Pour le commun des mortels ou le client lambda, la messe est à peu près dite: il n'y aura probablement pas de salut dans le tout électrique comme on le conçoit aujourd'hui. Il faudra donc revoir les copies et pendant ce temps, cela fait jaser dans les chaumières tout en occupant les services marketing... Mais, être contre pour le plaisir d'être contre serait suicidaire, car, on l'a dit et répété, ce n'est pas la traction tout élec que nous critiquons, loin de là, mais uniquement son manque d'autonomie et sa dépendance chronique à la rallonge.
QUELQUES GENERALITE Il y a tout de même un domaine où cette énergie a certainement une jolie carte à jouer, c'est dans la livraison de proximité, la messagerie, le vite vite on livre, la petite distribution, le petit dépannage, le transport de courte durée,... en un mot: l'utilitaire léger. Et on voit déjà se profiler quelques secteurs d'artisanat intéressés dans cette démarche, quelques collectivités, La Poste, EDF, GDF, les professions libérales de santé ou autres... tout ceux et celles qui se déplacent à longueur de journée sur de petites distances et qui, au retour, ont toutes latitudes pour se raccorder à la borne de chargement rapide qui va bien, celle naturellement payée par les employeurs soucieux de profiter des mannes gouvernementales en la matière, des coûts minimalistes de l'énergie consommée avec un zeste éventuel de bien-être éco-citoyen pour les plus fervents... si, si, j'en connais un ou deux ! Parmi les constructeurs en pointe dans le tout élec, Renault est en avance sur ses concurrents. Après la Fluence ZE sur laquelle nous avons mis les réserves d'usage tout en appréciant à leurs justes valeurs les qualités routières de l'auto, Renault propose, en attendant Zoé, une variante ZE de son Kangoo Express tout à fait convaincant dans le rôle de petit utilitaire sympa et dans l'esprit d'utilisation décrit un peu plus haut. LE TOUR DU PROPRIO La silhouette du Kangoo est archi connue puisque ce modèle est l'un des utilitaires les plus prisés sur notre marché. Ils parcourent les villes et les campagnes en distribuant tout et n'importe quoi, en servant, desservant, livrant, réparant, relevant, descendant et j'en passe. A l'occasion, il arbore des teintes prioritaires comme le bleu des gendarmes ou le rouge des pompiers, mais ne déteste ni le jaune de la Poste, le bleu d'EDF GDF ou le blanc qu'il aime recouvrir d'indications commerciales souvent illustrées. Haut, bien pensé, regard taquin et arrière abrupt, il sait se mettre à la disposition de ses maîtres pour servir utilement. Peu de changement pour la version ZE, excepté la trappe de charge située à l'avant, le badge chromé ZE en forme de feuille et le lettrage turquoise à l'arrière. On retrouve les mêmes dimensions que la mouture thermique (ils seront d'ailleurs tous les 2 fabriqués à Maubeuge sur la même chaîne d'assemblage), même design extérieur, mêmes portes arrière battantes asymétriques et même porte latérale coulissante. ESPACE INTERIEUR Même s'ils ont fait de sérieux progrès aux niveaux ambiance, finition, équipement et qualité, ce n'est quand même pas le Pérou... et les utilitaires, toutes marques confondues, ne laissent que très peu de place à l'agrément, la décoration, le raffinement. Dommage, car les utilisateurs de ces montures "vivent" dans leur véhicule une bonne partie de leur temps de travail et on peut, légitimement, attendre un peu plus que le minimum. Pour le Kangoo Express ZE, une Interface Homme Machine (IHM) a été développée au tableau de bord pour informer le conducteur de la charge et de l'autonomie restante. On trouve donc à côté du compteur, une jauge de niveau de charge de la batterie, un économètre pour la conso d'énergie avec 3 codes couleurs nouveaux, le bleu clair pour l'utilisation normale, le bleu foncé pour le fonctionnement optimal et le rouge... pour la surconsommation. L'aiguille du compteur de vitesses vient se positionner sur une bande demi-cercle bleu turquoise et l'ordinateur de bord, adapté au véhicule électrique, indique l'autonomie disponible, la quantité de KWh restant, la conso moyenne et la conso instantanée. SUR LA ROUTE Ici, tout est silence. Pas de démarreur, juste un contacteur pour que tout se mette en place en attendant que le conducteur veuille bien solliciter l'accélérateur et provoquer les émois du moteur électrique synchrone à rotor bobiné de 44 kW dont la régime maxi se situe à 10500 tr. Le premier avantage de ce mode de propulsion est le rendement énergétique élevé puisqu'il atteint 90% alors qu'un moteur thermique perd les ¾ de sa puissance au hasard de ses déperditions. Pour faire simple, disons qu'en électrique sur 10 kWh consommés, 9 sont transmis à la route contre seulement 2.5 avec le thermique... Impressionnant ! Autre miracle du tout élec, le couple constant qui ici, flirte avec les 226 Nm disponible dès les premières sollicitations. Bluffant! Les accélérations sont franches et puissantes, le silence est d'or, seuls les bruits de roulement viennent agrémenter les déplacements, et le plaisir de conduite est réel. Le moteur est alimenté par une batterie de 22 kWh placée sous le plancher du coffre, une façon comme une autre de ne pas pénaliser le volume de charge. A la moindre pression sur l'accélérateur, la batterie lithium-ion alimente le moteur électrique qui transforme l'énergie électrique en énergie mécanique transmise aux roues motrices. Pendant les phases de décélération, la batterie reprend son souffle et se recharge... juste un peu! On ne peut pas tout demander à l'énergie cinétique récupérée. Car, c'est bien là que le bât blesse... L'autonomie annoncée de 160 km est une heureuse utopie. Nous l'avons vu lors de notre expérience de l'édito, le froid pénalise grandement le rendement des batteries, la mise en route des équipements comme la clim', le dégivrage, la conduite de nuit etc, sont d'autres facteurs avides de kWh. Et si le profil routier emprunté est une autre incertitude, le volume et surtout le poids de charge embarqué dans notre Kangoo peut mettre à néant les bonnes volontés de notre embarcation. Alors, oui, la conduite électrique est agréable, oui, le plaisir de rouler est satisfaisant, oui, le silence est appréciable, mais il faut pouvoir recharger fréquemment si l'on veut utiliser normalement son véhicule. Petites distances, nous l'avons dit, petites charges aussi, profils montagnards s'abstenir, conditions hivernales hypothétiques, à part ça, tout est nickel. Comme toutes les autres électriques, il faudra 8 heures au Kangoo pour faire le plein d'énergie sur une prise domestique, comptez une nuit ou une journée de boulot... A vous de choisir! CONCLUSION Ce Kangoo ne sera commercialisé qu'au premier semestre 2011. En théorie, il pourra embarquer de 3 à 3.5 m3 de chargement pour un poids maxi de 650 kg et si la vitesse maxi sera bridée à 130 km/h, il devrait avoir une autonomie de 160 km. Chacun trouvera sa part de vérité en fonction de l'utilisation qu'il en fera. Si les collectivités locales et territoriales, l'Etat, les grosses sociétés tenteront probablement l'expérience pour montrer l'exemple, s'offrir une vitrine, se démarquer tout en insufflant sur leur image une certaine brise écologique ou des alizées électoraux. Quant au reste du monde, hormis quelques âmes téméraires, il attendra que les choses évoluent avant de se jeter corps et âme dans cette délicieuse aventure. Mais pour l'heure, il est sage d'attendre tout en reconnaissant à ce Kangoo des qualités routières réelles et un plaisir de conduite dynamique et à Renault, la volonté de réinventer l'automobile. Entre temps, il semble que la solution passe par l'hybride... et le losange pourra-t-il passer outre? (lemagauto)