Mardi 13 juin dernier, plus de 200 professionnels du secteur automobile et fleet du Luxembourg se sont donnés rendez-vous au Tramshapp à Luxembourg-Ville lors de la Fleet Night. Au cœur des conférences ? La mobilité, mais conjuguée au féminin. Les femmes étaient avant tout à l'honneur cette soirée car, oui, l'automobile et contrairement aux idées reçues n'est pas un marché à dominance masculine. En parallèle des conférences, les experts luxembourgeois étaient invités à tester plusieurs véhicules en test-drives. Les meilleurs Fleet Managers de l'année ont également été distingués lors de cette septième édition de la Fleet Night afin de récompenser les bonnes pratiques d'un secteur en pleine mutation.
"Par définition, le monde de l'automobile est un monde masculin" a d'abord tranché Fabien Amoretti, CEO chez Farvest. Par définition seulement. Car en pratique, les temps ont changé, en vingt années le monde automobile luxembourgeois a évolué et le nombre de femmes présentes dans ce secteur a augmenté. "Néanmoins, l'automobile est encore basé sur une clientèle masculine. Il faut se projeter vers les prochaines années et créé un écosystème qui sait s'adresser à une clientèle féminine" a-t-il indiqué avant de laisser la parole à Lara Vanneste, pilote de rallye qui a réussi à percer et faire sa place dans un monde à dominance masculine. "Les clichés font partie du quotidien des femmes. C'est à l'âge de cinq ans que j'ai découvert cette passion. Au fil du temps, j'ai eu l'opportunité de faire mon premier rallye à 18 ans et j'ai réussi à terminer vice-championne de Belgique une année plus tard. J'ai dû bosser deux fois plus pour m'imposer et gagner en crédibilité dans ce monde très fermé" a-t-elle expliqué. Le rallye est l'un des rares sports où la compétition mixte existe. Lara Vanneste a détaillé : "hommes et femmes peuvent rivaliser dans la même série. La force physique est aussi importante que la force mentale. Une fois la course terminée, quand je sors de la voiture les gens sont surpris de voir une fille". Seuls 10% de femmes travaillent dans le secteur de l'automobile mais "elles restent cantonnées à certains métiers, il est parfois difficile d'y faire carrière car il y a des freins ce qui empêche les femmes de progresser" a-t-elle analysé.
"Savoir oser et penser différemment"
Jennifer Cunningham, Head of Talent, Human Relations & Change Management à la Banque Degroof Petercam a ensuite pris la parole sur le thème, la mobilité classique : le chant du Cygne ? Elle est revenue sur les pratiques innovantes mises en place au niveau du recrutement et du management. "Il faut d'abord savoir oser oser et penser différement. Les deux banques, Degroof et Petercam ont fusionné l'an dernier et nous souhaitions accompagner chacun de nos collaborateurs dans la transformation structurelle, culturelle et organisationnelle de la société. Nous avons par exemple fait appel à un anthropologue pour épauler les personnes et mieux les rassurer" a-t-elle expliqué. Elle reste également convaincue que le recrutement des collaborateurs peut être réalisé sans différents intermédiaires mais en se focalisant sur la communauté, à savoir les collègues ou encore les réseaux dont LinkedIn. "Nous avons recruté 40 personnes ces douze derniers mois en validant la totalité des périodes d'essais, nous avons économisé 450 000 euros, nous connaissons nos besoins et nous pouvons recruter la bonne personne, au bon rôle et au bon moment" a détaillé Jennifer Cunningham. Elle s'est également posée la question du futur rôle des Fleet Managers, "il va falloir s'adapter car le secteur est en pleine mutation car les clients internes ont des besoins différents".

















"Plus sensibles à l'environnement"
S'est ensuite suivie une table ronde avec cinq HR et Fleet Managers, expertes du secteur automobile au Luxembourg. Myriam Muzzolini, du Garage Muzzolini, Caroline Albert, de la Compagnie de Construction Luxembourgeoise, Joëlle Heyder de Citibank, Ségolène Richardeau d'ALD Automotive, et Amna Buessard de Guardian Europe ont discuté du rôle des femmes dans ce secteur, de leurs attentes ou encore des recommandations en termes d'expérience client. "La femme a de plus en plus son mot à dire, elles n'ont ni les mêmes priorités que les hommes, ni les mêmes visions du véhicule idéal" a remarqué Joëlle Heyder. "Elles souhaitent effectivement des marques plus féminines, avec des options plus féminines aussi. Le confort pour les enfants par exemple est beaucoup plus important que la puissance du véhicule" a ajouté Amna Buessard. Ségolène Richardeau est entrée dans les détails : "elles privilégient les véhicules où l'assise est plus haute et plus design. Elles sont également plus sensible à l'environnement et elles peuvent sensibiliser les collaborateurs face aux problèmes écologiques et aux émissions polluantes en général. "Et quand la voiture est destinée à Monsieur, Madame vient toujours avec lui pour l'essai en test drive" a complété Myriam Muzzolini. Selon Joëlle Heyder, les femmes contrôlent mieux leur leasing que leurs penchants masculins. "Je suis Fleet Manager dans un secteur assez élitiste et conservateur, nous avons une carte policy bien définie avec des modèles déjà choisis. Il suffit de travailler avec des personnes et des concessionnaires innovants, et surtout discuter des besoins pour proposer les meilleures offres possibles" a conclu Caroline Albert.
"Luxembourg est une ville qui fait confiance aux femmes"
Sarah Bovy, pilote de course, Lamborghini, est revenue sur les apports du sport automobile pour les véhicules du quotidien. "Dans ces courses, on teste des nouvelles choses comme les technologies. Par exemple, toutes les nouveautés que l'on retrouve aujourd'hui ont été développées et intégrées trois voire quatre ans auparavant dans les voitures de course. Ces courses participent aussi au développement de l'image de marque. Le monde du sport peut apporter quelque chose sur tous les secteurs du domaine automobile" a-t-elle indiqué. Lydie Polfer, bourgmestre de Luxembourg-Ville a clôturé la soirée de conférences : "Luxembourg est une ville qui fait confiance aux femmes. La mobilité fait partie des sujets et des défis les plus importants pour notre ville avec le logement. Un exemple avec des chiffres : la ville compte 115 000 habitants pour près de 180 000 emplois, or sur les 115 000 habitants, seuls 50 000 entrent dans le processus économique. D'où l'importance des travailleurs frontaliers notamment" a-t-elle débuté. "Nous avons besoin de toutes ces personnes en ville, les trajets deviennent de plus en plus long à cause des embouteillages. Les transports publics ? Oui, mais les possibilités ne sont pas sans limites et la collaboration avec les gouvernements amis et voisins reste très importante pour les questions liées à la mobilité" a conclu Lydia Polfer, "curieuse de découvrir quels ont été les meilleurs Fleet Managers de l'année".