Ceux qui pensent que le salon de Paris est gigantesque ne sont jamais allés à Francfort, où BMW, Mercedes et Audi se livrent une bataille sans merci pour gagner au concours du plus beau stand. Ou plutôt du plus beau bâtiment !

Les chauvins peuvent (malheureusement) se taire directement : le plus grand des salons automobiles se trouve à Francfort et non à Paris. Si le Mondial hexagonal est toujours l’exposition la plus visitée dans l’univers des voitures, c’est surtout parce que sa durée est la plus importante. Bon, j’avoue qu’en faisant des calculs savants, on arriverait sûrement à des chiffres journaliers équivalents, voire qui tourneraient à l’avantage de la France. Mais où le salon de Paris prend une bonne leçon, c’est niveau surface et mise en scène. Si les constructeurs asiatiques ou américains n’en font pas plus en Allemagne qu’à Paris, il en est tout autre pour ceux qui jouent à domicile. Logique me direz-vous. Mais quand on voit les stands de Mercedes, Audi et BMW, et qu’on les compare à ceux des tricolores à Paris, il n’y a absolument pas photo. J’ai même parfois honte de notre trio qui se contente chacun de 4 000 m2 tout petits et d’une présentation peu innovante à Paris, face à la débauche du triumvirat allemand. On ne boxe plus du tout dans la même catégorie et nombre de personnes peuvent trouver ça vraiment indécent voire ridicule. Des stands qui prennent quasiment deux mois à bâtir pour 13 jours d’exposition au total, c’est incroyable. Enfin, ce ne sont plus des stands, mais des halls entiers. Mention spéciale cette année à Audi, qui a construit de toute pièce un pavillon entier au centre du lieu d’exposition. Il faut dire que la marque avait été un peu échaudée de voir que ses deux rivaux avaient des halls à eux tout seuls et que lui devait partager un bâtiment avec le reste du groupe VW. La marque aux anneaux a donc décidé de frapper très fort, avec un budget décoiffant. Il se murmure que cela aurait coûté plus de 10 millions d’euros. La bâtiment fait 100 mètres de long et 70 mètres de large, et clou du spectacle, il est encerclé d’une piste de 400 mètres de longueur. Le coup de la piste n’est pas nouveau, puisque BMW nous l’avait déjà fait il y a deux ans. Mais là, ça prend une autre dimension. Vous embarquez pour un petit tour de 2 minutes 30, fort en sensations. Si on ne dépasse pas les 50 km/h maximum, l’étroitesse de la piste et les franches accélérations de votre chauffeur vous donnent un sourire à en décrocher les oreilles. Et le passage à l’intérieur du hall est magique ! Il en faut peu pour être heureux parfois. Mais les allemands ont un rapport différent à l’auto. Le but est d’en mettre plein la vue et de faire rêver. C’est une véritable passion et on n’en a pas honte en se faisant sermonner par des biens pensants ou des écologistes qui ne roulent sûrement pas à vélo tous les jours. Donc l’argent n’est pas un problème. Le hall de 11 000 mètres carrés de BMW en est la preuve, même s’il est quasi semblable à la version 2009. Mais cela fait toujours son effet, d’autant qu’ici la piste est entièrement indoor. Le seul à ne pas avoir une piste, c'est Mercedes. Il se murmurait que la marque aurait bien voulu le faire, mais son hall s’y prête moins. Mais la marque n’a vraiment pas à rougir car son stand en met plein la vue. On s’isole complètement du reste du salon et on pénètre dans une cathédrale où trois étages s’empilent pour la présentation des véhicules. Et comme chez Ikea, le circuit est imposé. Un gigantesque escalator vous emmène tout en haut et vous devez passer devant tous les modèles pour sortir. Un réel plaisir. D’autant que Mercedes décrochera un prix spécial pour sa conférence de presse, à la mise en scène ultra soignée. Tout est resté sobre, mais la marque a su jouer avec le gigantesque écran de LED pour réaliser une présentation qui restera gravée dans la mémoire. Bon, on ne sait pas si la phrase « plus c’est long plus c’est bon » est vraiment vérifiable, mais on n’avait jamais vu des introductions aussi longues pour l’entrée en scène des grandes premières mondiales. Cela a duré plus de cinq minutes pour la Classe B ! Mais bon, on ne se pose pas de questions et on savoure ! On est un peu sur une autre planète quand on va voir les premiums allemands à Francfort. Les autres restent, il faut être honnête, raisonnables, avec des stands comparables à Paris ou Genève. Mais le trio infernal ne peut regarder la concurrence faire toujours mieux. On dira qu’il y a un avant et un après BMW 2009, où la marque avait osé pour la première fois la piste intérieure. La crise, quelle crise ? Au final, s’il fallait élire un gagnant, cela serait pour moi Audi. L’effet magique du driving expérience, ces 150 secondes génialissimes à bord des derniers modèles de la marque. Et puis la mise en scène intérieure des véhicules montre à quel point on est fier de fabriquer des autos. Ce qui est de plus en plus rare.(lemagauto)