Suite du périple autour de la plus grande réserve d'eau douce du monde avec un long trajet entre Oulan-Oude et la cité balnéaire de Listvianka.

Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige - comme c'est fréquent à Oulan-Oude, au sud la Sibérie -, son regard reste insondable. Depuis des années, le large crâne de Lénine qui domine la capitale de la Bouriatie est tourné vers l'horizon, portant son regard par-dessus les toits de la ville. Massif, imposant pour certains, effrayant pour d'autres. Sur le parvis dominé par la statue, Mazda lance véritablement la troisième étape destinée à rallier Francfort à la veille du salon, en septembre. Les voitures du raid sont disposées sur la place, les deux colorées en rouge n'ayant aucun rapport avec le joug de l'ancienne époque : il s'agit des deux automobiles dédiées aux journalistes allemands, dont ceux du magasine automobile Auto Bild.

Nous entrons véritablement dans le vif de notre sujet. Rapidement, au volant de nos Mazda3, Oulan-Oude et ses 411 646 habitants sont laissés derrière, faisant place à une nature sauvage mais pauvre, celle de plaines toujours plus imposantes et majestueuses même si elles n'ont pas été apprivoisées par l'homme. C'est que ce paysage verdoyant, plutôt accueillant - comme l'illustre la présence éparse de petits troupeaux de vaches - ne peut faire oublier l'hiver si rude qui balaie ces plaines six mois dans l'année. Le thermomètre descend aisément sous les 40 °C au plus fort de ces journées si courtes, rapidement grignotées par la nuit et le blanc manteau neigeux.

La route, la M55, s'y faufile et l'on y roule avec la sensation de retrouver cette route des vacances que l'on préfère à l'autoroute bondée durant les chassés-croisés estivaux. Rapidement, ce serpent à deux voies se met à onduler. De légères collines la bordent, laissant d'un côté le plus grand confluent qui se jette dans le lac Baikal, la rivière Selenga, et de l'autre de longilignes bouleaux qui peuplent ces pentes escarpées aux côtés des pins et des quelques séquoias mieux armés pour l'hiver. Les rails du transsibérien et la M55, voies (très) animées Alors que les kilomètres s'avalent, que la journée se fait plus chaude, une ligne de chemin de fer apparaît au loin. En se rapprochant, elle semble jouer autour de nous à nous surprendre, parfois à gauche, parfois à droite, parfois la traversant, occasionnant des bouchons dignes d'une sortie de bureaux parisiens. Le tracé du mythique transsibérien - car c'est bien lui - n'est pas seulement réservé à des clients fortunés désireux de traverser la Russie par les rails. Les wagons de marchandises, de citernes, d'automobiles s'y suivent par dizaines, tirant un cordon ombilical entre la mère patrie et ses provinces... Si le rail paraît le plus souvent encombré, la route l'est aussi. La M55 est l'unique tracé qui fait la jonction avec les plus grandes villes russes de l'est du pays. Alors, les camions y roulent par dizaines, transportant bois, citernes et toutes sortes de marchandises dissimulées sous d'immenses bâches abritant tant bien que mal de l'omniprésente poussière.

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