Il y a des traditions qui se perdent sans que personne ne le remarque. En 2009 par exemple, la roue en tôle d'acier recouverte d'un enjoliveur en plastique disparaissait du catalogue de la Mercedes-Benz Classe E. L'année prochaine, c'est la banquette avant à trois places qui disparaîtra de la gamme Chevrolet lorsque l'Impala sera renouvelée en 2013. Rares sont les automobilistes à s'en souvenir mais, voici cinquante ans, la banquette était de mise à l'avant de nos voitures. Parce qu'à une époque où les ceintures de sécurité ne concernaient que les pilotes d'avion, l'automobiliste était autorisé à caser autant de passagers qu'il le souhaitait. Parce que la notion de maintien latéral en courbe était inouïe du grand public. Parce que les seuls objets qui encombraient nos poches tenaient dans la boîte à gants dont le volume n'était réduit par aucun coussin gonflable ni aucun climatiseur. Bref, il fut un temps où la banquette était de rigueur, en partie aussi parce qu'elle était meilleur marché qu'une paire de sièges individuels avec réglages séparés. De nos jours, le consommateur apprécie les rangements, les porte-gobelets et l'accoudoir réglable que lui fournit une console centrale imposante. Pour autant et principalement dans les gros pick-up, la mode de la banquette avant lisse et plane perdure de nos jours encore aux Etats-Unis où la distance moyenne parcourue sur les routes désespérément rectilignes de certaines régions la fait préférer aux sièges individuels. Chevrolet est l'un des derniers constructeurs à laisser le choix : sa grande berline Impala peut être commandée avec une banquette ou bien deux fauteuils séparés. Cette vieille tradition trouvera cependant son terme lorsque la Chevrolet Impala sera retirée du catalogue d'ici quelques semaines, remplacée par une toute nouvelle berline éponyme. Les stylistes ont tranché : l'Impala sera dorénavant équipée d'office d'une imposante console centrale, à l'instar de toutes ses rivales. Les ingénieurs aussi ont leur mot à dire, eux qui s'efforcent d'optimiser le fonctionnement des prétensionneurs et des limiteurs d'effort des ceintures de sécurité, tout comme le déploiement des coussins de sécurité. L'efficacité de ces systèmes de retenue n'est optimale que lorsque la tête et le torse des passagers se situent à bonne distance et dans l'axe longitudinal.
Si la banquette disparaît de l'avant des berlines, elle reste disponible dans les pick-up où elle offre la possibilité trois personnes de front, ceinturées. Ce type d'assise lisse libère beaucoup d'espace et il n'est pas interdit de penser qu'on la verra réapparaître à bord d'une nouvelle espèce de véhicules ultra-citradins, où il est toujours commode de se mouvoir pour descendre du côté du trottoir. Affaire à suivre !
Sources : automobile.challenges.fr