Chez Lotus on a encore le sens du pilotage. Avec cette Exige LF1 limitée à 81 exemplaires (une pour commémorer chaque victoire de la marque en F1) mieux vaut savoir conduire pour mériter son volant. En effet, la petite Exige a tout d’une vraie voiture de sport, rien à voir avec ces «softies» bourrées d’électronique que l’on voit presque à chaque coin de rue. «Gentlemen, start your engine» pour ce test.
Rappelons tout d’abord que les Lotus ont toutes une appellation qui commence par la lettre E. E pour Elise, Exige, Europa, Evora, Elan;,Esprit, Eclat, Eleven etc….La légende nous apprend que c’est peut-être le prénom d’une jeune femme qui a donné cette idée à Colin Chapman, le patron emblématique de la petite marque britannique.
Exige LF1…
Notre LF1 est noire avec un liseré jaune-or comme au temps des Lotus de F1 et du sponsor mythique JPS. Le tout est égayé avec quelques touches de rouge puissant, la note caractéristique des Lotus F1 d’aujourd’hui. A l’intérieur, c’est noir de noir avec sur le cuir des surpiqures jaune or. Avant de prendre place dans le cockpit, nous admirons les belles jantes or, les gros Pirelli Zero, le pot central et l’aileron arrière. Même à l’arrêt, cette Exige nous interpelle, elle est déjà littéralement scotchée au bitume. Un bel insecte qui doit plus souvent butiner du Red Bull que du nectar sucré. Son aérodynamisme a été particulièrement bien étudiée, non pas pour lui donner un très bon CX, mais plutôt pour lui permettre sur circuit et aussi lors des excursions sur petites routes sinueuses de jouer avec les appuis aérodynamiques que ce soit en accélération ou lors de freinages très appuyés. La glace arrière, nous dévoile le moteur, il s’agit d’une base V6 de Toyota de 3.5 litres avec son gros compresseur et délivrant 350 chevaux de feu. Attention à la tempête une fois la pédale de droite enfoncée, cela doit souffler fort, avec un couple de 400 Nm omniprésent, surtout que notre Lotus ne mesure que 4.08 mètres pour un poids d’à peine plus de 1170 kilos.
La vie à bord…
Nous nous installons à bord, c’est toute une cérémonie, presque comme dans une barquette, la souplesse d’un habitué aux séances de yoga aidera beaucoup. Une fois assis ou plutôt quasiment couché, tout tombe dans les mains, un petit volant en cuir, un mini tableau de bord, juste quelques boutons, pas d’horrible navigateur (oui rien pour nous distraire de la conduite sportive, le ton est donné). Juste deux boutons sous la colonne de direction, et c’est tout, le réglage du baquet est bien évidemment manuel. On en vient presque à regretter qu’il y ait une radio, une clim et des vitres électriques. Oui sans ces options et le cuir qui recouvre le tableau de bord, nous aurions peut-être pu encore économiser une vingtaine de kilos.
Alors start your engine, nous ne pensions pas qu’un 6 cylindre Toyota pouvait donner tant de voix. La première est enclenchée avec deux doigts qui guident le mini levier de vitesses, c’est une boîte à câbles, l’enclenchement des rapports est précis. Par contre il faut bien avoir le H en tête, bien décomposer les mouvements. La bestiole démarre, tout d’abord, il n’y a rien de spécial, la visibilité avant est excellente aidée en cela par le renflement des ailes avant, mais elle est vraiment large et il faut tenir le volant des deux mains, pas question d’appeler sa petite amie avec un Gsm. Oui, c’est une voiture à conduire, au moindre coup d’accélérateur, il y a ce monstre positionné derrière votre cou qui ne demande qu’à se réveiller. Le bruit de la transmission est présent, comme le «clonk» à chaque passage de vitesses, celui du roulement aussi et au début l’on se demande comment cette Lotus peut être capable de dépasser les 270 km/h et d’abattre le 0-100 km/h en à peine 4 secondes. Oui, la voiture ne roule pas avec un filet de gaz comme c’est le cas avec les GT ou supercars modernes. Il est nécessaire de dicter son rythme, même à 50 kilomètres à l’heure en ville, sinon elle va s‘arrêter d’elle-même. Oui elle très «demanding» cette Exige, mais l’on sent déjà qu’elle sera si attachante.
Quel souffle et une agilité diabolique…
Une fois le moteur monté en température et le pilote acclimaté à cet environnement qui rappelle à la fois une ancienne et une voiture hypermoderne, nous tentons de chatouiller la pédale de gaz et à égrener les 6 rapports. Oh, quel souffle, quel bruit, et cela pousse vraiment, tout en feeling, quelle direction précise et aérienne à la fois. Nous nous surprenons à essayer de pousser la LF1 dans ses derniers retranchements, les deux mains scotchées au petit volant, sans vraiment y arriver. Le bouton est placé sur sport, ce qui permet au moteur de dépasser les 7000 tr-minutes…ainsi elle saute littéralement d’un virage à l’autre comme une balle de ping-pong lors d’un smash décroché pour la balle de match. Oui, il nous aurait vraiment fallu un circuit pour pousser ou du moins essayer de toucher les limites de la voiture, quel châssis, quel moteur, quel équilibre, quelle direction, quelle fluidité avec cette dose d’adrénaline. A son volant, c’est peut-être plus physique que dans le meilleur gym de Luxembourg, notre LF1 d’un jour est vraiment une voiture de mecs ou pour les femmes qui aiment cela, oui il y en a!
Et avec le temps, on s’amuse vraiment à l’entrée des virages entre le deuxième et le troisième rapport peu après la sortie. L’on se demande même pourquoi la boîte à 6 rapports, oui bien sûr c’est pour les lignes droites du Mans et pour l’autoroute.
Une sportive à 200%...
C’est assurément la voiture la plus sportive, la plus agile que nous ayons eu l’occasion de conduire ces dernières années, elle est vraiment à déconseiller pour les âmes sensibles et douillettes. De plus avec 81 exemplaires, c’est un collector avant l’heure. Par contre, elle n’est pas vraiment faite pour aller faire ses courses au Cactus, mieux vaut souscrire un abonnement annuel pour la Nordschleife ou encore mieux Silverstone.
Merci Colin, merci Lotus et merci à l’importateur luxembourgeois qui se trouve à Schifflange pour la mise à disposition de cette LF1.
Les Plus
Les Moins
Totalement exclusive
Des baquets qui datent un peu
Une sportive exigeante et une grande finesse en toucher de route
Une sportive exigeante
Quel tempérament
Un coffre minuscule
Un vrai collector
Extrême pour la plupart des conducteurs
Pierre-Yves Augsburger