Ce mardi 26 septembre, 120 professionnels étaient réunis rue de Bitbourg à l'établissement Namur pour la deuxième édition de la Mobililty Night. Les enjeux : définir les pistes de réflexions et les démarches à entreprendre pour définir la mobilité de demain, sur les thèmes notamment de la mobilité connectée et partagée, des véhicules autonomes et des transports en commun, afin de répondre aux difficultés dans la mobilité actuelle au Grand-Duché.

Repenser la mobilité : une affaire d'Etat

Le discours inaugural de la soirée a été prononcé par Jean Schiltz, membre du Ministère de l'Economie luxembourgeois rattaché à la Smart Mobility. Afin de rappeler que la mobilité était un enjeu majeur au Luxembourg, il n'a pas hésité à affirmer dès le début que le nouvel écosystème de la mobilité au Luxembourg était un des axes stratégiques prioritaires que le gouvernement cherchait à développer.

Après avoir présenté les différentes évolutions de la mobilité au fil de l'histoire, M. Schiltz a fait l'état des lieux des différents acteurs englobant le sujet de la mobilité, ce qui a permis de constater que celui-ci était très vaste, en déclarant notamment que "derrière la passenger economy se cache une data economy", regroupant l'intelligence artificielle, la production participative de données et les données personnelles des usages du trafic. Ainsi, le Luxembourg possède un vivier important d'infrastructures reliées à la mobilité et exploitant ces données. Un vivier en perpétuel mouvement à travers des partenariats, des investissements et des acquisitions, M. Schiltz insistant notamment sur le rôle des startups. Selon lui, leur rôle est primordial et leur rachat par de plus grandes infrastructures ne se justifiaient pas par leur valeur actuelle, mais par leur potentiel de développement.

Enfin, puisque la mobilité est un enjeu pour l'avenir et concerne aussi bien les acteurs privés que les institutions gouvernementales, M. Schiltz conclut qu' "il faut dès à présent penser au futur de la mobilité que nous pouvons tous développer".

 

Comment intégrer le véhicule autonome ?

Philippe Dewost, directeur de la structure du groupe Vinci dédiée à l'innovation baptisée Leonard, a proposé à l'assemblée une expérience collective en filmant son intervention sur le thème : "Le véhicule autonome et son environnement : un dialogue d'intelligences ?" par caméra Giroptic à 360°. A travers un argumentaire complet et rigoureux, l'intervention de M. Dewost a permis un état des lieux de la connectivité et de l'autonomie des véhicules ainsi que de la démocratisation de cette tendance innovante. Là où beaucoup auraient unilatéralement fait les louanges des véhicules autonomes et décrit uniquement les avantages de l'apparition des véhicules autonomes sur nos routes, M. Dewost n'a pas hésité également à développer les points qu'il restait à améliorer pour que ces nouvelles technologies ne soient pas sans risques pour la population. Illustrant ces propos par les différents problèmes connus par les véhicules connectés, M. Dewost rappelait notamment que "l'intelligence artificielle est quelque chose de puissant et d'efficace lorsque vous êtes dans une position standard", arguant que l'action d'une technologie n'avait pas encore pris le dessus sur l'intervention humaine dans la gestion d'imprévus.

Dès lors, plusieurs problématiques se posent : comment développer une mobilité connectée de manière rapide ? Quels sont les scénarii envisageables pour accompagner cette transition ?

Selon Philippe Dewost, il faut d'abord garantir la sécurité de l'être humain et renforcer la boucle entre les véhicules autonomes et les infrastructures extérieures, notamment à travers une meilleure signalisation routière, adaptée aux véhicules autonomes et connectés. Il explique notamment que "nos sociétés sont devenues plus sensibles aux erreurs technologiques".

Les différents scénarii envisageables pour intégrer les véhicules autonomes au trafic quotidien impliquent, selon M.Dewost, de rendre le trafic routier plus discipliné, à travers l'exemple notamment du carpooling aux Etats-Unis, ou encore de déployer une flotte de véhicules autonomes disponibles à l'ensemble des usagers.

Ainsi, démocratiser les véhicules autonomes implique que ces véhicules sachent gérer différents contextes imputables à l'action humaine, d'être capable de développer des infrastructures pouvant traiter des données et les diffuser aux véhicules, et surtout d'adapter la ville à un flux de véhicules autonomes. M.Dewost a ainsi invité l'ensemble de l'assistance à effectuer cette démarche en revisitant la célèbre formule du Petit Prince : "Dessine-moi une ville".

 

Comment repenser la mobilité des collaborateurs ?

Marketing & Innovation Manager chez ALD Automotive Luxembourg, Pierre-Yves Meert est ensuite intervenu pour répondre à la question suivante : "Quelle mobilité pour l'avenir ?", notamment par rapport aux entreprises. Question difficile, car comme l'affirme M. Meert : "Chacun a ses propres besoins en terme de mobilité".

Dès lors, M. Meert s'est attelé à une présentation du Mobility Experience Center développé par ALD. Ce centre permet d'accompagner l'entreprise dans sa recherche de mobilité, et ce en plusieurs étapes. Inspirer tout d'abord, à l'aide des techniques de réalité virtuelle afin de plonger le collaborateur dans une mobilité nouvelle; Identifier, ensuite, les axes de mobilité prioritaires chez l'entreprise à travers une étude participative; continuer et persévérer dans cette réflexion en analysant les résultats de l'étude menée pour enfin tester de nouveaux moyens de mobilité pour l'entreprise de manière concrète.

Une démarche d'aide de la part d'ALD au chevet des entreprises, comme l'illustre la conclusion de M. Meert : " C'est en changeant notre mentalité qu'on va faciliter la mobilité de chacun. Laissez-nous vous aider dans cette démarche".

 

Cette intervention a laissé place à une table ronde sur le même sujet, menée par Luc Dekyndt, Procurement Manager chez Banque Degroof Petercam Luxembourg et qui confrontait différents points de vue. Représentant le point de vue d'une entreprise, Valérie Massin, HR Coordinator Luxembourg & Country Manager, ArcelorMittal, estimait notamment que la mobilité devait être repensé pour le bien-être des employés et de l'entreprise elle-même, insistant notamment sur "la mobilité dont nous n'avons pas besoin" et militant pour une meilleure considération du télétravail.

Se penchant plus sur le rôle des communes, Robert Leven, Echevin de la Commune d'Hesperange, faisait le constat d'un non-confort dans les villes, notamment à Hesperange, en raison des problèmes de trafic. Ainsi, il faut selon lui développer une solution au niveau national, sans vouloir y chercher le profit, afin de désengorger le trafic, notamment la mise en place de véhicules en libre-service.

Enfin, Claude Boden, Fleet Manager à POST Luxembourg, a listé les différents arguments de l'entreprise pour que les employés passent à la mobilité douce. Les différentes solutions se trouvent selon lui dans une meilleure promotion de la mobilité, avec notamment la subvention de pass pour les transports en commun, mais également une meilleure gestion logistique des déplacements des équipes en se rapprochant du client afin d'éviter les aléas routiers.

 

Retour vers le futur

"Nous qui parlons du futur, laissez-moi nous ramener dans le passé". C'est par ces mots qu'André von der Marck, Directeur général de LUXTRAM, a commencé son intervention. En présentant l'historique du tram, qui fait son retour dans les rues de Luxembourg, M. von der Marck a démontré que le Luxembourg  s'était laissé embarquer dans l'individualisation des transports et qu'il fallait aujourd'hui arrêter l'engorgement du trafic, afin de faire revenir la notion de plaisir dans le trajet quotidien.

A travers le come-back de ce nouveau moyen de transport, M. von der Marck souhaite créer une inter-mobilité autour de cette colonne vertébrale qu'est le tram, différentes plateformes multimodales évitant l'usage de la voiture pour beaucoup de frontaliers et l'intégrer dans un espace urbain esthétique et écoresponsable.

M. von der Marck est également revenu avec enthousiasme sur la création de la nouvelle gare de Pfaffenthal-Kirchberg et d'autres projets hors Luxembourg-Ville, militant ainsi pour une décentralisation des moyens de transports utile aux usagers se déplaçant sur le territoire du Grand-Duché.

Car selon M. von der Marck, le tram est un moyen de présenter une nouvelle mobilité plus agréable, moins anxiogène, qui serait alors un atout pour attirer de nouveaux cadres au Luxembourg.

 

Le dernier mot est revenu à M. Carlo Diederich, Directeur Santé et Spa, Domaine Thermal de Mondorf, qui a présenté les différents risques physiques liés au stress et à l'utilisation intensive de la voiture et les différentes solutions que propose le Domaine Thermal de Mondorf. Au programme  séances sportives avec coaching personnalisé, séances de récupération et de détente, mais également des solutions destinées exclusivement aux entreprises. Les interventions "Healtcare at Work" mises en place par l'établissement permettent de développer le bien-être dans le milieu professionnel et de prévenir de certains désagréments physiques et psychiques.

 

Suite à ces interventions de qualité, les speakers et les participants ont pu continuer la discussion autour de l'habituel et chaleureux networking cocktail.

 

Un grand merci à tous ceux qui ont fait de cet évènement un succès et notamment nos sponsors : Total Luxembourg, Enovos, Autolux, Rodenbourg, ALD Automotive, Smart Center Lëtzebuerg, Garage Intini, Enterprise, Autofactoria, Arnold Kontz, Mondorf Domaine Thermal, Garage Chlecq et By Lentz.

 

Benjamin Garnier

Crédit photo : Florian Szefer / Farvest