Pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 imposés aux constructeurs, l’allègement des véhicules pourrait être une solution. Elle est pourtant défavorisée par le règlement européen alerte l’association européenne de l’aluminium (EAA) qui espère le faire évoluer lors de sa révision.

Le règlement européen relatif aux émissions de CO2 des véhicules particuliers prévoit d'étaler sur la période 2012-2015 l'effort demandé aux constructeurs pour ramener la moyenne des émissions de CO2 des voitures à 120g/km pour l'ensemble des véhicules vendus sur le territoire européen, contre 159 grammes/km en 2005. Chaque constructeur a son propre objectif- fonction des émissions de sa gamme- qu’il devra atteindre par palier d’ici 2015; 65% de sa gamme de VN en 2012, 75% en 2013, 80% en 2014 et enfin 100% en 2015. Le compromis introduit un second objectif pour 2020 de 95 g de CO2/km. Pour les VUL, les constructeurs devront atteindre les objectifs moyens de 175 g en 2017 (contre 203g en 2007) et de 147 g pour 2020. Ceux qui n’atteindront pas leurs objectifs devront payer une amende.Parmi les différentes solutions offertes aux constructeurs pour réduire leurs émissions moyennes, figure l’allégement des véhicules, engendré notamment par la substitution de matériaux plus légers à l’acier.  Selon l’association européenne des producteurs d’aluminium, EAA, réduire de 100 kg le poids d’un véhicule (le poids moyen en Europe est 1 372 kg) permet de réduire de 9 g/km les émissions de CO2 (en sortie d’échappement). "L’allègement du véhicule est une solution à la nécessaire réduction des émissions et l’aluminium est le matériau léger de substitution idéal car il permet de réduire le poids du véhicule sans perdre en sécurité", souligne Bernard Gilmont, building & transport director de l’EAA.  Aujourd’hui les véhicules contiennent en moyenne 132 kg d’aluminium. "La solution de l’allègement est pourtant fortement handicapée par le règlement CO2", souligne M. Gilmont. Une méthode de calcul défavorable à l’allègementPour calculer l’objectif de chaque constructeur, le règlement s’appuie sur la masse des véhicules, multiplié par un coefficient. Après de longues négociations, il a en effet retenu la masse et non pas l’empreinte au sol des véhicules, pour que les efforts de réduction soient bien répartis entre les constructeurs ; certains constructeurs allemands notamment auraient eu sinon des objectifs beaucoup trop élevés à atteindre. "Le problème est que l’objectif des constructeurs est réévalué chaque année en fonction de leurs gammes. Aussi, puisqu"on se fonde sur la masse, si un constructeur réduit le poids de ses voitures, son objectif sera encore un peu plus bas et vice-versa", explique M. Gilmont. A titre d’exemple, pour un constructeur qui se rapprocherait de 10 g de son objectif en allégeant de 130 kg son véhicule, son objectif sera automatiquement abaissé de 6 grammes (passera par exemple de 126 g à 120 g) selon la méthode de calcul du règlement.  Le constructeur ne se sera rapproché que de 4g de son nouvel objectif.Pour M. Gilmont, la solution la plus équitable aurait donc été "de ne pas réévaluer  l’objectif". En fin d’année, le processus de révision du règlement va commencer. Pour éviter que les constructeurs choisissent d'alourdir leurs véhicules pour réduire leur objectif, la commission avait prévu de réviser en 2014 le coefficient à appliquer à la masse moyenne des véhicules. "Nous espérons faire changer le paramètre de calcul dans le nouveau règlement prévu pour fin 2012 en le basant sur l’empreinte au sol ou le faire modifier pour que l’effet pervers de la formule de calcul soit corrigé", explique le représentant de l’EAA.  Un tel changement ouvrirait de nouveaux potentiels pour l’industrie européenne de l’aluminium sur le marché automobile. Reste néanmoins à dépasser le problème du surcoût engendré par l’allègement d’un véhicule. Sans chiffrer les différences de coût entre l’utilisation de l’acier et de l’aluminium, M. Gilmont note que les constructeurs sont prêts à opter pour cette mesure si elle ne représente pas un surcoût allant au-delà de 4 euros  par kilo d’allégement.

(autoactu.com)