Les deux nouveaux actionnaires de Saab Automobile AB, Youngman (60%) et Pang Da (40%) se sont engagés à investir 610 millions d’euros à partir de 2012 pour la relance du constructeur. La Chine devrait représenter 40% des ventes de 2017 prévues entre 185 000 et 205 000.
A la suite de la signature, vendredi 28 octobre, du protocole de cession du capital de Saab pour 100 millions d’euros entre Swedish Automobile NV (Swan) et ses partenaires chinois Youngman et Pang Da, le tribunal de Vänersborg a approuvé, le 31 octobre, la poursuite de la restructuration volontaire de Saab Automobile (et ses filiales Powertrain et Tools). Le même jour, l’administrateur nommé par le tribunal, Guy Lofalk a rendu public le plan de réorganisation du constructeur.Saab Automobile AB et ses filiales (immobilières, PR, Outillages, Powertrain, les filiales de distributions aux Etats-Unis et en Allemagne) ainsi que Saab Great Britain (qui était filiale directe de Swan) seront désormais contrôlées à 100% par les deux entreprises chinoises, avec une répartition de 60% pour le constructeur de véhicules Youngman et 40% pour le distributeur Pang Da.Les deux nouveaux actionnaires doivent apporter un prêt relais de 50 millions d’euros pour assurer le financement du processus de réorganisation. Des fonds qui n’étaient par encore sur le compte de Saab lors de l’annonce de ce plan, alors qu’ils auraient dû l’être, a toutefois souligné un communiqué de Saab.A plus long terme, pour 2012/2013, les deux entités chinoises se sont engagées à apporter 610 millions d’euros (5,5 milliards de RMB) pour le redressement de Saab, annonce l’administrateur. Un investissement qui doit assurer la relance de la production, le règlement des dettes enregistrées (pour 150 millions d’euros) et le financement des opérations sur les deux ans à venir, dont l’extension du portefeuille produit.
Plus de 130 000 unités en 2014Le plan de redressement passe par une série de mesures dont un nouvel abaissement du point mort, le développement des ventes dans les pays en croissance et notamment la Chine, la poursuite du développement du plan produit et un repositionnement de Saab sur le segment Premium.Ainsi, déjà passé de 150 000 (du temps de GM) à 120 000 unités par an, le point mort visé est désormais de 100 000 unités par an. Une réalisation qui passe par la baisse des coûts de structure (un plan de réduction de 1 milliard de couronnes suédoises soit 110 millions d’euros vient d’être mis en place) avec la réduction des effectifs de 15%, soit 500 personnes (sur un total de 3 400).La relance de la production ne pouvant pas se faire avant le début de l’année prochaine, les volumes prévus pour 2012 restent modestes avec une prévision entre 35 000 et 55 000. La montée en puissance étant prévue avec 78/86 000 unités en 2013, 130/150 000 en 2014, 170/190 000 en 2015 et 185/205 000 en 2016, comme en 2017. Saab aura produit 11 000 véhicules en 2011 après avoir été contraint, à court de liquidité, de cesser sa production en avril.L’usine suédoise de Trölhlattan est décrite par l’administrateur comme l’une des plus efficace dans son segment avec une production de 29 véhicules par heure. Son efficacité devrait encore s’améliorer avec une prévision de réduction de 40% du fond de roulement nécessaire pour la production d’ici la fin de 2012. L'usine de Tröllhatan sera préservée et produira en 2017, 70% des volumes prévus par le plan de redressement soit entre 130 000 et 149 000 unités, tandis que 30% seront produits dans une nouvelle usine en Chine.Le plan prévoit le retour à un cash-flow positif en 2014 avec à terme un taux de rentabilité de 5%.
L’accès au marché chinoisCe qui permet au plan de Guy Lofalk d’être crédible est la capacité financière de Youngman (qui outre la production de véhicules contrôle des ressources minérales comme le charbon et la silice) et Pang Da (50 milliards de RMB de chiffre d’affaires et une croissance annuelle de 40% sur 2008-2010), mais également leur capacité de distribuer Saab sur le marché chinois.Pang Da y dispose d’un réseau de 1 000 points de vente et dès 2013, le plan de développement prévoit des volumes équivalant en Chine et aux Etats-Unis. Ainsi, dès 2013, la Chine devraient apporter un tiers des volumes de ventes prévus, tandis que sur les principaux marchés traditionnels de Saab (Suède, Etats-Unis et Grande Bretagne) les volumes prévus ne dépasseront pas 53% à 70% de leur moyenne de ventes historique. En 2017, la Chine devrait représenter 40% des volumes vendus (soit entre 74 000 et 80 000 unités).L'essentiel des véhicules qui y seront vendus seront à terme fabriqués en Chine avec la création de deux sociétés (filiales à 100% de Saab Automobile AB, baptisées "Extended Saab" par l’administrateur), l’une contrôlant la production (China Manufacturing Entity) l’autre la distribution (Chine Distribution Entity). Les véhicules fabriqués en Chine le seront "à la fois pour le marché chinois et le marché mondial", précise l’administrateur.
Le développement du plan produitOutre le lancement récent de la 9-5 qui a permis à la gamme Saab qui compte toujours la 9-3 et ses déclinaisons break et cabriolet de passer d’un âge moyen de 7 ans à 4 ans en 2011, la marque compte dans ses cartons deux modèles que les difficultés financières n’ont pas encore permis de lancer la 9-5 break et le crossover 9-4X. Deux modèles qui doivent surtout permettre la reconquête des marchés anglais et américains et le développement sur le marché chinois, tandis que des accords d’importations ont été signés pour la Russie et l’Ukraine.Le positionnement de Saab sur le marché Premium "avec des modèles différenciants" en compétition avec BMW, Audi, Volvo, doit permettre "un business profitable à faible volume", estime Guy Lofalk avec un prix Premium et "une marge unitaire élevée".Le plan prévoit également le lancement en 2013/2014, de la nouvelle 9-3 à laquelle devrait s’ajouter une nouvelle offre dans le segment compact, ainsi que plus tard une nouvelle offre sur le segment executive, note le rapport de l’administrateur, sans plus de précision. L’âge moyen de la gamme devant être ramené à 2 ans en 2014.
Le retour de la confiance"Le point le plus important est de restaurer la confiance et de reconstruire la crédibilité de Saab", relève l’administrateur. C’est la grande inconnue de ce plan, note-t-il, en évoquant la perte de capacité commerciale et de forces de ventes dans des réseaux qui sont restés longtemps sans produit. Il sera crucial pour la marque de revenir avec des nouveautés attractives en ligne avec la demande des clients pour recréer du trafic dans les concessions et attirer un personnel de vente qualifié, souligne-t-il.La reprise de la production n'interviendra cependant pas avant l'année prochaine et dépendra des négociations avec les fournisseurs pour le règlement de la dette, préalable au rétablissement de la chaîne d’approvisionnement. La date de reprise de production sera annoncée courant novembre.