Entendre Laurent Wauquiez prétendre que le Luxembourg serait un pays très artificiel, qu'il faudrait réduire l'Europe à six pays et en exclure un de ses membres fondateurs a fait couler beaucoup d'encre. Il faut avouer que le "mur du çon" a été franchi haut la main, avec cette sortie d'une bêtise stratosphérique qui a indigné jusque dans son propre camp ainsi que nombre d'entrepreneurs qui connaissent et animent l'écosystème économique grand-ducal.
Femmes et hommes politiques luxembourgeois ont réagi comme à l'accoutumée d'une manière claire et civilisée, ce qui tranche il faut le dire avec la méthode Wauquiez. C'est une leçon de pragmatisme et d'éducation, mais aussi une leçon d'histoire. Je me souviens à ce sujet d'un gala IT One lors duquel le ministre Jean-Louis Schiltz fut interpellé par un journaliste étranger sur deux points suite à son discours d'ouverture. Son interlocuteur lui avait posé deux questions, une pertinente, une impertinente, pour ne pas dire grossière.
"Votre première question était très civilisée" avait-il simplement répondu, avant d'argumenter sur les investissements en cours au Luxembourg. Un environnement et de nouvelles infrastructures à disposition d'un pays à la fois industrialisé et financier, doté de nombreux autres pôles d'excellence, comme la recherche, l'ICT, la logistique ou encore l'automobile.
Les décideurs luxembourgeois ont toujours argumenté avec une patience et une courtoisie surprenantes mais aussi opposé à des attaques comme celle qui fait la une aujourd'hui une réalité économique pragmatique, inspirée et véritablement tournée vers l'avenir. Les 800 emplois créés par Amazon en sont la preuve, tangible, factuelle. La Biobank, le Freeport, la Medical School demain... et bien d'autres success stories sont en chemin. Un écosystème économique, politique et technologique vertueux qui attire à nouveau des industries, comme le mastondonte chinois Casic attendu très prochainement au Grand-Duché.
Car si nos richesses originelles étaient effet dans le sol, puis dans notre législation, elles s'appuient chaque jour davantage sur les nouvelles technologies, sur l'innovation, sur les cerveaux. Et le cerveau n'a rien d'artificiel, mais pour s’en rendre compte, il eut fallu que Monsieur Wauquiez en soit doté.
Fabien Amoretti