Au-delà des émissions de CO2 à l’usage, Renault se donne des objectifs sur l’ensemble du cycle de vie de ses véhicules et publie l’empreinte carbone moyenne de ses ventes en 2010 : 32 tonnes de CO2 par véhicule. Explications avec Alice de Brauer, directrice du plan environnement Renault.
"Le développement durable n’est pas une mode. Il est question de la survie de la planète et de notre industrie. C’est une roue qui doit tourner en progrès continu et il est important d’imaginer quels seront les nouveaux objectifs", explique Alice de Brauer, directrice du plan environnement Renault. Après le CO2 à l’usage (et la norme eco2 lancée en 2007), la mesure retenue par Renault est celle de "l’empreinte carbone" qui intègre l’ensemble du cycle de vie de la fabrication au recyclage.Le constructeur a donc fait une analyse du cycle de vie sur toutes ses voitures, y compris Dacia et Samsung, et dans tous les pays pour établir une moyenne unitaire. "Le calcul est un énorme travail et dans les pays en développement, comme la Corée ou en Amérique du Sud, la mesure est un vrai défi", note Alice de Brauer.Cette quantification donne donc 32 tonnes équivalent CO2 par véhicule, dont 71% viennent de son usage (maintenance comprise), tandis que 8% sont liés à la production du carburant (de l’extraction au raffinage et à la distribution). Cet usage étant établi sur une moyenne de 150 000 km, soit 15 000 km sur 10 ans. La production représente 19,5% de l’empreinte carbone moyenne d’un véhicule du groupe Renault qui se décompose en 16% pour les matériaux et la chaîne des fournisseurs, 2% pour la logistique, 1,5% pour la production Renault. Le traitement de la fin de vie représente 1% et le réseau commercial, tertiaire et informatique 0,5%.
Un objectif de réduction de 20% d’ici 2016Dans le cadre du nouveau plan présenté par Carlos Ghosn en février dernier, les objectifs sont de réduire cette empreinte moyenne de 20% d’ici 2016 (sur chaque origine) avec une première étape à -10% entre 2010 et 2013 et -10% entre 2013 et 2016. Pour être tenu cet objectif doit amener la moyenne des émissions de CO2 des ventes de Renault à 100g en 2016, une cible nettement plus ambitieuse que ce que prévoient les textes européens qui fixent l’objectif à 95g pour 2020.Pour agir sur cette empreinte, Renault a mis en place un grand nombre de projets et de partenariats avec, par exemple, un investissement dans un réseau de démolisseurs (Indra), dans une coentreprise pour le recyclage du métal, dans une coentreprise pour la formation à l’écoconduite (KDC). Des actions qui font entrer le constructeur "dans la boucle de l’économie circulaire", note Alice de Brauer.Pour réaliser ces objectifs, Renault a mis en place depuis 5 ans au sein de l’entreprise un management de l’environnement sur la base du cycle de vie. "Ce management permet de développer une voiture avec une remplaçante qui est toujours meilleure que la remplacée sur chacun des cinq impacts que nous suivons (*) et qui est une réalité depuis la Clio 3."
Une analyse du cycle de vie par véhiculeCette analyse du cycle de vie sera désormais publiée pour chaque véhicule (dans une forme qui reste à définir) et Renault se soumettra à une revue critique d’experts (dont les conclusions seront également publiées). "Il est indispensable de faire entrer l’environnement dans les critères de choix des acheteurs", explique Alice de Brauer.Le véhicule électrique dans la gamme Renault a été développé en intégrant cette approche et son empreinte sera très nettement améliorée "dans un rapport de 1 à 2". "Nous serons très vigilants sur la fabrication des batteries", note Alice de Brauer. "Le véhicule électrique est un support qui va permettre de donner de l’appétence au public sur la notion de cycle de vie qui n’est actuellement comprise que par une population très éclairée."Elle se dit persuadée que dans un avenir à moyen terme les Etats intégreront cette notion d’empreinte carbone dans la définition des règlementations et des politiques fiscales."Depuis 2001, chez Renault nous n’avons jamais remis en cause le changement climatique. Quand tous les scientifiques du monde entier disent qu’il y a un problème, on ne peut pas être dans la discussion. La planète ne pourra pas porter le développement automobile comme on l’a connu. Les Etats prendront des mesures et nous parlerons forcément de tonnes de CO2, de cycle de vie et d’empreinte carbone," conclut Alice de Brauer.
(autoactu)