Quel est votre parcours ?

Après des études en informatique et un MBA en gestion d’entreprise, mon parcours est assez équilibré. Pour ne pas me perdre dans les détails, je le qualifierai comme suivant: un tiers au sein de la banque, un tiers au sein de l’assurance et le dernier tiers ici à l’ARVAL en leasing.

Quel est le rôle de la FLLV?

Le rôle de la fédération peut se résumer en une phrase, la promotion et la défense des intérêts des loueurs de voitures. La fédération regroupe 22 membres, allant du leasing opérationnel à la location court terme. L’objectif de la fédération est de créer une force de représentation importante afin de défendre les intérêts de nos membres sur certains sujets qui peuvent avoir un impact important sur le secteur.

En votre qualité de président de la FLLV, pouvez-vous faire un bilan de l’année 2013, mais surtout nous décrire les challenges de l’année 2014 ? Quelle évolution pour le marché du fleet ?

Sur l’année 2013, le secteur est resté relativement stable, voir avec une légère progression. Je n’ai pas encore les chiffres exacts pour le moment, mais ce que je peux dire, c’est que dans sa globalité, nous avons vu une petite réduction sur le nombre de véhicules de société achetés sur fonds propres et en leasing financier. Par contre, il y a un peu plus de sociétés qui se sont orientées vers un leasing opérationnel. Et cela se comprend tout à fait, car si avant les entreprises se dirigeaient naturellement vers le leasing financier, elles se dirigent tout aussi naturellement maintenant vers l’opérationnel, qui est plus évolué et plus complet en terme de service comme les entretiens et contribue à la réduction des coûts pour les entreprises.

Un autre aspect non négligeable du leasing opérationnel, c’est la réduction du travail de gestion interne des entreprises, ce qui leurs laissent plus de temps pour leur core métier tout en garantissant un coût moindre

Côté promotion, nous avons mis en place une charte de gouvernance pour le secteur et nos membres. Nous allons la publier très prochainement, ainsi que notre nouvelle identité visuelle.

Côté défense des intérêts de nos membres, il y a un sujet qui revient très souvent, le taux d’imposition des voitures de sociétés et l’avantage en nature de ce taux. Il y’a un malentendu et/ou un préjugé qui existe à ce sujet. Pour beaucoup de personnes, la voiture de fonction est un gros avantage gratuit pour l’employé. Mais il faut savoir que le taux d’imposition sur cette voiture est un des taux les plus importants d’Europe. C’est une chose que les gens oublient très rapidement, et reste sur cette image et cliché, de voiture de société comme étant un véhicule haut de gamme, polluant et surtout gratuit. Même les politiques parfois font cette erreur et ont tendance à vouloir imposer davantage, ce qui à la fin n’aurait plus de sens.

Nous avons d’ailleurs fait une étude à ce sujet et sur les impacts de certaines de projections d’impositions sur l’économie du secteur et du pays. L’envergure de cet impact nous a surpris nous-même.. D’ailleurs, nous en avons encore parlé à la dernière table ronde du Fleet Club de janvier.

Suite à cette étude, on a pu quand même convaincre certains politiciens de l’importance de ne pas prendre ce sujet à la légère. Il faut tout de même être vigilant, étant donné qu’en 2016 une réforme fiscale est prévue, il faut faire attention à ce que cette idée d’imposition ne ressorte pas du tiroir. Car l’impact serait très important sur tout le secteur automobile luxembourgeois.

La grande question du remaniement de la TVA est sur toutes lèvres en ce début d’année. Comment réagissent les professionnels du fleet ? Et quel est votre avis ?

Il y deux catégories de sociétés, ceux sur qui cela n’aura pas d’impact comme celles qui peuvent récupérer la TVA facturée à 100% et celles qui ne peuvent récupérer qu’une partie comme les acteurs issus du secteur financier et assurances par exemple.

Donc ce sont surtout ces derniers qui vont subir cette augmentation de 2% et il n’y aura pas moyen, à ma connaissance, d’y échapper.

Comme nous facturons un service, la date d’acquisition de la voiture n’a pas d’impact sur l’application de la TVA. A partir de l’entrée en vigueur du nouveau taux, toutes nos factures seront ajustées en conséquence.

Quelle est la tendance du secteur en terme de véhicule vert (Hybrid, Electrique, GNC, …) ? Est-ce encore un marché destiné aux particuliers, ou bien les professionnels commencent-ils à s’y intéresser ?

Non, je pense que ce sont les professionnels qui contribuent le plus à la visibilité et l’extension de ce marché. Beaucoup de sociétés ont intégré dans leur car policy une limitation de CO2 ou encore une utilisation « Environement Friendly ». Les entreprises font beaucoup d’effort la dessus, et leurs intérêts sont dans la recherche de véhicule moins polluant et surtout ayant une consommation moins onéreuse.

Et même en dehors de cette considération économique, l’on voit que les entreprises sont de plus en plus éco-responsable, ou du moins essayent de l’être. Nous même chez ARVAL, nous avons une limitation de CO2 pour nos voitures, ainsi que des cours éco-driving. Je l’ai d’ailleurs fait moi-même et j’avoue avoir été étonné par le gain de carburant économisé par un tel comportement de conduite.

Pour les voitures électriques, beaucoup de sociétés sont intéressées, certaines en ont déjà adopté en leasing, mais ce type de véhicule reste encore trop élevé en terme de coût. Même si en terme de consommation les entreprises peuvent réduire leurs coûts, cela reste faible. En plus, en leasing, une grand partie du prix de la location est calculé sur la différence entre la valeur d’achat et la valeur du véhicule à la revente. En terme de revente, l’électrique n’est pas des plus avantageux.

Pour le moment, c’est plus pour dans un esprit de tests et d’expérience qu’une stratégie à l’échelle des entreprises.

Pour les hybrides, on n’en voit pas non beaucoup dans nos parcs, ce qui n’est pas étonnant, car finalement l’hybride consomme autant que les derniers diesels à modèle équivalent. Et là aussi, le prix de la revente n’est pas des plus avantageux.

Pour le GNC, il y en a quelques-unes, mais comme il n'y a pas beaucoup de stations équipées, cela reste un obstacle majeur. C’est une technologie qui reste confinée à des entreprises ayant un lien fort avec l’industrie du gaz.

Selon vous, comment donner plus d’attrait à ce type de véhicule ?

Le seul moyen de faire décoller ce type de véhicules, ça reste l’argent. Si ces véhicules étaient proposés à des prix équivalents, le problème ne se poserait pas. Le prix va baisser avec le temps, et la démocratisation de ces véhicules va augmenter, mais ça prendra quelques années. Et puis, il faut que l’état joue un rôle dans le développement des véhicules propres, malheureusement, il a déjà annoncé la fin des subventions, je pense à la prime eCar. Ce que je peux comprendre, bien que les sommes ne soient pour le moment énorme.