Lors de la première édition de la Mobility Night, qui a eu lieu le 10 novembre dernier, les participants ont pu assister aux présentations des spécialistes locaux et internationaux d'un secteur en pleine mutation et qui rassemble constructeurs automobiles, startups et transports publics. Les organisateurs avaient notamment convié Patrick Vautier, Directeur Marketing & Innovation de RATP Dev. Cette filiale internationale du Groupe RATP est active dans le secteur de la gestion du transport en commun et/ou public.
"Quand on pense une ville, on ne commence généralement pas par penser par les transports publics. Cette réflexion n'arrive que des années plus tard" débute Patrick Vautier, qui poursuit : "Pourtant, la mobilité est un enjeu crucial pour les startups, les constructeurs, mais surtout pour les villes". Celles-ci doivent en effet être dynamiques et fluides pour attirer de nouvelles populations et continuer à se développer économiquement. Elles doivent également avoir un système de transports publics efficient pour pouvoir accueillir des compétitions sportives d'envergure. La qualité de vie est un élément clé.
Patrick Vautier travaille notamment avec la vile d'Astana, capitale du Kazakhstan, mais également avec l'Arabie Saoudite. Les villes y sont saturées car les transports en commun ne sont pas développés. D'un autre côté le plein d'essence ne coute que 5 dollars. "Comment convaincre les gens d'arrêter de prendre leur voiture et d'investir dans les transports en commun?" s'interroge M. Vautier. Car la demande de mobilité, dans le monde entier, est de plus de en forte : on compte aujourd'hui 7,5 milliards de déplacements par jour dans les villes, et ce scénario ne va faire que continuer. "Cela veut dire que dans certaines villes, le nombre de voitures va tripler. En tant que citoyen, cela va être très compliqué de circuler". Ces enjeux ont été abordés lors de la COP21, puis le seront à nouveau lors de la COP22. Ainsi, le trafic urbain va augmenter de 60% d'ici à 2025. 890 millions de tonnes de pétroles seront consommées par an, on notera une augmentation de 30% des gar à effet de serre pour atteindre les 3 milliards de tonnes par ans…et il y aura 30% de morts sur les routes en ville par an.
Mixer les usages et s'entourer de partenaires
"Les gens se réfèrent toujours à leur voiture, symbole de liberté" souligne Patrick Vautier, car elle semble avoir les meilleurs atouts. C'est la raison pour laquelle les transports classiques ont la nécessité de s’adapter pour être compétitifs face à la voiture particulière : des trajets porte à porte sans obstacle, un accès facile, un confort, etc. Pour Patrick Vautier, l'idée est également de mixer les usages, et ainsi d'avoir un mode de transport plus équilibré pour être en capacité de garder, voire d'améliorer la qualité de vie, et de respecter les citoyens. "Il faut amener de nouvelles solutions de transport, et le faire en collaboration avec d'autres acteurs. La révolution ne pourra se faire seule.
"La mixité des offres de transport fera en sorte que la proposition de valeur en matière de mobilité sera suffisamment intéressantes pour l'ubrain, pour que les utilisateurs aient le réflexe de ne pas forcément prendre leurs voitures individuelles" précise le responsable marketing et innovation. Pour cela, RATP Dev s'intéresse à secteurs prioritaires. La filiale internationale de la RATP mise notamment sur le covoiturage urbain, notamment à travers WayzUp. Il s'agit d'une communauté de conducteurs qui propose à une communauté de passagers de créer des itinéraires communs. "Un domaine clé auquel beaucoup de startups s'intéressent" selon Patrick Vautier. Les Minivans 2.0 forment une ligne de transport virtuelle et flexible. Les horaires sont garantis, mais le système est construit entre les utilisateurs. Si 50 volontaires achètent 10 voyages, un conducteur s'engage à créer une ligne, suit l'itinéraire convenu, etc. Les véhicules autonomes vont également révolutionner la mobilité en ville : sans chauffeur, le passager aura droit à un autre service à bord. RATP Dev s'intéresse également à la Passenger Information, au Big Data et à la Silver Economy. Pour cela, il est nécessaire de s'entourer de partenaires de secteur. "Il faut repérer les startups, investir mais ne pas tuer leurs innovations. Les spécialistes du secteur doivent leur apporter les connaissances marché et les capacités à se développer rapidement" précise le Head of Marketing & Innovation, qui conclut : "il faut que l'envie d'utiliser ces nouveaux systèmes de mobilité soit plus forte que l'envie de prendre son véhicule personnel".
Alexandre Keilmann
Crédits photo : Dominique Gaul