Les Verts ont conquis, le 27 mars, ce land allemand où se trouvent plusieurs fleurons de l'industrie et de l'économie allemandes. Les "Grünen" avaient annoncé des mesures en faveur de l'environnement. Chacun guette maintenant l'annonce des décisions et leur ampleur. Le Bade-Wurtemberg est un land (région) peu connu du grand public, sinon par sa capitale, Stuttgart, mais qui pèse lourd dans l’économie allemande.  C’est la 3e région allemande avec 10 millions d’habitants et un produit intérieur brut équivalent à celui de l’Autriche voisine, 360 milliards d’euros. Pour ne parler que des fleurons de l’automobile, c’est sur son territoire que Porsche, Daimler, Bosch ont leur siège social. Mais la région est réputée pour sa galaxie de moyennes et petites entreprises innovatrices et performantes.Les Verts arrivent, pour la première fois de leur histoire, à la tête d’une région. Ils n’y parviennent pas seuls. Le parti de la chancelière, Angela Merkel, reste la première force, avec 39 % (contre 44,2 % en 2006) mais elle n’a pas d’alliés. Les Grünen, eux, sont allés à la bataille avec le Parti social-démocrate, le SPD, qui a recueilli 23,1 % des suffrages.Avant le scrutin, les Verts avaient annoncé que, s’ils gagnaient, ils mettraient en œuvre des mesures importantes en faveur de l’environnement.Chacun, désormais, attend et observe les mesures qui vont être prises, notamment, en fonction des équilibrages politiques. Les sociaux-démocrates devraient tempérer les ardeurs écologistes mais les Verts ne vont pas manquer de faire valoir que leurs alliés leur doivent la victoire. En effet, alors que le SPD a enregistré le plus mauvais score de son histoire, les Grünen, eux, ont bondi, en cinq ans, de 11,7 % à 24,2 %.  Vers une limitation de la vitesse à 120 km/hC’est essentiellement l’opposition au nucléaire qui les a portés au pouvoir. Mais on peut s’attendre à des mesures dans tous les domaines. Dans le domaine du CO2, l’un des leviers les plus connus est la réduction de la vitesse autoroutière et routière. L’Allemagne se distingue en Europe et dans la monde par une liberté totale de la vitesse sur 65 % des axes du pays.  Le trafic automobile représente 30 % des émissions de CO2 du land. Les “Grünen” avaient dit qu’ils limiteraient la vitesse sur les autoroutes du land à 120 km/h. Nul doute, également, que les Verts vont voter des aides fiscales en faveur de l’achat de véhicules respectueux de l’environnement.  Les entreprises montent au créneau Les mesures vont être bien plus délicates envers le monde industriel et les entreprises. Dès le lendemain du scrutin, Franz Fehrenbach, président du groupe Robert Bosch a pris acte de la victoire de la coalition rose-verte en plaidant pour la prudence afin de préserver le regain économique :  « Nous escomptons que le nouveau programme du gouvernement s’inscrit dans un cadre stable et fiable pour soutenir le bon climat économique dans le Bade-Wurtemberg et consolider les points forts du pays ».  Il a placé au premier rang des priorités que les mesures prises ne doivent pas nuire à la recherche et développement, fer de lance des entreprises allemandes.  Il a également réclamé une infrastructure de transport moderne, invitation à ne pas pénaliser les moyens actuels (et allusion à la modernisation rejetée par les Verts de la gare de Stuttgart), une politique d'enseignement ambitieuse et un approvisionnement en énergie abordable, plaidoyer pour ne pas rompre trop brutalement avec l’énergie nucléaire (le land compte 4 centrales) et ne pas voter trop de taxes !Daimler a souligné, pareillement, l'importance de la recherche et le financement du développement.  « Daimler est un leader des technologies de l'avenir, ce qui est, évidemment aussi un thème central d'un nouveau gouvernement », a déclaré un porte-parole qui a ajouté, en forme de recherche de consensus : « Nous allons travailler de manière constructive avec le nouveau gouvernement ».  Le président des Chambres de commerces et d’industrie (IHK), Herbert Müller, a commenté l’événement en rappelant que le nouveau ministre-président, Winfried Kretschmann a annoncé une transformation écologique de l'économie.  « Cela entraîne beaucoup de chances, mais également des risques. En conséquence, nous voulons conduire dès que possible des conversations pour savoir quelles charges vont peser sur l'économie. » Tous les chefs d’entreprises mettent en exergue le faible taux de chômage de la région 4,5 % de la population active. A priori favorable pour le ministre-président En fait, les responsables IHK avaient déjà rencontré les représentants de la coalition avant l’élection et sondé son intention.  Winfried Kretschmann s’était voulu rassurant : « Dès que le nouveau gouvernement du Land sera en place, nous demanderons rapidement une rencontre -complétée par des négociations à plus petite échelle- pour parler concrètement de plans. »Personne ne voit comment les Verts prendraient le risque de mettre à mal l’économie de cette région. Mais, portés par leurs 24 %, installés à la tête d’une région dont ils vont vouloir faire « le modèle d’une modernisation basée sur le développement durable », les Verts vont se faire une mission de mettre en œuvre leur programme.  La partie, à certains moments et dans certains domaines, sera sûrement serrée, d’autant que leurs voix ne leur octroient que 36 sièges sur 138 au parlement régional. Premier facteur au moins positif, Winfried Kretschmann, sexagénaire, catholique pratiquant, parlementaire "vert" depuis 1980, est jugé “réaliste” et se proclame même lui-même « conservateur  », mais « pas dans le sens habituel du monde politique », ajoute-t-il. Il part donc avec un capital de confiance plus que de la défiance de la part des milieux économiques. (l'argus)