Seconde partie de notre entretien avec Michel Etienne, Innov’Expert Mobilité, Foyer, avec qui nous avons discuté de la transformation du secteur de la mobilité entre tech, voiture autonome et assurance.
Qu’en est-il de la voiture autonome et du défi que son arrivée représente pour les spécialistes de l’assurance ?
La voiture autonome est attendue avec impatience mais elle tarde à arriver. Et il semble que cela pourrait encore durer un certain temps...
En réalité, malgré toutes les évolutions récentes, il reste très difficile de faire circuler dans le même environnement des voitures autonomes et traditionnelles. Plusieurs experts estiment même que cela ne sera pas possible et que les véhicules autonomes ne pourront à moyen terme véritablement rouler que sur site propre. En effet, l’environnement dans lequel circule un véhicule autonome doit être maîtrisé à la perfection et digitalement cartographié. De nombreuses questions subsistent tant d’un point de vue éthique que technique pour définir les algorithmes de pilotage, sans oublier que les législations nationales et internationales doivent évoluer pour permettre un développement significatif de ce type de véhicule.
Quant aux défis qui se dressent face aux assureurs, j’en dénombre deux principaux : l’identification des responsabilités lorsqu’un véhicule autonome est impliqué, ainsi que la mesure du risque que représente la mise en circulation de chaque modèle de véhicule autonome. Car en effet, chaque modèle va disposer de son propre matériel (capteurs, caméras…) et d’algorithmes spécifiques : la qualité du pilotage ne sera a priori pas homogène.
Qu’en est-il de votre partenariat avec le SnT visant à sensibiliser le public luxembourgeois aux enjeux de la conduite autonome ? Quelles sont les prochaines étapes de cette collaboration ?
Par sa volonté d’être au coeur de la mobilité Luxembourgeoise, Foyer s’implique également avec des acteurs locaux. Dans le cadre d’un accord de recherche conclu récemment avec l’Uni, un doctorant auprès du SnT, a rejoint Foyer à mi-temps. Notre compagnie contribue au développement du véhicule autonome de l’Université. Il s’agit avant tout d’une activité de Recherche & Développement qui vise deux objectifs. Tout d’abord, grâce aux multiples capteurs qui sont placés sur le véhicule, mieux appréhender les enjeux technologiques et nous permettre d’adapter nos modèles de risque en conséquence (par exemple, quel est le réel impact des systèmes d’aide à la conduite (ADAS) sur la sécurité des usagers). Ensuite, si la technologie est une chose, le facteur culturel et l’adoption de la solution par les personnes en est une autre. Prenons par exemple le cruise control adaptatif qui est un premier facteur d’autonomisation. Plusieurs études montrent que, bien qu’il contribue à la sécurité des usagers, la plupart des conducteurs ne l’utilisent en réalité pas ou même le désactivent.
Nous souhaitons donc accompagner au mieux notre clientèle sur le long chemin de l’autonomisation pour contribuer à la baisse du nombre d’accidents sur nos routes. Après une première phase de test durant laquelle le véhicule ne sera utilisé que par les chercheurs de l’université, nous permettrons à nos clients de l’essayer pour les sensibiliser au sujet et être à l’écoute de leurs besoins.
D’autres projets innovants visant à redéfinir la mobilité sont-ils à l’étude ?
Foyer a lancé en interne son programme de Mobilité Intelligente 2026 : MI6. Au-delà du clin d’œil à l’univers technologique de James Bond – l’agent secret 007 faisant partie du service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni, et bénéficiant à chaque épisode de la saga des derniers gadgets technologiques possibles et imaginables –, cette initiative réunit des services technologiques (IT, Data Studio), légaux, opérationnels et commerciaux pour nous préparer à la mobilité de demain.
Un premier chantier consiste à enrichir notre écosystème en participant à des conférences et en concluant des partenariats publics et privés avec des acteurs innovants de la mobilité. Nous pourrons ainsi mieux accompagner notre clientèle et contribuer à la prévention, par exemple en l’informant de l’évolution de la règlementation et en dispensant quelques conseils pratiques pour un usage plus sûr des trottinettes électriques et engins similaires. Ensuite, la compagnie souhaite adapter ses produits aux nouveaux usages comme la micro-mobilité (monocycles, trottinettes électriques, etc.) ou encore la multimodalité en incluant d’office dans nos produits des garanties qui permettent à nos clients de circuler en toute sérénité et sécurité, quel que soit le moyen de locomotion utilisé.