Patrice WALTZING – Partner PricewaterhouseCoopers S.à.r.l.

Jean-Luc Vanquin : Monsieur Waltzing, vous éditez régulièrement à l’attention de vos jeunes conducteurs un catalogue permettant de faire le choix de leur futur véhicule. Pouvez-vous nous détailler votre réflexion ?

Patrice Waltzing : L’approche est très simple, trois facteurs importants dictent notre choix :Le premier est le facteur environnemental : nous désirons des véhicules qui ont un taux d’émission de CO2 le plus faible possible ;Le deuxième facteur est l’attractivité du véhicule aux yeux de nos conducteurs : nous organisons des sondages chez nos conducteurs pour connaître leurs intérêts ;Et le troisième facteur est le prix : nous devons trouver le meilleur équilibre entre attractivité et impact financier pour ces jeunes conducteurs.

JLV : Cela signifie que tous les véhicules sont au même prix ?

PW : Non, nous avons deux « Company Car Policy », une pour le management (les Partners / Directeurs / Managers), et une pour le staff. Les membres du management peuvent choisir entre un véhicule standard prédéterminé ou choisir le véhicule de leur choix en tenant compte de trois limites budgétaires : le prix d’achat du véhicule, une durée minimale de contrat de 3 ans et un budget de location annuel. Le staff, pour sa part, peut choisir dans un catalogue de véhicule. Ces véhicules sont de catégories différentes et ont donc des impacts financiers différents pour les individus.

JLV : Sur le plan du CO2, avez-vous simplement une limite de taux d’émission, ou bien avez-vous un élément dans la Car Policy qui a comme objectif de freiner le kilométrage parcouru avec le véhicule ?

PW : Pour le staff, notre principe est de choisir des véhicules avec un taux d’émission de CO2 le plus faible possible (tout en gardant la notion d’attractivité). Nous avons pour objectif d’avoir une flotte staff dont le taux moyen d’émission de CO2 est inférieur à 100gr. Cette limite nous permet de réduire notre empreinte environnementale mais également de réduire les loyers des véhicules puisque ces véhicules de moins de 100gr jouissent d’une prime environnementale attractive (pour le moment, puisque ces primes devraient disparaître en 2013.) Pour les Partners, Directeurs, Managers, notre « Car Policy » ne stipule pas une limite au niveau du niveau de CO2. Nous choisissons les véhicules standards pour leur faible CO2 mais en cas de choix par l’individu, nous nous réservons le droit de refuser un véhicule. Nous avons un droit de regard sur le véhicule, c’est-à-dire le type de véhicule, mais aussi sa consommation. Le kilométrage parcouru par l’individu est également pris en compte. Il est évident que, pour quelqu’un qui habite à 80 km de Luxembourg, nous allons être beaucoup plus critiques sur le CO2 théorique du véhicule. Par contre, pour quelqu’un qui habite à 4 ou 5 km de nos bureaux, nous serons plus ouverts puisque son impact environnemental global annualisé sera moindre que celui d’une personne qui habite loin de nos bureaux.

JLV : La sécurité est-elle prise en compte dans le choix des véhicules ?

PW : La sécurité est prise en compte au travers d’Euro NCAP. En effet, les sociétés de leasing nous donnent ces informations. Nous nous assurons donc de fournir à nos conducteurs des véhicules qui sont reconnus de niveau supérieur en termes de sécurité.

JLV : Toujours dans l’aspect sécurité, mettez-vous en place par exemple des éléments comme l’apprentissage à la conduite défensive ou ce genre de choses ?

PW : Dans les contrats que nous souscrivons avec les sociétés de leasing, il est prévu une formation à l’éco-conduite. L’objectif est d’apprendre à nos salariés à réduire leur consommation, mais aussi à être plus attentifs, à freiner plus tôt, à accélérer progressivement. Jusqu’à présent, il s’agissait d’une formation théorique mais cette année, nous réaliserons sans doute également une formation pratique.

JLV : La majorité de vos véhicules sont utilisés par de jeunes conducteurs. Y a-t-il une particularité sur le plan assurance ?

PW : Sur le plan assurance, nous n’avons pas de particularité en tant que telle. Nous fonctionnons avec un système de globalisation des risques. Quoi qu’il en soit, nous travaillons beaucoup sur les risques d’accidents. Lorsque nos nouvelles recrues nous rejoignent, elles ont une formation. Nous leur donnons une présentation sur ce que leurs prédécesseurs ont été capables de faire, nous leur présentons des photographies « spectaculaires » de véhicules accidentés. Nous insistons également sur la courtoisie et l’exemplarité que nous attendons d’eux. Leur comportement est l’image de notre société. Parallèlement, nous avons remarqué que le fait de fournir à nos jeunes conducteurs des véhicules qui correspondent à leurs attentes, les rend beaucoup plus responsables par rapport au véhicule. Il y a 8 ans, nous avions des véhicules standardisés, la même gamme pour tout le monde. Aujourd’hui, ils ont la possibilité de choisir et nous avons remarqué que le taux de sinistres et le taux de dégâts sur les véhicules ont fortement diminué.

JLV : Étant donné que vous disposez du parc automobile d’entreprise le plus important du Luxembourg avec 1600 véhicules, je pense que vous avez une Car Policy propre à votre enseigne. Avez-vous des éléments particuliers au niveau de cette Car Policy ?

PW : Comme expliqué précédemment, nous avons deux « Car Policy », une pour le staff et une autre pour les Partners / Directeurs / Managers, qui reprennent les droits et les devoirs de chaque individu. Ces « Car Policy » ont une certaine flexibilité, comme je l’ai dit, au travers du choix de véhicule que peut utiliser l’individu.

JLV : Nous l’avons dit, votre parc d’entreprise est le plus important du Luxembourg, comment se déroulent les rentrées de véhicules ? On sait que les fins de contrat sont toujours des moments qui sont un peu plus difficiles que le jour où l’on va chercher sa nouvelle voiture. Comment ces fins de contrat se déroulent-elles, avez-vous cadenassé les portes de façon à éviter tout abus de la part de vos fournisseurs ?

PW : Oui, nous avons des accords avec nos leasers, nous suivons un modèle standardisé, la Renta (modèle d’analyse des dégâts de la fédération des loueurs belges). Comme je l’ai souligné précédemment, le fait d’avoir adapté notre offre véhicules à la demande des utilisateurs fait que l’on a beaucoup moins de soucis que par le passé. Généralement, les gens font attention à un véhicule qu’ils apprécient. Certains leasers nous proposent des schémas qui couvrent les risques de fins de contrat et éviter les palabres liés aux remises en état. Nous avons décidé de ne pas suivre cette voie. Nous voulons que le conducteur reste responsable et le fait de globaliser les frais de sorties des véhicules tend à déresponsabiliser les conducteurs.

JLV : Cela signifie que les dégâts sur les véhicules en fin de contrat sont à charge des conducteurs ?

PW : À la charge des conducteurs, oui. Avec une franchise prédéterminée liée au coût du véhicule.Il est vrai qu’au niveau des sorties, avec ce système, nous avons peu de problème. De temps à autre, nous pouvons rentrer dans des négociations avec les sociétés de leasing. Bien sûr, il nous arrive d’être en désaccord avec la vision de la société de leasing. Notre plus grosse difficulté est la gestion de la remise en état d’un véhicule qui n’est pas en fin de contrat et qui va être transféré à un nouvel employé de la société. Dans ces cas, le nouveau conducteur exige à juste titre un véhicule en parfait état et nous ne pouvons tenir compte d’une usure normale à la session du véhicule, l’ancien conducteur doit donc prendre en charges cette remise à neuf, ce qui est clairement expliqué dans la « Car Policy ».

JLV : En cas de changement de conducteur, le loueur prend-il à sa charge l’analyse, l’estimation du véhicule ?

PW : Nous avons une clause particulière dans nos contrats qui dicte la procédure à suivre et la rémunération de la société de leasing dans ce cas particulier.

JLV : Le véhicule retourne donc chez le loueur ?

PW : Oui, pour une remise à neuf. Il réintègre ensuite notre flotte avant de repartir pour une nouvelle vie avec un nouveau conducteur.

JLV : Le premier conducteur paie donc les franchises liées aux dégâts ?

PW : Oui. Il peut cependant arriver que nous soyons proches du terme du contrat du véhicule. Dans ce cas, il est possible que nous décidions de casser le contrat en accord avec la société de leasing. Nous avons des clauses spécifiques de rupture de contrat. Cela nous permet également de sortir certains véhicules avant la fin de leur vie sans coût exagéré à notre niveau.