Avec plus d’un millier de milliards de déchets plastiques se retrouvant dans les océans, à la surface ou dans les profondeurs marines, on parle aujourd’hui de l’existence d’un "septième continent". Les initiatives se multiplient alors pour éviter d’en déverser davantage, mais aussi pour nettoyer les océans et recycler ces tonnes de déchets. Avant de l’accueillir au Luxembourg à l’occasion du Mobility Summit du 26 novembre prochain, BEAST est allé à la rencontre de Simon Bernard, le co-fondateur de Plastic Odyssey. Il nous parle ainsi de son ambitieux projet et de la cause environnementale qu’il défend à travers celui-ci.

Comment vous est venue l’idée de créer Plastic Odyssey Expedition ? Quels sont les chiffres (alarmants) que vous pouvez partager avec nos lecteurs et qui concernent notamment la pollution plastique ?

Je suis officier de marine marchande et passionné par l’Océan. Un jour, alors que je faisais escale à Dakar, j’ai été frappé par la pollution plastique mais aussi par la pauvreté de la population locale. J’ai alors pris ma décision d’essayer de résoudre ces deux problèmes en rendant accessibles des systèmes permettant de transformer les déchets en ressource pour les habitants.

Aujourd’hui, chaque minute, ce sont plus de 19 tonnes de déchets plastiques qui sont déversés dans l’Océan dans le monde entier. Ce plastique se décompose ensuite en micro puis nano particules qui entrent dans la chaine alimentaire et finit dans nos assiettes.

Une récente étude a estimé que nous ingérions chaque semaine 5 grammes de plastique… soit l’équivalent d’une carte bancaire !

 

Concrètement, en quoi votre projet consiste-t-il ?

Nous développons, avec l’aide de partenaires techniques, des technologies de recyclage du plastique à la fois low tech (simple à construire et à réparer) et open source (sans brevet). Ces solutions seront partagées au monde entier à l’aide d’un navire laboratoire du recyclage qui sillonnera les océans. Ce navire de 40m partira en 2020 pour 3 années d’expédition le long des côtes des pays les plus pollués. A chaque escale, les différentes technologies seront testées et améliorées avec l’aide de partenaires locaux afin d’être diffusées par la suite au plus grand nombre dans le but d’être répliquées à plus grande échelle.

 

Quels ont été les principaux challenges que vous avez dû relever dans la mise en place du projet ?

Le principal challenge a été de convaincre nos premiers partenaires que ce soit techniques ou financiers. Il y a énormément de projets qui se lancent mais finalement peu voient réellement le jour.

Il a fallu se démarquer, démontrer notre réelle motivation d’aller au bout de nos idées et également gagner en crédibilité. Pour y parvenir, nous avons eu l’idée de réaliser une première phase « prototype » du projet sur un an en 2018, suffisamment ambitieuse pour convaincre des partenaires, mais pas trop, pour avoir le plus de chance d’y arriver. Nous avons construit un navire prototype de 6 m embarquant une micro usine de pyrolyse plastique. "Ulysse" a ensuite réalisé une dizaine d’événements partout en France. Cette première phase a été une véritable réussite : elle nous a permis de faire nos premières erreurs, de rebondir et donc de gagner en crédibilité.

 

Retrouvez la totalité de cet entretien dans BEAST #16

 

Interview par Alexandre Keilmann

Photo : © Laurent Lachèvre