Le marché de l'emploi luxembourgeois vit une évolution a priori paradoxale: tandis que de nombreux entrepreneurs peinent à trouver de jeunes recrues, le chômage des moins de 26 ans prend des proportions de plus en plus inquiétantes.Deux explications sont avancées: une formation et de base inadaptée mais aussi un problème de mentalité de certains jeunes, pas suffisamment prêts à se battre pour leur emploi. Exemple concret dans un garage. «Oui il y a un problème», répond sans détours Ernest Pirsch, à la tête du garage du même nom, quand on lui parle de recruter. Le président de la Fegarlux (fédération des garagistes du Grand-Duché du Luxembourg) explique qu'il est difficile de trouver du personnel qualifié auprès de la population résidente: «Les CV que nous recevons ne sont pas adaptés».

Cinq candidats pour 29 postes

Conséquence, il vient d'engager plusieurs jeunes Allemands, n'ayant pu trouver le profil qu'il recherchait au Luxembourg. Un problème que connaît l'ensemble de la branche. Au 23 septembre 2010, 29 postes d'apprentissage de type CATP (certificat d'aptitude technique et professionnelle) étaient proposés par des garagistes. Mais il y a n'y avait que cinq candidats...En parallèle, les moins de 26 ans constituaient pas moins de 17 % des chômeurs en janvier 2010. Et quand on sait que 70 % des jeunes qui entament un apprentissage dans une entreprise y obtiennent un contrat par la suite, la situation interpelle.

Le lycée technique, un choix par défaut

Une problématique notamment liée au système éducatif: «Ce n'est pas que les jeunes soient mauvais, mais il leur manque une certaine base. D'ailleurs quand nous envoyons des apprentis à des stages organisés par les marques de voiture, ils ont toujours des difficultés à suivre au début», explique Ernest Pirsch. Sans oublier le problème de l'orientation. Le lycée technique étant considéré comme un choix par défaut, les métiers manuels n'ont pas la cote. Et les perspectives sont mal connues: «L'époque des mécaniciens qui passent leur temps les mains dans le cambouis est révolue», explique ainsi Ernest Pirsch, soulignant qu'on parle aujourd'hui de mécatronicien, tellement l'électronique a pris possession des voitures.Pour entretenir des voitures équipées de Bluethooth ou qui se gardent toutes seules, de bonnes connaissances en informatique sont tout aussi nécessaires. Sans oublier les possibilités d'évoluer, toutes les marques organisant des formations propres au fur et à mesure que la technique évolue. Mais cette évolution n'est pas arrivée jusque dans la tête des élèves et encore moins dans celle des parents.

Un problème de mentalité

La deuxième grande raison pour le manque de candidats est aussi dû à l'attitude des jeunes eux-mêmes. De nombreux jeunes préfèrent choisir la voie du CITP (certificat d'initiation technique et professionnelle), plus facile que d'entamer un CATP, bien plus contraignant.«Certes il nous faut des CITP, ce sont eux qui font les vidanges, changent les pneus, mais souvent ils se rendent compte par la suite qu'ils ne peuvent pas réaliser la partie du travail la plus intéressante. On a tendance à croire que nous sommes toujours dans un pays où tout va tout seul. Mais les chiffres du chômage montrent que ce n'est définitivement plus le cas», relève Ernest Pirsch. Par conséquent, tant Dan Schroeder qu'Ernest Pirsch attendent beaucoup des réformes actuellement en cours dans le monde de l'enseignement et en particulier de la réforme de la formation professionnelle (qui introduit les DAP, diplôme d'aptitude professionnelle). Ils en attendent notamment un contact plus étroit avec les entreprises, car selon Dan Schroeder, intégrer les jeunes dans les entreprises en tant qu'apprentis est le meilleur moyen de lutter contre le chômage chez les jeunes.

(wort.lu)