Le 10 novembre prochain, Automotion accueillera Patrick Vautier, Head of marketing & innovation chez RATP Dev, la structure du groupe RATP en charge du développement. Cette première édition de la Mobility Night a pour but principal d'élargir le débat grandissant autour de la mobilité. Patrick Vautier revient notamment sur l'évolution de la mobilité ainsi que sur les prochaines révolutions.
La mobilité au sens large revient au premier plan dans les villes et challenge notamment les entreprises. Quelles sont les principales tendances que vous suivez ?
La mobilité est un marché en forte expansion. Cela attire de nouveaux acteurs d’horizons très divers. Cette mutation rapide remet en cause les positions des acteurs habituels du marché (automobile, transports publics). En même temps, de nombreuses nouvelles alternatives aux habitants apparaissent.
La croissance des villes dope la mobilité urbaine et aiguisent les appétits de nombreux concurrents. Les opérateurs classiques se diversifient, de nouveaux opérateurs deviennent des champions des mobilités douces ou de l’information.
L’industrie automobile réagit fortement. Consciente du danger à ne pas suivre ces changements de modes de vie, elle se repositionne avec succès pour ne pas perdre son leadership.
Les Autorités Organisatrices de transports sont de plus en plus tentées de limité le rôle historique des transporteurs publics et de monter en puissance pour régir l’intégration des modes, des tarifs, les données, le ticketing, l’information. Cela est d’autant plus vrai quand la pression sur les ressources publiques s’accroît.
Quelles ont été les principales évolutions qu'a connu la mobilité, et notamment les transports en commun ?
Dans les pays développés, les premiers transports publics étaient au temps des diligences, entre villes, mais aussi en ville, avec le « carrosse à 5 sols ». Mais la véritable explosion date de la deuxième partie du 19eme siècle avec les grands entrepreneurs capitalistes, les « barons d’industrie ». Les besoins en personnel dans les usines ont conduit à la structuration de l’offre de transport urbain, notamment avec des réseaux de tramway, chargés de transporter les ouvriers aux usines. Et c’est aussi devenu une aventure industrielle avec la création de réseaux de transport urbains privés, de métro, de bus, de tramways. L'âge d’or s’est éteint avec le fort développement de l’automobile, surtout après la deuxième guerre mondiale. Ce fut le déclin des transports publics, la faillite des concessions privées. Il faut attendre le début des années 70 et surtout les années 80 pour voir un regain d’intérêt.
On peut considérer que les années 1990 à 2010 ont été très fastes, avec une très forte mobilisation des villes. Mais peut être que maintenant, avec le manque de ressources publiques, les transports publics vont vraiment devoir prouver leur bénéfice pour la ville, les citoyens.
Dans les pays émergeants, le mythe de la voiture fascine encore et l’on commence toujours par construire des autoroutes géantes avant de se demander s’il ne faudrait pas aussi un réseau de bus ou de métro. C’est seulement quand la voierie est saturée, l’air pollué, que l’on regarde s’il n’y a pas mieux à faire.
Comment convaincre les employeurs (et employés) de miser sur les nouvelles offres de mobilité ?
La prise de conscience se fait, notamment chez les employeurs et leurs personnels. Maintenant que plus de 60% de la population vie en ville, que les agglomérations sont soumises tous les jours à des embouteillages, quelle que soit la taille de la ville, la question de la qualité de ce « temps de la mobilité » se pose : quels impacts sur la qualité de vie, sur l’attractivité des employeurs pour des jeunes talents ,…
On peut inciter à l’usage avec des décisions fiscales et législatives, tel la loi SRU en France qui impose à tout employeur de rembourser au moins 50% des abonnements de transports publics pour les trajets domiciles/travail. On peut aussi contraindre avec la limitation du nombre de places de parkings attachées à un immeuble de bureau, comme à Londres par exemple, ou par des politiques de péage urbain pénalisant financièrement l’usage de la voiture particulière comme à Singapour.
Mais ce qui se développe depuis quelques années , c’est l’organisation des déplacements au sein des entreprises pour assurer aux salariés des meilleures conditions de vie et de travail, les Plans de Déplacements d’Entreprise (PDE), permettent de faire le diagnostic de ces conditions de transports et font souvent émerger des solutions de transports plus diverses : navettes gratuites entre une gare de train et le lieu de travail , organisation du covoiturage, sont des offres de plus en plus présentes et soutenus financièrement par les employeurs, au titre de leur politique sociale.
Sur quelles prochaines innovations qui pourraient bien révolutionner le secteur ?
La révolution digitale et les innovations qui l’accompagnent est sans aucun doute un élément majeur de révolution dans notre secteur, et cela pour plusieurs raisons.
Elle permet l’éclosion de solutions d’information en temps réel et personnalisées, que cela soit sur les smartphones ou via les réseaux sociaux. D’ores et déjà, le site web classique est dépassé par ces outils interactifs et portables.
Le smartphone est le « couteau suisse » de la mobilité ; localisation, information, réservation, paiement, dialogue, évaluation,… il offre tout en permanence.
Cette explosion du digital, notamment avec la combinaison « big data » et « smartphone », permet l’émergence de nouvelles solutions de mobilité comme le co voiturage, Uber, VIA et similaires , les mini-vans partagés comme CHARIOT aux USA ou SLIDE en UK.
Les véhicules autonomes sont aussi une révolution déjà en marche même si elle va prendre plus longtemps pour se généraliser. Que sera la mobilité quand il n’y aura plus de nécessité de conduire ? Aura-t-on encore le sentiment de perdre son temps dans un embouteillage si l’on fait ce que l’on veut dans sa voiture confortable, sans avoir à conduire ? Quels services à bord d’un bus quand le conducteur pourra devenir un hôte qui vous accueille à bord ?...Tous les acteurs de la mobilité, les historiques comme les nouveaux, explorent cet univers. Et tout cela sera électrique bien sûr !
Inscrivez-vous* dès aujourd'hui : www.mobilitynight.lu
* Entrée est gratuite pour les décideurs du secteur (CEOs, Responsables de flotte automobile, dirigeants du secteur public etc.) en utilisant un code d'invitation. Si vous n’avez pas reçu de code, vous pouvez en faire la demande auprès de notre équipe : [email protected]
Les fournisseurs de services et consultants devront s’acquitter de droits d’entrée de 234€ TTC** afin de pouvoir participer aux conférences ainsi qu’à la remise des prix et au walking dinner. Chaque inscription est vérifiée par notre équipe afin de se conformer à la politique de participation 75% de endusers/25% de prestataires de services.
** La Mobility Night est soumise à une procédure de non présentation. Le prix de l’inscription reste dû si l’annulation a lieu moins de 10 jours ouvrés avant l’événement. Toutefois, il vous sera possible de transmettre votre entrée à un/une collègue.