Aujourd’hui nous avons un système de taxation en fonction du rejet de CO2. C’est facile à comprendre, mais pas forcément logique, nous le verrons dans cet article. Nous avons aussi connu selon les pays: une taxation basée sur les chevaux fiscaux (France) ou en fonction de la cylindrée (Luxembourg avant le CO2) ou encore sur la base des KW (Belgique).
Mais comment devrait-on taxer ce cher automobiliste? Nous nous garderons bien de faire une proposition. Nous allons plutôt indiquer quelques pistes pour que notre Ministre des Finances ne se retrouve pas avec des caisses vides et aussi pour que le Ministre des Transports puisse continuer de rouler en vélo. Il se peut que nous évoquions des pistes osées, mais rappelons-nous que certains pays européens avaient imaginé de lever un impôt sur le nombre des fenêtres, alors pourquoi pas un impôt sur le nombre de roues ou plutôt sur la taille des pneus (largeur et aussi diamètre de la jante) !
Une taxe en fonction des kilomètres parcourus…
Effectivement, la logique serait de taxer l’automobiliste en fonction du nombre de kilomètres parcourus, simple aujourd’hui avec les moyens électroniques et le plus équitable. Et avec ce système nous entrons bien dans une logique pollueur-payeur. Mais quid alors de l’aspect social! En effet, les personnes les moins fortunés sont souvent celles qui habitent le plus loin de leur lieu de travail (le prix du terrain est moins cher à 25 kilomètres de Luxembourg, qu’en périphérie de la capitale). Avec ce système du prix régulé à la pompe, un prix par exemple de 3 Euro le litre par exemple, nous éviterions les travers du système basé avec les rejets de CO2 Avec le système actuel, je paie plus de taxes si je conduis une voiture qui émet 262 g de CO2 et que je conduis 2000 kilomètres par an que le conducteur qui roule 25000km par an avec une voiture qui rejette 130 g de CO2. Aberrant, non! Et pourtant nous l’avons tous accepté
Dust to Dust…
Nous allons encore plus loin dans notre raisonnement, prenons une voiture électrique qui a un rejet de 0 de CO2 au tuyau d’échappement (ah oui, elle n’a pas de tuyau d’échappement). Mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne pollue pas, il faut bien produire l’électricité, produire la voiture et les 400 kilos de batteries. Et surtout recycler les batteries. Il faudrait plutôt que d’accorder des subventions à l’achat d’une voiture électrique chaque, prélever une taxe de plusieurs milliers d’Euro pour la destruction des batteries. Certainement que personne n’aimerait avoir d’ici quelques années devant sa maison la Batteriedeponie. Aux Etats Unis, une étude intitulée «Dust to Dust», traduit littéralement «De la poussière à la poussière» tient compte de l’énergie utilisée, de la matière extraite de la terre et aussi de l’énergie à employer pour détruire ou mieux recycler une voiture. Eh bien, dans cette étude, une Jeep Cherokee fait preuve d’un meilleur bilan écologique qu’une Toyota Prius! Ceci est à méditer Messieurs et Mesdames les écologistes. Et nos amis qui roulent en anciennes voitures adoptent fièrement le slogan « Recycle! Drive a Classic! », oui le classic car même si il consomme certaines fois plus de 20 litres aux cent kilomètres a été produit il y a plus de 30 ans, il a donc un bilan écologique extrêmement favorable pour autant qu’on ne l’utilise pas pour faire le commuting de tous les jours. Au sujet des voitures électriques, relevons que si le parc automobile luxembourgeois arrive d’ici quelques années à une part de 10% du parc automobile, l’Etat devra se poser des questions sur les effets du manque à gagner par rapport à la taxation de l’essence ou du diesel. Les taxes et accises sur l’électricité sont nettement plus basses que sur le carburant fossile.
Une taxation de l’automobile différente…
Nous en arrivons à des solutions de taxation de l’automobile, puisque nous partons du principe que l’Etat veut taxer l’automobiliste, différentes. Nous pourrions imaginer taxer plus fortement la deuxième voiture de la première voiture, c’est déjà le cas avec le parking résidentiel. Nous pourrions aussi imaginer une taxation en fonction de la taille de l’empreinte au sol. Ou encore un système vraiment simple et équitable et qui va dans la direction suivante: plus une voiture est lourde plus elle a dû puiser de la matière dans le sol et plus il faudra dépenser de l’énergie pour la détruire ou la recycler. Il suffirait de remplacer la taxe au CO2 par une taxe au poids. Et d’augmenter cette taxe de façon quasi exponentielle au fur et à mesure qu’une voiture dépasse un certain poids. Ainsi les voitures électriques, qui sont plus lourdes à cause des batteries, seraient plus taxées avec ce système et moins taxées au niveau de leur consommation d’énergie. Oui nous aimons bien ce système de taxation. D’une part, il est simple, il est monocritère comme celui du CO2 et d’autre part il est plus équitable. L’on nous a dit il y a longtemps que les politiciens aimaient le monocritère car il ne donnait pas trop à réfléchir…
Pierre-Yves Augsburger