrique et d’ailleurs on se demandait bien comment le pauvre moteur thermique producteur récurent de CO2 allait pouvoir survivre avec cette débauche de kW. Il faut dire que Carlos Ghosn, le patron de Renault, a frappé fort en présentant son plan de bataille baptisée “Renault 2016 - Drive The Change” tout en dévoilant pas moins de 4 concept-cars électriques et en précisant bien que la marque avait pour ambition de devenir le leader mondial de la mobilité durable. Un ambitieux projet dont pour être franc je n’étais pas franchement convaincu malgré les arguments de ce capitaine d’industrie qui ne lâche jamais sa proie en route et va très souvent au bout de ses idées.
PAROLE TENUE !Sacré Carlos Ghosn, il a donc tenu parole. Après les beaux discours et l’effet d’annonce fracassant devant les médias du monde entier au salon de Francfort 2009, le patron de Renault justifie aujourd’hui de manière concrète l’investissement du losange de 4 milliards d’euros dans la recherche et le développement de la voiture électrique en commercialisant le Kangoo Z.E destiné à une clientèle urbaine professionnelle, dont les administrations, et la Fluence Z.E, la première berline électrique grand public.
“LES DOIGTS DANS LA PRISE”Avec le mode tout électrique, on entre dans un autre univers où le carburant se nomme désormais kW. Dans les faits, ceci se traduit aussi par un autre changement majeur, on ne fait pas son plein en quelques minutes à la première pompe venue, mais il faut désormais mettre “les doigts dans la prise” en branchant son auto soit sur une borne spécifique ou bien sur une simple prise secteur 230 V à la maison, car pour ceux qui habitent en appartement l’affaire semble bien plus complexe, à moins d’être le roi de la rallonge. Quoi qu’il en soit, rouler Zéro Émission n’est pas pour tout le monde et demande un changement du comportement car le tout électrique nécessite de revoir profondément sa vision de la route et surtout de ses besoins au quotidien et d’une manière globale. Avec la voiture full électrique, la panne de courant est inévitable si l’on sous-estime la distance totale à parcourir et une fois en rade de jus au bord de la route le plan B n’existe pas, qu’on se le dise.
UNE MISE EN BOUCHE QUI ANNONCE TWIZY ET ZOEPassons sur le Kangoo Z.E dont la légitimité est bien réelle dans le cadre d’un usage professionnel pour découvrir de plus près cette Fluence Z.E testée dans la région du Havre en Haute-Normandie. Répondant à une demande d’un partenaire israélien, Renault a donc sauté sur l’occasion pour se faire la main sur la Fluence en l’adaptant du thermique au mode électrique par une rallonge de 13 cm au niveau de la malle de coffre qui embarque la batterie de 280 kilos. Extérieurement, cette berline tri corps sans réel intérêt stylistique se démarque de sa soeur thermique par son porte-à-faux arrière supérieur mais aussi part des optiques avant et arrière et une grille de calandre spécifiques, sans oublier les monogrammes Z.E. Retenons également la teinte bleue exclusive et caractéristique de la gamme Z.E Renault. Une fois dans l’habitacle, rien de bien excitant puisque l’on retrouve l’intégralité de la présentation de la Fluence thermique (au niveau inférieur de celui d’une Mégane) avec pour unique différence un indicateur de la charge en lieu et place du compteur du régime moteur alors que le compteur de vitesse plafonne pour sa part à 150 km/h. Un petit affichage indique les informations sur l’autonomie. Malgré sa taille extérieure imposante et même disgracieuse, le coffre n’offre pas mieux que 317 litres de volume, soit globalement celui d’une Clio. Sur la route, la Fluence Z.E affiche de belles qualités dynamiques avec même une rigueur de suspension dont ne dispose pas la Fluence diesel par exemple. Il faut dire qu’avec 280 kg dans le derrière, l’amortissement est franchement plus ferme, améliorant ainsi le comportement routier qui est du genre bateau sur la Fluence thermique. Avec 95 ch sur la papier et le couple important du moteur électrique, la Fluence Z.E accélère fort de manière linéaire et dans un silence quasi total, sinon le petit sifflement du moteur et quelques bruits de roulement très light. Malgré l’embonpoint arrière, l’agilité s’avère convenable, ce qui est indispensable car cette Fluence n’est pas taillée pour les longs trajets mais plutôt un usage urbain et extra-urbain et du coup la question délicate de l’autonomie revient au galop. Pour Renault, le discours est simple en affirmant que la voiture est homologuée en cycle européen pour 185 km d’autonomie selon certains critères d’utilisation. Franchement, notre expérience batterie pleine s’est limitée à une autonomie de 96 km tout en roulant comme “un escargot” à la limite de “l’amputation” du pied droit et ce sur un parcours urbain dans le Havre et un aller - retour sur Étretat, très beau au passage même dans la brume de novembre.
L’ÉLECTRIQUE POUR TOUS, OUI MAIS !On peut donc se poser la question de savoir à qui s’adresse réellement cette Fluence Z.E avec son champ d’action limité ? Renault répond que le gros des ventes, 70%, va se faire aux entreprises et 30% aux particuliers et comme une entreprise optimise et calcule ses trajets au quotidien il n’y aura pas vraiment de problème, mais pour un particulier la musique ne sera pas la même avec des besoins différents. En terme de coût, si la Fluence Z.E en finition d’entrée de gamme Expression demeure accessible , il faut inclure en plus la location de la batterie qui en fonction de la durée de l’engagement (comme pour un téléphone portable) et le kilométrage annuel, va engloutir un budget supplémentaire . En plus de la batterie, il est indispensable d’ajouter en option le module Wall Box qui permet une recharge complète en 6 à 8 heures contre plus de 12 heures avec le câble classique sur une prise secteur 230 V. Il reste aussi les bornes publiques dont Renault annonce 50 000 points de recharge dans l’hexagone prochainement. Plus tard il sera également possible d’échanger ses batteries vides pour des pleines auprès d’un concessionnaire de la marque, mais ce système qui va permettre de poursuivre sa route, aux heures d’ouverture du garage, n’est qu’au tout début de son développement, laissons donc le temps au temps et d’ailleurs cette Fluence Z.E est le cobaye de cette nouvelle aventure automobile car 2012 va permettre à la marque française, encore une fois novatrice, de proposer d’autres produits Z.E dédiés au grand public avec le Twizy et surtout Zoe, en quelque sorte une Clio électrique. On vous tient au courant !(auto-mag.info)