Les derniers mois de la vie de Saab sont un véritable feuilleton à rebondissements. Remarquez, même les meilleurs scénaristes n'auraient été aussi inspirés pour imaginer un tel destin à la marque. Passé à deux doigts de la mort, le suédois s'est vu sauvé in-extrémiste par Spyker, un petit constructeur néerlandais.

Depuis, les présentations s'enchaînent. Mais cela ne parvient pas à lever les doutes qui planent sur Saab. Les rumeurs les plus folles se succèdent. Alors que la firme présentait plusieurs premières mondiales à Genève, certains bruits laissaient supposer que la marque était à deux doigts de déposer le bilan faute d'investisseurs. Une fin tragique qui aurait pu intervenir dans les jours à suivre. Un destin un poil trop tragique, d'autant plus que cette édition 2011 de Genève sonnait comme une véritable renaissance. La marque présentait la variante Estate de sa 9-5 ainsi que la version restylée de la petite 9-3. Une petite mise à jour pour la faire tenir jusqu'à son renouvellement fin 2012. Un remplacement qui est déjà dans toutes les têtes et dont on a eu de nombreux indices en Suisse avec le concept PhoeniX. Quand on est à un moment aussi important de son histoire, on aime bien faire dans le symbolique. Comment ne pas trouver un nom plus emblématique pour annoncer sa renaissance. Le PhoeniX annonce des jours heureux pour le suédois, qui a retrouvé il y a un an son indépendance. Même s'il est vrai que la firme restera encore pour quelques années fortement liée à GM, son ancien propriétaire. Mais la volonté des suédois est d'accélérer le renouvellement des modèles, même ceux récemment lancés, pour ne plus avoir de lien avec les américains. Saab veut tourner définitivement la page et son PhoeniX annonce un nouveau style, né sous le crayon d'un nouveau patron du design, Jason Castriota. La tâche est toutefois ardue, car Saab est une marque où le design est archi codifié. Les derniers modèles sont inspirés par le très réussi concept AeroX, présenté en 2006, et qui avait donné une direction séduisante au dessin des Saab sans renier les codes originaux. Comme ça, le Phoenix pourrait d'ailleurs dérouter les amateurs de Saab, puisqu'il abandonne, surtout au niveau de la poupe, une caractéristique importante des véhicules de la firme : la légèreté ! L'ensemble manque de fluidité à mon goût. Et pourtant. A entendre le discours officiel, le Phoenix s'inspire à fond de l'histoire de Saab, notamment de son passé aéronautique et s'inspirerait aussi de l'Ursaab, premier prototype conçu par les ingénieurs de Saab. Les références se multiplieraient : " le volume conique rappelle la silhouette en goutte d'eau de l'Ursaab, tandis que la poupe tronquée évoque pour sa part la Sonett, premier coupé de la marque. " Jason Castriota parle même d'un design " aéromotionel ". Que retenir alors de cette Phoenix ? Certains nous disent qu'on a devant nous la future face avant de la 9-3. Il est clair qu'elle devrait reprendre cette calandre élargie et ces phares nettement affinés. Le capot bombé devrait aussi être de la partie. Comme on l'a déjà dit, la poupe suscitera plus de débat, avec un dessin un rien chargé. Une bande de diodes fait office de feux. Le PhoeniX est un véritable manifeste. Pas seulement au niveau esthétique, mais aussi à propos de la technique et de la technologie. On apprend ainsi qu'il cache dans ses entrailles un moteur essence 1.6 de 200 ch. Un bloc dont Saab ne précise pas la provenance, mais qui devrait être le moteur THP de l'alliance BMW/PSA. Ce bloc tout aluminium dispose de la distribution variable et de la levée variable des soupapes, de la fonction Start/Stop, d'une limitation des pertes parasites et d'une fonction de coupure de l'arrivée d'essence. Ce bloc est associé à un moteur thermique de 34ch. De quoi permettre le PhoeniX d'être un quatre roues motrices. Accouplé à une boîte manuelle six vitesses, l'ensemble devrait afficher en cycle mixte une consommation de 5,0 l/100 km et un taux de CO2 de 119 g/km, selon les estimations. Le Phoenix est une 2+2, qui n'oublie pas les aspects pratiques. Saab précise bien d'ailleurs que le coffre est doté du système de rail en U pour compartimenter la zone de chargement. L'habitacle montre un style dépouillé, avec une planche de bord réduite à sa plus simple expression, avec en pièce maitresse un module qui accueille le nouveau système Saab IQon, que l'on doit aussi retrouver sur les prochains modèles de la marque. Il s'agit d'une plateforme de communication automobile basée sur le système d'exploitation Android de Google. L'écran tactile permet de lire en continu des contenus audio et d'infodivertissements, de naviguer en ligne, d'écouter de la musique enregistrée à bord et de télécharger des applications à la façon d'un smartphone. En tout cas, avec une telle profession de foi, on a quand du mal à douter de la santé de la marque. Saab est revenu aux affaires et veut que cela se sache.