Christophe Lambot : Chief Financial Officer (en charge de la gestion de flotte)

1.Pourriez-vous revenir plus en détails sur ce qui est mis en place par Dimension Data au sujet du respect de l’environnement ?

Dimension Data Luxembourg fait partie d’un groupe international, présent dans 51 pays sur 5 continents, soucieux de son impact sur l’environnement.

Notre société est spécialisée dans l’informatique (Réseau, Sécurité, stockage, téléphonie), très gros consommateur d’électricité. Nous ne fabriquons pas les équipements que nous vendons, mais nous travaillons aussi à réduire l’empreinte écologique de nos clients.

Chez Dimension Data, la mise en place des systèmes tels que la vidéoconférence, la virtualisation et mutualisation de nos infrastructures, ainsi que le déploiement du « cloud », nous a permis de diminuer sensiblement nos consommations électriques.

Nous n’utilisons que du papier écologique, avons éloigné les imprimantes de nos collaborateurs, imprimantes qui par défaut sont configurées pour imprimer en recto / verso. Il n’y a plus de gobelets en plastique à coté des fontaines d’eau, des machines à boisson, nous incitons les gens dans le bâtiment que nous occupons, à prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur….. Autant d’actions souvent symboliques mais qui dénotent notre volonté de réduire notre impact écologique.

La plus grosse source d’émission de CO2 provient de notre parc automobile. C’est pourquoi nous avons passé beaucoup de temps ces dernières années à mettre en place une « Car Policy » éco-responsable. Nous en sommes actuellement à la version 14.3, et elle va encore changer significativement dans les prochaines semaines.

Nous fonctionnons de la manière suivante :

Chacun de nos collaborateurs, éligible (environ 120 personnes à Luxembourg) se voit allouer un budget qui varie selon sa position. Libre à lui d’utiliser ce budget comme bon lui semble, sous conditions du respect de certaines règles :

Seuls les véhicules diesel, hybrides, GPL ou électriques sont autorisés, jugés moins polluants que les voitures roulant au super; Limitation du taux maximum d’émissions de CO2, évoluant régulièrement à la baisse.

En contrepartie, et parce que la mise à disposition d’une voiture est, et doit rester, un avantage, nous avons mis en place des « incitants » dont le but est la réduction des émissions de CO2 sur notre flotte automobile.

Augmentation du budget autorisé en cas de choix de véhicule émettant moins de 100g de CO2 par km. Les leasings sont maintenant fonction du nombre de kilomètres estimés sur une période de 3 ans, et plus standards pour tout le monde. Cela a également un très gros impact sur le prix du leasing. Prise en charge totale des frais de déplacement alternatifs, comme le train, bus ou autre transport collectif. Budget additionnel pour les GPS intégrés dans les véhicules, mise à disposition de GPS, ou participations aux frais pour un GPS portable, ceci dans le but de réduire les kilomètres inutiles que ce soit en utilisation professionnelle ou privée. Mise en place d’un jeu éco-responsable pour nos collaborateurs les plus respectueux de leurs émissions de CO2. Nous avons ainsi offerts à 4 personnes de la société un baptême en montgolfière pour les récompenser, que ce soit pour la réduction de leur consommation ou pour la mise en place d’un système de co-voiturage.

Alors que les dernières statistiques concernant les voitures de société à Luxembourg fait état d’une émission moyenne de presque 160g de CO2 par kilomètre, nous émettons 135g de CO2 par km sur l’intégralité de notre parc. Moins de 10% de nos véhicules seulement émettent plus de 160g de CO2 par km, dont 3 en cours de renouvellement sous la barre des 160g.

Nous sommes la 1ère société au Luxembourg à avoir mis en place un programme de compensation carbone sur l’intégralité de notre flotte. En quelques mots, nous « rachetons » toutes les émissions de CO2 au dessus de 100g par km. Cet argent est ensuite réinvesti dans des programmes de reforestation, dépollution, ou autres projets supportés par les accords de Kyoto.

Notre flotte n’émet donc non pas 135g de CO2 par kilomètre mais 100g. Et cela depuis plus d’1 an maintenant, en partenariat avec ALD et MyClimate.

Notre responsabilité sociale ne prend tout son sens que si nous impliquons également nos collaborateurs. Nous souhaitons que nos employés prennent conscience de l’importance de ce sujet et nous mettons tous ces systèmes en place afin de les diriger vers de bonnes pratiques.

Ce sont presque 300 tonnes de CO2 qui sont compensées chaque année, et la encore nous allons aller beaucoup plus loin dans les prochains mois. En effet, depuis la fin de l’année 2011, nous avons fait l’acquisition d’un véhicule électrique, qui est mis à disposition de chaque employé de la société qui le désire. Nous devrions en ajouter plusieurs autres dans les prochains temps.

Augmenter l’utilisation de véhicules électriques implique de penser différemment, mais aussi de pouvoir compter sur la mise en place d’infrastructures adéquates.

2.Souhaitez-vous limiter l’utilisation privée des véhicules de société au sein du groupe ?

Cela ne fait pas partie de nos projets, notre Car Policy est, et doit rester, un avantage pour les collaborateurs de Dimension Data. Nous souhaitons réduire notre impact écologique tout en apportant des bénéfices à nos employés. Si le véhicule est utilisé uniquement comme un outil de travail cela ne représente plus un avantage. Nous voulons valoriser l’utilisation de ces véhicules en mettant en place des actions correctrices, étape par étape, en sensibilisant chaque conducteur sur sa contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Nous travaillons d’ailleurs actuellement sur un concept de mobilité, pour offrir à ceux qui le désirent la possibilité d’utiliser un véhicule électrique durant la semaine et le véhicule dont ils ont besoin pendant leurs vacances ou déplacements en famille. Cela implique une nouvelle façon d’aborder le sujet de la mobilité en entreprise, et le financement de celle ci.

3.De quelle manière est établie la communication entre vous et les utilisateurs de voitures de sociétés ?

Un système Intranet existe, nous mettons ainsi à leur disposition des présentations, des modules leur expliquant tout ce qu’ils doivent savoir au sujet de la voiture de société et de son utilisation. Nous organisons plusieurs réunions chaque année, auxquelles sont conviés tous nos collaborateurs, c’est à ce moment-là que nous pouvons leur détailler tout ce qui est établi dans notre Car Policy.

Mettre en place une Car Policy cohérente prend énormément de temps, nous avons donc décidé de déléguer la gestion de notre flotte à un partenaire unique, qui nous conseille et nous accompagne également dans chacune de nos réflexions. La gestion optimisée d’une flotte de plus de 100 véhicules nécessite une ressource dédiée que nous ne pouvons nous permettre sans que cela n’impacte toutes les autres initiatives RH que nous prévoyons de mettre en place. Et nous nous rendons bien compte que nous ne pourrons jamais arriver au niveau d’expertise que nous voulons. Nous avons donc « outsourcé » auprès d’ALD la gestion administrative de notre parc, ce qui nous libère beaucoup de temps, dont une partie est utilisée pour :

-Mener des réflexions plus profondes sur notre car Policy, ce que nous voulons en faire, comment y parvenir.

-Echanger, discuter avec notre partenaire sur les tendances, les nouveautés, les innovations, les évolutions

-Mettre en place de nouvelles initiatives en vue de réduire encore nos émissions de CO2

-Penser électrique, mutualisation, en prenant en compte les impacts que l’augmentation de la mise en circulation de véhicules électriques aura sur les besoins électriques, donc sur les capacités de production, et surtout les types de production (charbon, nucléaire, solaire….).

4.Comment vos employés perçoivent ils votre démarche?

Tous les jours, je suis surpris de la grande implication de la plupart de nos collaborateurs dans cette volonté de toujours réduire leur empreinte écologique. Pour certains, cela va bien plus loin que la consommation d’essence.

Dans toute notre démarche en vue de réduire les émissions de CO2 sur notre parc automobile, nous faisons très attention à ce que nos initiatives soient adoptées et pas subies ou imposées.

C’est pourquoi les changements sont graduels.

Nous souhaitons que nos collaborateurs nous suivent, nous accompagnent, comprennent les changements que nous opérons et leurs buts finaux. Nous voulons à tout prix éviter que certains ne se désolidarisent de nos actions collectives parce qu’elles auraient un impact direct personnel qui n’est plus compatible avec leurs envies.

5.Souhaitez-vous mettre en pratique la mobilité douce (le co-voiturage ou l’utilisation des transports en commun)?

Géographiquement, Dimension Data est actuellement placé dans un secteur très mal desservi. Même si certains de nos collaborateurs se disent prêts à utiliser les transports en communs, il est évident que pour le moment cela n’est pas possible. Mais cela fait définitivement partie de nos réflexions.

Le véhicule électrique pouvant être utilisé par tous nos employés durant la semaine, est utilisé tous les jours, il y a donc un intérêt manifeste pour des transports à faible émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs personnes seraient prêtes à utiliser une voiture électrique la semaine pour leur utilisation professionnelle. Cette pratique devra être intéressante financièrement mais aussi avantager nos employés et les utilisateurs.

La solution n’est pas encore au point, puisque tout le monde doit pouvoir y trouver son avantage. Nous savons que l’utilisation d’un véhicule électrique à Luxembourg est très pratique mais cela a un coût encore élevé.

6. Quels conseils donneriez-vous aux sociétés voulant s’améliorer?

La première chose que toute société doit se demander est « Que souhaite-t-elle obtenir de sa Car Policy ? La Car Policy déterminera-t-elle un avantage salarial ou un outil purement professionnel ? ».

De cette réflexion dépend la rapidité avec laquelle les améliorations peuvent être apportées.

Il est également très important de ne pas se tromper de réflexion. Il ne s’agit pas de passer en tout électrique mais de proposer à ses collaborateurs une alternative au thermique. Cela ne concerne au début qu’une petite partie des collaborateurs.

La société doit prendre ses décisions par rapport au marché actuel :

-L’offre de modèles électriques croit très rapidement et leur cout d’acquisition diminue en conséquence. Le prix de la voiture électrique que nous avons a diminué de 20% en 3 mois !

-Un véhicule électrique demande beaucoup moins d’entretien qu’une voiture à moteur thermique, ce qui a une répercussion sur le cout total final.

-Le cout relatif à l’alimentation du moteur sur 100km est presque 5 X moins important pour un véhicule électrique. Et l’écart va se creuser au vu de l’augmentation des prix du carburant.

Au delà des calculs économiques, il est important de prendre également en compte la RSE (Responsabilité Sociale de l’entreprise), les critères qui influencent les choix des nouvelles générations dont le désir est de travailler pour des sociétés impliquées dans ces domaines (solidarité, environnement, …).

7.En conclusion ?

Je suis convaincu de l’avenir de la voiture électrique, comme une alternative au thermique, dans les sociétés, pendant la semaine. 

Bien sur, cela implique de repenser la mobilité dans son entièreté, d’intégrer des notions d’utilisation selon besoins, de mutualisation. Les propositions de leasing doivent évoluer, le traitement fiscal de l’avantage en nature, être revu, la logistique autour de la mise à disposition, évoluer.

La mutualisation pourrait être un facteur important du succès.

Actuellement il existe deux freins principaux à l’acquisition d’une voiture électrique qui sont l’autonomie encore trop faible et le manque d‘infrastructures. Mais plus nous serons nombreux à manifester un intérêt pour les véhicules électriques, plus vite ces deux freins disparaitront.

Si nous pouvions avoir 2 à 3 % de voitures électriques dans le parc total nous aurions plus de 700 voitures à Luxembourg. Cela entrainerait bien évidemment une accélération dans le déploiement des infrastructures nécessaires.

Nombre de projets sont en développement à Luxembourg, pour mettre des véhicules électriques à disposition des usagers, que ce soit en location à l’heure, ou depuis les gares et autres Park & Ride.

Est-ce que nous voulons participer au développement ou subir celui-ci ? Il n’y a pas d’autres alternatives.