Aux Etats-Unis, la hausse régulière du prix des carburants inquiète les industriels de l'automobile au point qu'un institut prédit une perte de 150 000 voitures sur l'année, et plusieurs millions d'ici à 2015. Le prix du gallon (3,78 litres), aux Etats-Unis a franchi, le 27 avril, la barre symbolique des 4 dollars (2,72€) dans quatre Etats américains. Le prix du baril atteint globalement 112 $ alors qu’il était à 85 $, il y a trois mois. Le record date de l'été 2008, à 147 $.Nombre d’observateurs américains jugent que l’économie américaine a retrouvé des fondements solides. Ce sont aussi les conclusions d'un sondage Associated Press auprès de 42 économistes privés, institutionnels et universitaires qui prédisent une croissance régulière, chaque trimestre : 3,2 % au cours du 2e trimestre, 3,4 % pour le 3e et 3,5 %, alors qu’elle n’a été que de 2,2 % au premier trimestre.Les observateurs estiment que le seul facteur qui pourrait faire entraîner une nouvelle récession serait un bond du prix du baril à 150 dollars, même si certains le jugent peu probable, à moins de circonstances extraordinaires. « Il est clair que le carburant à 4 $ le gallon change radicalement la donne de l'industrie », commente le journal Automotive News.Le PDG de Hyundai Motor America, John Krafcik, indique que cette hausse conduit les consommateurs à déjà modifier leurs achats en changeant de segment de véhicule. « Le changement le plus visible est le passage de la voiture de taille moyenne à la voiture compacte », précise-t-il. Il ajoute que ce glissement peut entraîner un transfert de 2 à 3 % d'un segment à l'autre. « C'est-à-dire, beaucoup, commente-t-il : environ 300 000 à 400 000 unités ».« Les changements dans les ventes se sont déjà amorcés en mars et avril, a déclaré, de son côté, Brian Carolin, vice-président Ventes et Marketing de Nissan. Le nombre de miles par gallon est incontestablement la nouvelle valeur », a ponctué le dirigeant.Dans ce contexte, les marques qui disposent dans leur gamme de petits véhicules se réjouissent de pouvoir ainsi faire front et répondre à la demande. De même, plusieurs se félicitent d’avoir implanté les systèmes d’économie de carburant de type Stop & Start ou vont le faire. La hausse du prix du carburant a un impact qui dépasse les ventes de véhicules, puisqu'elle renchérit le coût des transports. Ford Group a déjà annoncé la recherche de solutions d'allègement dans ce domaine. 150 000 voitures de moins sur l'année « Le pétrole est le plus grand risque pour l'économie », a averti, pour sa part, Nariman Behravesh, économiste de l’institut IHS Global Insight, devant une assemblée de cadres de l'industrie, la semaine dernière à New York. Il y a un mois IHS a déjà révisé ses prévisions de ventes d'automobiles lorsque le prix du baril avait augmenté de 10 $. Ses prédictions sont cruelles : la hausse coûtera 150 000 ventes de moins aux États-Unis cette année. IHS pronostiquent des ventes de véhicules légers de 17 millions en 2015. « Mais si les prix du pétrole continuent de grimper au même rythme, vous pouvez soustraire 8,3 millions d’unités cumulées entre 2011 et 2015 », a-t-il averti. Et, conséquence majeure pour le président Obama, « si le gallon atteint 5 ou 6 $, c’est sûr, il ne gagnera pas », a prédit John Boehner, président républicain de la Chambre des représentants, dans une déclaration à l'agence Reuters