Lors de la Fleet Night du 27 septembre dernier, les présidents des fédérations automobiles luxembourgeoises s'étaient donné rendez-vous pour discuter des priorités du secteur dans les années à venir, avec des concessions en pleine mutation, une digitalisation rapide et des besoins de mobilité qui évoluent avec les nouvelles générations.

Gerry Wagner (Président, mobiz), Guido Savi (Febiac Advisor Luxembourg, Febiac), Philippe Mersch (Président, Fegarlux), Ernest Pirsch (Coordinateur, House of Automobile) et Ed Goedert (Président, Adal) ont  tout d'abord échangé sur des sujets tels que la création de la HOA et sur ses missions. Pour Ernest Pirsch qui prend en charge la coordination de la nouvelle plateforme avec un mandat d'une année, "la HAO représente 100% du marché automobile et permettra de traiter les sujets horizontaux, et aura un poids économique et politique plus important, s'exprimant d'une seule et unique voie". Elles travailleront notamment sur des dossiers tels que la législation, la formation, mais également sur les taux d'émissions de CO2 des véhicules. Une telle collaboration entre les fédérations n'est cependant pas nouvelle : en effet, ADAL, Fegarlux et mobiz (qui portait alors le nom de FLLV) elles avaient notamment travaillé sur des dossiers tels que la fiscalité des véhicules de société. La Febiac, qui représente les importateurs, n'était alors pas présente au Grand-Duché. "Nous avons intensifiés nos relations, et sommes désormais tous assis autour de la même table" a tenu à souligner Ernest Pirsch.

 

Vers une chaine de mobilité intégrée

Lors de sa prise de parole, le président de la mobiz (anciennement FLLV), Gerry Wagner a rappelé que la population du Grand-Duché allait s'accroitre fortement dans les années à venir, engendrant ainsi de nouveaux défis immobiliers, d'infrastructures et, forcément, de mobilité. "La population pourrait aller jusqu'à doubler dans 25 ans, de plus, 175 000 frontaliers se rendent au Luxembourg chaque jour, en provenance de France, Belgique et Allemagne. Au début nous financions des véhicules de société, mais désormais, nous offrons des services complémentaires et nous nous dirigeons vers des services autour de la mobilité". La voiture reste un chainon essentiel de la mobilité, mais elle ne peut pas survivre seule, comme le confirme Ed Goedert, président de l'ADAL : "le carsharing, notamment, a un vrai avenir au Luxembourg, notamment dans les centres-villes où se pose le problème de garer son véhicule". Le président de la mobiz ajoute : "Nous ne sommes plus uniquement un loueur, nous devons intégrer les nouveaux concepts qui se développent, tels que la car sharing afin de proposer la bonne voiture pour le bon trajet. Nous avons un devoir de conseil, afin d'intégrer toutes les possibilités de mobilité qui existent, afin de faire le moins de déplacements possibles et d'être encore plus efficaces".

Pour Guido Savi, Luxembourg Advisor pour la Febiac, "l'image de l'automobile doit être retravaillée, des formations doivent être mises en place, etc". Il a également salué l'initiative de la création de la House of Automobile, qui est une première en Europe. De plus, la connectivité, et la conduite autonome vont révolutionner de nombreux business autour de l'automobile, et notamment l'assurance.  "Nous devons nous concentrer sur les taux d'émissions de CO2 mais également sur les autres particules, en s'intéressant aux motorisations alternatives telles que l'hybride, CNG, ou encore l'hydrogène" a jouté le spécialiste. Enfin, il a souligné le fait que le Luxembourg était l'un des seuls pays à avoir mis en place des incitants fiscaux pour les véhicules à 0 émission, ainsi qu'une infrastructure digne de ce nom, aux quatre coins du pays. La prochaine étape pour la House of Automobile ? Créer des groupes de travail afin d'étudier ces futurs défis et être prêts à leur arrivée prochaine.

 

Une révolution nécessaire au sein des concessions et garages

"Les concessionnaires qui vendent des véhicules de la même manière qu'il y a 5 ou 10 ans doivent réagir" a débuté Ed Goedert, le président de l'ADAL, qui a souligné le fait que les clients achètent désormais différemment. Son idée ? "Mettre en place une personne au sein des concessions qui serait responsable de la mobilité du futur, en assistant à des conférences, contactant les villes, en s'informant sur les dernières innovations, etc". Les concessions ont pourtant un avantage majeur : 95% des acheteurs automobiles sont leurs clients, mais selon M. Goedert, "il faut se remettre en question et offrir les nouveaux services que les clients attentent. Et tous les concessionnaires sont concernés".

 

Pour Ernest Pirsch, il est important que les concessionnaires offrent ces nouveaux services liés à la mobilité, et suivent ces tendances, car d'autres acteurs, même à priori extérieurs à l'automobile, s'y engouffrent. Il rappelle également qu'avec les nouvelles générations, on parle de plus en plus de "Usership", alors qu'il y a encore quelques années, c'est bien l'"Ownership" qui importait. Même son de cloche pour Gerry Wagner : "il n'y a pas qu'une seule vérité et pas de choix clair entre usership et ownership. C'est notre devoir, en collaboration avec le ministère, de transporter les gens rapidement, et avec un minimum d'émissions". Philippe Mersch, le président de la Fégarlux, a tenu à rassurer les concessionnaires et garagistes, en rappelant qu'ils ne devaient pas avoir peur de ces changements, au contraire. Il confirme alors la nécessité d'évoluer et de se réinventer : "le challenge ne sera que plus grand pour les petites et moyennes concessions. Nous devons réussir le virage de la digitalisation et vraiment nous y investir". Pour Philippe Mersch, les rôles des mécaniciens, conseilleurs de services et des vendeurs vont changer, et les concessions doivent réagir dès aujourd'hui.

 

Alexandre Keilmann