Avec une hausse de près de 500% en dix ans selon l'indice calcule par Knight Frank, les anciennes voitures ont été les actifs tangibles qui ont enregistré la plus forte hausse sur la période. Aujourd'hui, tout le monde en parle, les journaux, les spéculateurs, et même les non-initiés. Sommes-nous arrivés au top du marché et quelles sont les tendances enregistrées en ce début d'année 2016?

 

Nous allons tenter de donner une réponse à ces questions. Tout d'abord, comme nous parlons finance, nous aimerions souligner que les politiques très expansives des banques centrales ont inflaté les actifs tangibles comme l'art, l'immobilier, les montres anciennes et les voitures de collection. Ceci est d'autant plus vrai que les objets en questions étaient convoités par le HNWIs. L'argent facile attirait l'argent facile. Et nous parlons pour le haut du segment de "trophy assets" comme par exemple un Picasso, un loft à Fifth Avenue, une Ferrari 250 ou une Mercedes 300 SL à portes papillon.

De plus, des taux d'intérêts proches de zéro ont canalisé la partie cash du portefeuille vers des actifs qui étaient sensés rapporter plus du fait de leur rareté et donc d'une demande forte.

 

C'est exactement ce qu'il s'est passé ces dernières années et particulièrement avec un effet accélérateur sur ces deux dernières années. Presque toutes les voitures des années 60 et 70 voyaient leur côté plus que doubler, alors que le cash ne rapportait plus rien. Les marchands eux profitaient pleinement de cette tendance, leur stock était financé à du 2% p.a. alors que certains prix prenaient du 10% par mois. Easy game pour eux. Tout le monde parlait de rareté, de demande très soutenue, c'était le dernier moment d'acheter la rare 911 T qui venait d'arriver de Californie dans le showroom. Et les modèles haut de gamme comme certaines Ferrari ou Maserati ne voyait plus des prix s'afficher, les marchands usant du mystérieux "POR" le price on request. Alors en fonction du nom, de la nationalité de l'acheteur, ils ajoutaient à chaque fois quelques dizaines ou centaines de $ ou d'Euro au prix du marché. Ils laissaient les prix monter ou s'envoler en fonction de leur besoin de cash du moment. Ils indiquaient même qu'une 911 était rare, oui elle est rare tant que les prix montent au ciel et que les heureux possesseurs ne veulent pas s'en séparer. Mais rappelons-nous que chaque année, même au début de sa carrière, il y en a eu plusieurs milliers de produites.... et que beaucoup existent toujours.

 

On nous disait aussi que l'internet avait rendu le marché plus facilement accessible, plus global aussi. C'est vrai. Pourtant en ce début d'année, les dernières ventes aux enchères montrent un stock d'invendus de l'ordre de 20 à 30%, alors qu'il était à peine de 10% une année auparavant. Certes, le décalage entre le prix du vendeur et ce que veut bien payer l'acheteur est important quand le marché commence à se retourner. Relevons aussi que le "slowdown" en Chine, la chute des matières premières et des marchés boursiers moins porteurs participent à ce début de retournement qui caractérise les trois premiers mois de 2016 tant pour le marché de l'art que pour celui des voitures anciennes.

 

D'après nos analyses, il y a aussi de plus en plus de voitures qui sont en vente et qui ne présentent pas nécessairement un pedigree ou une qualité à la hauteur du prix demandé. Les acheteurs deviennent plus prudents, et commencent à déjouer le jeux de certains marchands qui se "passent" entre eux les voitures en ajoutant au passage une prime conséquente et font croire que les prix affichés sont des prix de marché....Ce phénomène, particulièrement vrai sur certaines Ferrari des années 80 ou Porsche, commence à être déjoué par les amateurs de voitures sportives, seuls les derniers venus sur ce marchés se font encore prendre....

 

Alors sommes-nous au début de l'éclatement de la bulle qui s'est emparée des voitures anciennes ou simplement au devant d'un sain assainissement du marché et assisterons-nous à une prise de conscience que les arbres ne montent pas nécessairement au ciel? Notre réponse sera nuancée, et peut-être celle d'un Normand, peut- être bien que oui, peut-être bien que non! Dans tous les cas, nous réitérons, comme à chaque fois que nous parlons de voitures anciennes, que l'essentiel est de se faire plaisir à son volant ou au moins à la regarder pour qui a la chance de posséder une Ferrari 250 GTO ou une Lamborghini Miura!

 

 

Et il y aura bien évidemment toujours des affaires à dénicher, même si le marché baisse, comme par exemple des voitures très rares (quelques dizaines ou centaines d'exemplaires) et à l'historique limpide pour les UHNWIs ou alors de vraies voitures d'usine (les ex-work sur) pour les amateurs de compétition automobile. Et garder son argent à la banque ne procure que très peu de plaisir s'il n'est pas rémunéré...

 

Rappelons-nous aussi qu'avec la venue sur le marché de voitures modernes à conduite autonome, le plaisir de conduite passera aux oubliettes, alors qu'avec une ancienne c'est la banane à chaque sortie...

 

Ted Pistonhead