Le conseil d’administration de Suzuki Motor Corporation a mis fin le 18 novembre dernier à l’accord de coopération signé en décembre 2009 avec Volkswagen AG et veut désormais forcer le constructeur allemand à sortir de son capital.
Suzuki a annoncé ce jeudi 24 novembre qu’il saisissait la Cour internationale d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale de Londres pour forcer Volkswagen à lui revendre les actions Suzuki qu’il détient. Cette décision intervient après le vote le 18 novembre dernier par le conseil d’administration de Suzuki de la résiliation de l’accord-cadre conclu avec Volkswagen AG. "Suzuki et Volkswagen AG ont conclu cet accord-cadre en décembre 2009, les deux sociétés se considérant comme des partenaires égaux conservant chacun leur indépendance. Dans le cadre de cet accord, Volkswagen a racheté 19,89 % des parts de Suzuki et en échange, Suzuki devait, entre autres, bénéficier des technologies du constructeur allemand", écrit Suzuki. Cette coopération n’a depuis débouché sur aucun projet concret provoquant la déception du constructeur japonais qui en impute la responsabilité à VW.Ce différend avait été rendu public cet été par le président et CEO de Suzuki, Osamo Suzuki et n’a fait que s’aggaver. Ainsi en septembre, le groupe VW adressait à Suzuki une une "notification d’infraction" à leur accord de coopération, Suzuki ayant renouvelé avec Fiat un contrat de fourniture pour un moteur Diesel. En réponse, le 14 octobre, Suzuki faisait parvenir à VW une "notification pour rupture de contrat".Depuis, Suzuki souhaite revenir dans l’état où les deux parties étaient avant la signature de cet accord, ce que refuse Volkswagen qui n’entend pas céder ses actions Suzuki. "A ce jour, Suzuki a invité à plusieurs reprises Volkswagen AG à entamer des discussions amiables afin de mettre un terme à leur alliance mais Volkswagen AG n’a pas accédé à cette demande", écrit Suzuki. Position que maintient le constructeur allemand. "Il n'y a pas de fondement juridique qui nous oblige à renoncer à nos actions. Volkswagen va continuer à détenir ses parts dans Suzuki Motor Corp. Nous sommes confiants et nous ne sommes pas préoccupé par la procédure", a réaffirmé ce jeudi le groupe Volkswagen en réponse à la démarche de Suzuki."Je regrette de devoir entamer une telle action mais l’attitude de VW ne nous laisse pas le choix. Le groupe allemand a refusé à plusieurs reprises nos propositions de règlement à l’amiable. Je suis d’autant plus déçu que Dr. Winterkorn n’a pas honoré ses engagements pris lors de la signature de notre partenariat selon lesquels VW devait donner accès à ses technologies à Suzuki. Face à l’absence de coopération de la part de VW et à ses manquements, notre partenariat n’a plus de raison d’être. Avec la fin du partenariat, il n’est plus légitime que VW conserve ses parts de Suzuki. Nous œuvrerons désormais pour faire en sorte que la relation entre Suzuki et VW revienne à son statut d’origine, c’est-à-dire deux sociétés totalement indépendantes, ne limitant pas les activités de l’une ou l’autre. J’appelle Dr. Winterkorn à respecter cet engagement", a dit, Osamu Suzuki, président et CEO de Suzuki.Volkswagen "rejette catégoriquement toutes ces allégations" et se dit "extrêmement déçus que Suzuki a pris cette mesure".Florence Lagarde