Quand cette 3ème génération de Laguna est apparue en 2007, Renault misait sur un cahier de charges draconien et un bilan qualité au dessus de tout soupçon. Il fallait coute que coute faire oublier la tragédie des versions précédentes atteintes d'une maladie congénitale le plus souvent incurable: l'électronite fulgurante ! Mission à peu de chose près réussie, sauf que les clients n'étaient déjà plus au rendez-vous, agacés par des pannes répétitives et des arrêts de stand plus que déraisonnables des anciens modèles. Devant cette nouvelle hécatombe, Renault se devait de réagir d'autant que la crise actuelle détourne rapidement les insatisfaits vers des cieux lowcost qu'ils croient plus cléments. Cette fois, avec cette Phase 2 millésimée 2011, Renault semble avoir pris conscience de l'étendue des dégâts et repart à la conquête d'une certaine confiance vis à vis d'une clientèle un rien dubitative. Et pourtant... Pour une fois et c'est plutôt sympathique, c'est le break, pardon... l'Estate, qui occupe nos débats, dans une motorisation 2 litres dCi M9R poussée à 180 chevaux dont la réputation alerte devrait épicer le parcours. Ne reculant devant aucun sacrifice, notre version d'essai s'était aussi offerte le châssis 4Control à 4 roues directrices, une exclu Renault que l'on devrait apprécier plus que de raison. En attendant la relève d'ici 2014, Laguna devra trouver tous les artifices pour exister dans une jungle où la concurrence n'est pas toujours d'une tendresse virginale. Et, il y a tous ces clients qui n'y comprennent rien et qui vivent sur le passé... Et si je vous emmenais faire un tour... LE TOUR DU PROPRIO On l'aura compris au premier regard, Renault n'a pas accordé un budget colossal pour revisiter sa berline et en décliner une jeunette sans état d'âme... Obligation a été faite aux stylistes maison de ruser d'ingéniosité pour faire valoir le paraître...! Si l'arrière de la Laguna 3 Phase 2 n'a malheureusement pas évolué, hormis l'apparence des feux, si les flancs latéraux sont exactement les mêmes que par le passé, il ne reste que la face avant pour donner à notre Laguna un regard plus expressif vers l'avenir, une vitalité nouvelle moins apathique et une modernité plus dynamique. Sans retoucher le capot, la proue emprunte à Audi sa devenue incontournable demi calandre Singleframe noir nacré, les blocs d'optiques s'équipent de paupières et on use et abuse des joncs chromés pour faire plus chic. Le résultat est agréable et notre Laguna arbore une nouvelle joie de vivre jusque là pour le moins méconnue ! On notera aussi la présence de magnifiques jantes Interlagos 18 pouces noires (bonjour le confort!) du plus bel effet ainsi que la double canule d'échappement chromée très réussie, de série sur notre GT. ESPACE INTERIEUR Ce qui nous surprend agréablement n'est pas l'intérieur par lui même, puisqu'on y retrouve le même schéma qu'auparavant et la même planche de bord au demeurant douce au regard, mais plutôt la qualité perçue et les efforts de présentation en nette hausse. Le choix des matières, les assemblages, l'harmonie des teintes et des couleurs agrémentent la vie à bord. Une mention pour les sièges de haute facture et un satisfecit à la sellerie mixte cuir alcantara avec les surpiqûres qui vont bien. On passera rapidement (quoique!) sur les sièges avant sport au maintien parfait, le pommeau de levier de vitesses en alu, le volant cuir Sport GT (cuir d'origine bovine!) et j'en passe. Ce qui change, c'est l'esprit, le ressenti, l'impression finale tout à l'avantage de cette nouvelle évolution de la Laguna 3. Comme si un vent bienfaiteur avait soufflé dans les bureaux d'études, comme quoi, quand on veut... Un break, même Estate se doit d'emmener toute la petite famille avec armes et bagages. Ici, le hayon trop incliné à mon goût dégage une ouverture suffisamment large pour donner accès à un volume de charge pouvant titiller les 1600 litres pour peu qu'on rabatte les banquettes. L'ingénieux système Easybreak facilite grandement les manoeuvres et on apprécie le compartimentage et les rangements divers. Sur option, un performant système Bose Sound System, radio 6CD MP3 et 10 hauts parleurs doublé de l'offre 3D Sound by Arkamys emmènera conducteur et passagers dans les plus belles ivresses musicales. Enfin, comment ne pas saluer la navigation Carminat TomTom Live avec son joystick sur la console centrale disponible contre la modique somme de 490 euros. Certains feraient bien de méditer... SUR LA ROUTE C'est là que notre Laguna affiche le meilleur optimisme pour peu qu'on ait définitivement écarté la notion de confort moëlleux. Comme on le craignait, les jantes de 18 pouces pénalisent le rendu de suspension et ce ne sont pas les sièges Sport qui arrangent les choses. Rien de rédhibitoire pour certains, mais comme Renault a déjà pris le parti de suivre les petits copains germaniques côté raffermissement général, au bout du compte, ça nous brasse un peu. C'est en fait le seul point grisâtre majeur que l'on retiendra sur cette nouvelle Laguna. Pour le reste, cette Renault est très convaincante! Comme convenu, le 2 litres distille des performances réelles et le couple secondé par la boîte mécanique 6 rapports bien étagée procure un plaisir de conduite euphorisant. Un peu raidillarde, nous l'avons dit, mais d'une tenue de cap sans faille. On retrouve là l'efficacité d'un châssis incisif et précis qui plus est, dans notre cas, équipé du fabuleux 4Control à 4 roues directives. Explication... Des actionneurs électriques à vérins sont installés sur l'essieu arrière. Un calculateur recueille en temps réel une quantité impressionnante de données récupérées par une foule de capteurs planqués un peu partout et agit sur les vérins en question. Résultat: en dessous de 60 km/h, les roues arrière braquent dans le sens opposé de celles du train avant, ce qui facilite les manoeuvres (on braque comme avec une Clio!) et au-dessus de 60 à l'heure, les roues arrière tournent dans le même sens que l'avant, ce qui engendre une meilleure stabilité et une plus grande précision de conduite. On se surprend à passer des virages serrés en toute facilité et le plaisir est au rendez-vous avec la sécurité en prime. Le reste n'est que littérature. Tenue de route exemplaire, exceptionnelle dans ce segment, direction douce et précise, freinage endurant sans l'ombre d'un problème et mécanique à la hauteur de nos attentes. CONCLUSION Franchement, nous n'avons jamais compris que les clients continuent de bouder la Laguna qui, dans sa 3ème génération est probablement une des meilleures berlines de sa catégorie. Stylistiquement trop sage? Après le festival Vel Satis, Renault n'avait probablement pas l'esprit au délire du stylet. Un tantinet trop tristounette côté bouille, et alors? Cela valait vraiment une réaction aussi négative vis à vis de la 1ère berline française à gagner le pari de la qualité et de la fiabilité et ce n'est pas faire offense que de dire que ce n'était pas gagné d'avance. Alors? Cette Laguna 3, bénéficiant de son lifting de circonstance, est une sacrée voiture. Devenue agréable à l'oeil, mâture, pratique, efficace, familiale y compris dans sa variante berline, présentant un des meilleurs bilans SAV qui soit dans la catégorie, cette nouvelle Phase nous a régalés. Ses mécaniques sont robustes, ses consommations en baisse, ses performances plus que satisfaisantes, on pourra juste lui reprocher la fermeté teutonne de ses suspensions. Mais quand on sait que pour certains, c'est un gage de sportivité, alors, je vous le dis, cette voiture là (que je préfère en berline pour ma part, mais c'est une question d'usage) mérite le détour. Pensez y le moment venu ! (lemagauto)